- Le Tour du Haut Var (Massif du Pelat/Massif du Mercantour) - 4 Jours

Publié le 20 juillet 2024 à 20:46

 

Réalisé du 14 au 17 juillet 2024

 

L'été s'installe enfin sur les Alpes et libère des glaces chaque jour un peu plus les cols de haute altitude. Même dans les Alpes du Sud, il a fallu attendre un peu plus longtemps que prévu pour réaliser les premiers itinéraires sur plusieurs jours en haute montagne. Initialement envisagé fin juin, nous avons dû attendre 20 jours supplémentaires pour que les cimes et les cols bas-alpins et maralpins soient praticables sans équipement particulier. Car ce n'est pas parce que l'on se situe près des sources du Var ou du Verdon que les montagnes sont de faibles altitudes et qu'une ambiance provençale afflue sur ces reliefs. Au contraire, dans cette région à cheval entre le département des Alpes de Haute-Provence et celui des Alpes-Maritimes, la barre des 3000m d'altitude peut vite être franchie et la haute montagne n'est jamais bien loin des fonds de vallées.

 

L'aridité n'est pas d'ailleurs pas si présente que cela dans ces montagnes. Bien que les glaciers aient disparu depuis plusieurs décennies dans cette région méridionale des Alpes, des lacs d'origine glaciaire ou non et les torrents sont en nombre. Facilitant ainsi les possibilités d'itinérance dans la zone. Seuls certains versants de montagne pâtissent du manque d'eau mais ils ne concernent pas la majorité d'entre eux. Qui plus est, plusieurs rivières de la région provençale et méditerranéenne prennent leur source dans ces montagnes : c'est le cas du Verdon qui né près du Col d'Allos et du Var qui né près du Col de la Cayolle. C'est ce dernier qui nous intéressera pendant ce tour.

 

Le Var prend donc sa source sous le Col de la Cayolle, aux alentours des 1800m d'altitude, dans le département des Alpes-Maritimes. Il traversera ensuite ce département ainsi qu'une petite partie du département des Alpes de Haute-Provence avant de se jeter dans la Mer Méditerranée 115km plus loin. Contre toute attente, il ne passe aucunement dans le département du Var auquel il a pourtant donné son nom. Pour appréhender ce paradoxe, il faut regarder l'histoire territoriale de la région. Car le département du Var n'a pas toujours eu la superficie qu'il possède jusqu'alors. En 1790, lors de la création des départements français, la rivière du Var forme ainsi la frontière entre le département éponyme et le Comté de Nice, alors appartenant au Royaume de Sardaigne. C'est en 1860, lors du rattachement définitif du Comté de Nice à l'Empire français, qui devient par la même occasion le département des Alpes Maritimes, que la rivière du Var cesse de devenir une frontière administrative. La découpe départementale inclura l'arrondissement de Grasse au nouveau département des Alpes-Maritimes, amputant le département du Var d'une bonne partie de l'arrière-pays provençal et de cette attache à la rivière qui lui donna son nom.

 

C'est pourquoi, durant ces quatre jours d'itinérance, on ne mettra jamais le pied dans le département du Var. On restera fidèlement dans le département des Alpes de Haute Provence et celui des Alpes-Maritimes. Au demeurant, nous prévoyons de débuter ce circuit à la frontière des deux entités administratives, au niveau du Col de la Cayolle perché à 2324m d'altitude. 

Les étapes de ce tour ne sont pas prédéfinies par avance. Le temps, la lumière du jour, le terrain, la fatigue et l'accès à l'eau seront étudiés chaque jour pour l'établissement du bivouac du soir. Ainsi les étapes ci-dessous sont le résultat de l'équation journalière de ces différents paramètres. 

 

Jour 1 : Du Refuge du Col de la Cayolle aux Lacs de Giarlogues.

L'étape en quelques chiffres : 29km / 1810m de D+ / 1600m de D-

 

 

On ne commence pas exactement au Col de la Cayolle, mais légèrement en contrebas côté Alpes de Haute-Provence, près du Refuge du Col de la Cayolle. Des petits parkings permettent de stationner près du refuge et de partir tranquillement arpenter les environs du col. 

Le Col de la Cayolle 2324m fait partie de ces cols alpins traversés par la Route des Grandes Alpes, un itinéraire touristique routier reliant le Léman à la Méditerranée sur plus de 700km. C'est un peu l'équivalent du Gr5 en version véhiculée. Alors qu'initialement, cette liaison routière entre les deux vallées, construite en grande partie entre 1907 et 1914, aura notamment des vocations militaires, bien loin du tourisme de masse dont elle fait l'objet aujourd'hui.

Sur son versant bas-alpin, la route du col remonte la Vallée du Bachelard depuis la ville de Barcelonnette, et de l'autre côté elle dévale la Vallée du Var. Géologiquement, ce col marque aussi la frontière entre le Massif du Pelat et le Massif du Mercantour. 

 

De notre côté, on quitte rapidement le bitume pour les petits sentiers zigzagant dans les alpages et les pierriers en direction du Col de la Petite Cayolle. Les motards et les cyclistes sont remplacés par les nombreuses marmottes et quelques bouquetins.

 

Lac de la Petite Cayolle depuis le col éponyme.

 

On ne commence pas véritablement le Tour du Haut Var à ce moment-là. On se met comme objectif de gravir le point culminant des environs : le Mont Pelat 3051m. Depuis le Col de la Cayolle, le dénivelé n'est pas excessif pour atteindre cette cime, d'autant plus qu'un sentier bien marqué est présent jusqu'au sommet. Il s'agit d'ailleurs d'un des 3000 les plus accessibles des Alpes françaises. 

Depuis le Col de la Cayolle il est indiqué 4h d'ascension. Il suffit de grimper au Col de la Petite Cayolle, de redescendre quelques lacets sur l'autre versant et de s'attaquer à l'assaut final en remontant progressivement les alpages puis les vastes pierriers sommitaux. 

 

Le Mont Pelat depuis le Ravin de la Méouille, aux alentours de 2350m d'altitude.

 

Lors de la montée, le Lac d'Allos apparait vers le Sud. Même les marmottes contemplent ce magnifique paysage.

 

Vers 2700m, on entre dans le royaume du minéral. Monde qui n'est d'ailleurs pas étranger à l'appellation de la montagne.

 

 

Le sentier atteint facilement l'arête Est du Mont Pelat, nous offrant déjà un magnifique panorama de part et d'autre de la montagne. Pour les 100 derniers mètres, il ne faut pas hésiter à se délester de son sac à dos. L'inclinaison augmente sur la pointe sommitale du Pelat mais le sentier est toujours bien indiqué par des traces jaunes et ne présente pas de difficultés particulières, si ce n'est l'appréhension du vide.

 

 

Le sommet du Mont Pelat 3051m n'est orné que d'une maigrichonne croix. Elle ne rivalise aucunement avec l'exceptionnel panorama qui se révèle face à nous. Il ne manquerait que la mer pour que le panorama soit complet. Des Alpes du Nord à la Provence et de l'Italie aux Préalpes, on se pose quelques instants pour analyser ce point de vue. Par temps extrêmement clair, le Mont Blanc au Nord et la Montagne Sainte-Victoire au Sud sont visibles depuis le Mont Pelat.

 

Au Nord-Ouest, on domine une partie du Haut-Verdon, de la Vallée de l'Ubaye et les derniers sommets du Massif du Pelat. On distingue ainsi le Massif des Trois-Evêchés avec notamment son point culminant la Tête de l'Estrop, ainsi que la Grande Séolane dominant la station de Praloup. Un peu plus à droite, le Téton et le Cimet laissent place au Massif du Parpaillon puis en arrière-plan on aperçoit les neiges et glaciers du Massif des Ecrins.

 

Au Nord-Est, on domine le Vallon de la Grande Cayolle. Au loin, on devine (de gauche à droite) le groupe de la Font Sancte, le Mont Viso, le Massif du Chambeyron et les principaux sommets du Mercantour : Mont Ténibre, Mont Argentera, Cime du Gelas, Mont Mounier.

 

La magnifique arête orientale du Pelat, séparant le Vallon de la Grande Cayolle et la Combe du Pelat.

 

Au Sud, on domine le splendide cirque du Lac d'Allos. L'enchainement se poursuit avec la partie méridionale du Massif du Pelat : Grand Coyer, Sommet de la Frema, le Caïras. On voit bien sur cette photo la démarcation entre le Haut Var à gauche du massif et le Haut Verdon à droite. En arrière-plan de chacune des vallées, on aperçoit respectivement la Montagne de Cheiron pour le Haut Var et les monts du Parc Naturel Régional du Verdon pour le Haut Verdon.

 

 

A la descente, pas de choix possible, on reprend le chemin identique à la montée. On s'autorise tout de même un petit crochet vers le Lac du Trou de l'Aigle, unique vestige glaciaire du Pelat. Encore une fois, la faune est au rendez-vous malgré un nombre de randonneurs conséquent.

 

Marmottes et chamois se protègent de la chaleur sur le versant Sud de la montagne.

 

Le Lac du Trou de l'Aigle 2672m est caché dans un cirque 100% minéral. Rempli à ras bord par la fonte des neiges, son niveau diminue au fil de la saison estivale. Son accès n'aboutit pas à un cul-de-sac : sur la gauche on observe une petite sente qui grimpe dans le pierrier jusqu'au Pas de la Grande Barre. De l'autre côté, on peut rejoindre le Vallon de la Grande Cayolle mais l'itinéraire est abrupt et instable.

 

Après cette escapade rafraichissante, on poursuit notre descente, dans les alpages cette fois-ci. On s'apprête à sauter sur le versant opposé en direction du Pas du Lausson. On surplombera ainsi le Lac d'Allos de beaucoup plus près.

 

 

Perché à 2230m, le Lac d'Allos est une référence dans les Alpes du Sud et même dans toutes les Alpes françaises. D'origine glaciaire, il s'agit du plus grand lac naturel d'altitude d'Europe. Il faudra peut être mettre en nuance ce fait avec les grands lacs des Alpes scandinaves, certes de moindre altitude, mais tout aussi montagnards. En quelques chiffres : ce lac est long de près d'un kilomètre et sa profondeur peut atteindre 50m.

 

En nous rendant au Pas du Lausson, on surplombe le Lac d'Allos et son cirque. On s'en échappe par le franchissement du pas et on commence enfin notre Tour du Haut Var. D'autant que depuis le Pas du Lausson, on chute vers sa source, près du hameau d'Estenc au pied du versant maralpin du Col de la Cayolle. L'objectif est de pénétrer dans le Massif du Mercantour en passant de l'autre côté de la vallée.

 

Le Lac du Lausson surplombant le Haut Var. En face, c'est le Mercantour. Quelques sommets peuvent être cités comme la Pointe Côte de l'Ane, le Sommet de Giarlogues, la Cime de Pal, la Roche Grande ou encore la Cime de l'Aspre.

 

 

Deux choix s'offrent à nous pour s'échapper dans le Massif du Mercantour : soit on remonte le Vallon de l'Estrop que l'on aperçoit sur la partie droite de la photo, soit on remonte le vallon menant au Col de la Roche Trouée dont on devine le début camouflé par le mélézin sur la gauche. On choisira la seconde option puisque le Vallon de l'Estrop sera automatiquement traversé en amont lors de l'étape du lendemain.

On quitte les alpages pour entrer dans la forêt de conifères. Malgré la proximité de la route du Col de la Cayolle, on ne l'entend et ne la voit que très peu. Près du Hameau d'Estenc, on l'empruntera tout de même sur quelques mètres pour rejoindre le fond de vallée et passer définitivement dans le Mercantour.

 

Près de la source du Var, entre Mercantour et Pelat.

 

 

Un petit sentier bien entretenu nous amène dans une clairière où trônent deux petites cabanes : les Cabanes de Sanguinière. Quelques mètres après le second baraquement (celle appartenant à l'ONF), on franchit le Ruisseau de Sanguinière puis on commence à s'élever dans le vallon.

La signalétique indique ''circuit de la Roche Trouée''. En effet, comme sur les cartes IGN, il n'y a pas de sentier officiel pour enjamber le Col de la Roche Trouée. Seul un circuit effectuant le tour du vallon est présent et tracé. Les cartes OSM quant à elles, indiquent la présence d'un sentier sur ce col.

 

 

Dans un premier temps nous étions censés installer notre bivouac dans ce vallon. Mais au vu de la rapidité d'ascension, on se dit qu'un bivouac près des Lacs de Giarlogues pourrait être sympathique. D'autant plus qu'au fur et à mesure de la montée, l'eau se fait de plus en plus discrète dans le vallon.

Sous le Col de la Roche Trouée, le sentier fait un demi tour sur l'autre versant du vallon. C'est à ce niveau que des cairns apparaissent dans le pierrier en aval du col. On grimpe donc entre les blocs pour rejoindre le col. La plupart d'entre eux sont stables et les cairns sont bien visibles. Deux lignées de cairns permettent de se rendre vers l'arête. Mais pour rejoindre plus directement le col, il faut suivre celle de droite.

 

 

Au Col de la Roche Trouée 2583m, on est entouré de formes rocheuses quasi géométriques. Et avec une lumière fuyante l'ambiance est à son comble au moment du franchissement du col. Accompagné de quelques bouquetins, on se dirige vers le premier Lac de Giarlogues déjà dans l'ombre des montagnes environnantes.

C'est à ce lac que nous établirons notre premier bivouac de ce Tour du Haut Var. Personne n'a pris place dans les parages. Peut-être à cause du fait qu'aucun sentier sur les cartes IGN ne rejoigne ces lacs et ce col (sauf des traces de ski de randonnée).

Après avoir installé la tente, on observe l'ombre les montagnes arpenter le versant opposé du Vallon de Giarlogues ainsi que les reflets dans le lac.

 

Au centre, on fait face au Sommet de Giarlogues 2761m. A droite, les formes atypiques du Col de la Roche Trouée.

 

Jour 2 : Des Lacs de Giarlogues aux Lacs de Lignin.

L'étape en quelques chiffres : 32km / 1910m de D+ / 2100m de D-

 

Au réveil, le calme est toujours présent sur le Massif du Mercantour. Seules quelques marmottes matinales crient dans le vallon. On contemple une nouvelle fois les nombreux reflets dans le lac avant de débuter la seconde étape de ce Tour du Haut Var.

 

Le Sommet de Giarlogues, la Pointe Côte de l'Ane et Fort Carra se reflètent parfaitement dans les Lacs de Giarlogues.

 

Ces lacs sont au nombre de trois. Comme un escalier géant, chaque lac est situé sur une marche entre 2500 et 2400m d'altitude. On reliera ces trois lacs puis au niveau du dernier on partira vers l'Ouest en essayant de rejoindre le sentier principal dans le vallon tout en perdant le moins de dénivelé possible. En effet, une fois dans le vallon on remontera le sentier en direction du Col de Giarlogues, point haut du Vallon de l'Estrop.

Dans le vallon, il s'agit du Gr52 reliant Entraunes dans le Haut Var à Menton sur la Côte d'Azur. Il est souvent qualifié de Grande Traversée du Mercantour puisqu'il suit fidèlement la chaine de montagne sur plus de 200km, en passant parfois même côté italien.

 

L'ultime Lac de Giarlogues avec (de gauche à droite) : la Cime de Bolofré 2827m, la Pointe de l'Escaillon 2740m et le Rocher du Pigeon 2743m. Le Col de Giarlogues où nous nous rendons se situe à droite de ce dernier sommet.

 

La partie septentrionale du Massif du Mercantour. Le sommet principal que l'on observe au centre gauche correspond à la Tête de l'Enchastraye 2954m. Pile au centre, on devine la silhouette du géant des Alpes du Sud : le Mont Viso 3841m. 

En franchissant le Col de la Roche Trouée, on ne se situe plus sur le versant varois du Mercantour, nous avons basculer du côté de la Vallée de la Tinée.

 

Sous le dernier Lac de Giarlogues, on atterrit dans l'Alpage de Privola. Quelques lacs parsèment la zone.

 

Depuis le Col de Giarlogues 2519m, on a une vue d'ensemble sur l'aval du vallon et les principaux sommets l'entourant, notamment le Sommet de Giarlogues, la Pointe Côte de l'Ane et Fort Carra sur la partie gauche. A droite, le Lac de Privola.

 

Au col, on surplombe le Vallon de l'Estrop, la seconde option qui s'offrait à nous la veille pour passer dans le Massif du Mercantour. On ne redescendra tout de même pas par ce vallon. On se contentera de le dominer en reliant le Col de Giarlogues à la Baisse de la Boulière située à quelques dizaines de minutes de marche du col où nous nous trouvons. 

 

Le Vallon de l'Estrop d'où l'on devine quelques-uns de ses lacs. Au fond, le Mont Pelat.

 

Au passage de la Baisse de la Boulière 2629m, quelques bouquetins peuplent les lieux. Après quelques sifflements, ils partent tranquillement se réfugier sur les hauteurs du sentier.

A partir de maintenant, c'est une longue descente qui nous attend pour rejoindre le fond de vallée près de 1600m plus bas. Deux cols devront être franchis mais sans grosses ascensions. Tout au long de la descente, on sera accompagné de la faune locale : bouquetin, chamois, marmotte, cerf, chevreuil, vautour. Le Massif du Mercantour a toujours su nous impressionner avec cette densité faunistique.

 

L'appellation ''baisse'' (''baissa'' en Occitan) est souvent utilisée pour désigner un col. Il s'agit du lieu où s'abaisse la montagne pour permettre le passage. On retrouve surtout ce dénominatif dans le Sud de l'Arc Alpin.

 

A gauche la Cime de la Pal 2818m, à droite la Tête de la Boulière 2708m et au centre la Cime de l'Aspre 2471m.

 

On fait face au Sud du Massif du Pelat. On devine notamment le Grand Coyer, le Caïras, la Sommet de la Frema, le Col des Champs et la Tête de l'Encombrette.

 

 

 

 

 

On chute de la Baisse de la Boulière en direction du col séparant la Cime de Pal de la Cime de l'Aspre. Sur les cartes IGN, le sentier est en pointillé entre les deux cols, sous entendant que le passage serait délicat. Or, en été et par temps sec il ne l'est aucunement. 

 

Vers 2300m, des tâches orangées dans l'alpage attirent l'oeil. Plusieurs cerfs se reposent sur le replat. Et malgré notre discrétion à chaque pas, ils nous repéreront quelques minutes plus tard. En s'enfuyant dans les premiers sous-bois, ce n'est pas moins d'une trentaine de cerfs que l'on apercevra au loin. 

Par la suite, la faune locale laissera place aux ovins et aux patous au moment de franchir le Col des Trente Souches. Par chance, le berger est présent afin de calmer les molosses lors de notre passage.

Une fois le Col des Trente Souches passé, la descente vers le fond de vallée se stabilise sur quelques kilomètres le temps de contourner la Cime de l'Aspre. On divague ainsi entre 2000 et 2100m jusqu'à surplomber directement la Vallée du Var au niveau du Pas de Trotte.

Quelques chamois détalent devant la Cime de l'Aspre.

 

Au-dessus du Col des Trente Souches 2017m. On contournera la Cime de l'Aspre par un sentier en balcons sur la gauche de la montagne (versant Sud).

 

Près du Col des Trente Souches, la Cime de la Pal 2818m domine le paysage à l'Est.

 

Une traversée en balcons très champêtre. On arpente des alpages bourrés de fleurs avec notamment le reine des Alpes : l'Edelweiss.

 

Au niveau du Pas de Trotte 2119m, on s'apprête à plonger vers le fond de vallée situé 1000m plus bas. On profite quelques instants de la vue sur le Massif du Mercantour et notamment la Cime de Pal et la Cime de l'Aspre. D'ailleurs, une étrange structure attire l'oeil sur l'arête sommitale de la Cime de l'Aspre.

Ce baraquement nous rappelle les bivouacs italiens mais il s'agit en réalité d'un ancien observatoire du CNRS. En effet, dans les années 1970, le CNRS recherche un site d'observation du ciel. Loin des grandes agglomérations et sans pollution lumineuse importante, cette région du Sud-Est de la France voit pousser quelques cabanes sur des plateaux ou des sommets : Plateau de Calerne, Pic de Château Renard, Mont Chiran, Cime de l'Aspre etc... Finalement le site de la Cime de l'Aspre ne sera pas retenu et la Cabane des Astronomes sera détruite par une tempête dans les années 1980. En 2010, le Conseil général des Alpes-Maritimes décide de procéder à la reconstruction de cet abri et de le mettre à la disposition des randonneurs. Et bien qu'en parfait état, la Cabane de l'Aspre ne dispose pas de couchages équipés, ni de source à proximité. Il faut donc anticiper cela mais le point de vue et l'ambiance au sommet doivent être exceptionnels. A faire !

 

 

 

 

Au fur et à mesure de la descente la chaleur s'intensifie. Même le sous-bois ne fait plus office de coin de fraicheur au moment d'atteindre le talweg du Var. 

D'ailleurs la végétation se modifie également plus on perd de l'altitude. On débute sous les mélèzes puis les pins sylvestres viennent les remplacer. Les fleurs alpines se font de moins en moins nombreuses même si de nouvelles espèces apparaissent à l'instar de ces Catananches Bleues, endémiques du pourtour méditerranéen.

 

On franchit le Var à l'entrée de la petite commune de Saint-Martin d'Entraunes. Malgré une chaleur étouffante, l'eau coule à flots dans le fond de vallée. On repart aussitôt dans le versant opposé en remontant une petite sente en forêt entre le Ravin du Mounard et le Ravin de Trinquier dans l'objectif de relier le hameau de Sussis. On quitte ainsi le Mercantour pour repasser dans le Massif du Pelat.

La nébulosité se développe également au-dessus des Alpes du Sud, sans pour autant être menaçante. Heureusement car l'ascension qui vient s'apprête à être rude et exposée. En effet, une des seules portes d'entrée à cette partie du Massif du Pelat se situe au niveau du Pas Roubinous perché 1300m au-dessus de Saint-Martin d'Entraunes. Sur la fin de l'ascension, les cartes IGN indiquent un passage délicat. Nous verrons bien ce qu'il en est au moment de le franchir. De plus, même si le sentier est bel et bien tracé sur les cartes topographiques, sur le terrain il faut être attentif car la végétation des alpages et du sous-bois peuvent prendre le pas sur le sentier. Des traces jaunes aident à repérer le sentier durant l'ascension. 

Au petit hameau de Sussis, une fontaine permet de se ravitailler en eau. Il faut bien faire le plein car durant la montée, aucune source n'est présente en saison estivale.

 

Depuis le Hameau de Sussis, on fait face au versant descendu plus tôt dans la journée. On reconnait d'ailleurs la Cime de l'Aspre.

 

 

Après une partie en forêt, on atteint brièvement les alpages puis les ravines. On les traverse une par une en faisant détaler un nombre incalculable de chamois. Aux alentours des 2000m d'altitude, le sentier s'incline davantage et part véritablement à l'assaut du Pas Roubinous. On ne met que très rarement les mains mais la pente est soutenue tout au long de l'ascension. Il semble d'ailleurs préférable de monter que de descendre par ce sentier. 

Le panorama s'agrandît au fur et à mesure de l'ascension malgré une nébulosité grandissante. Les Aiguilles de Pelens 2523m s'érigent au Nord. 

 

 

 

On termine l'ascension du Pas Roubinous 2308m en fin d'après midi. Mais la randonnée n'est pourtant pas finie. De l'autre côté du pas, on domine le Ravin des Pasqueires qui, contrairement à son nom, n'est hostile à l'établissement d'un bivouac. A l'inverse, de nombreux replats herbeux pourraient être accueillants. Cependant, l'eau semble totalement absente de ce vallon. On n'élimine donc cette option.

Il faut poursuivre vers le Lacs de Lignin. Pour cela, nous devons continuer de grimper pour passer la ligne de crête qui sépare le Ravin de Pasqueires du plateau des lacs. Pas d'autre choix que de monter une nouvelle fois en direction du Puy du Pas Roubinous 2516m par l'arête le séparant du pas éponyme. Quoique, au lieu d'aller jusqu'à sa cime, on coupera à niveau pour rejoindre le collet sur la gauche. 

Le Ravin de Pasqueires suivi du Vallon de Fouès. Sur la partie gauche on devine le Mont Saint-Honorat 2520m dont la cime est ombragée.

 

Une fois sur l'arête, l'ambiance est un peu plus instable sur la partie Nord du Massif du Pelat. Les principaux sommets du massif s'élancent vers le Mont Pelat présent tout au fond au centre : la Cougnasse, le Caïras, les Aiguilles de Pelens, le Sommet de la Frema poursuivent l'arête face à nous.

 

 

Plus à l'Ouest, le vaste plateau des Lacs de Lignin 2280m s'étale jusqu'au Grand Coyer 2693m au centre. Il nous faut maintenant descendre ce pierrier pour mettre pied sur le plateau. On devine quelques zones humides depuis la crête sans avoir à nous rendre près des Lacs de Lignin aujourd'hui pour l'établissement du bivouac. Il n'y a pas de sentier sur cette partie de l'itinéraire, on descend à vue et sans difficulté.

Une fois sur le plateau, la première étendue d'eau est en réalité totalement à sec, comme la plupart du reste du plateau. Les lits des ruisseaux le sont tout autant ce qui nous oblige à nous rendre vers les principaux lacs du plateau. Le lac principal, bordé par la Cabane Pastorale de Lignin est occupé par le troupeau de moutons et les patous. Il ne nous reste plus que les lacs présents en aval du Grand Coyer. 

 

Malgré un lac à moitié vide dont la source semble s'être tarie, la gourde filtrante sera mis à disposition pour s'hydrater et se nourrir. On établit donc le bivouac près du lac, sur l'un des nombreux replats herbeux qui le bordent et à l'écart des patous que l'on entend aboyer au loin. On profitera des Lacs de Lignin le lendemain au réveil.

 

Jour 3 : Des Lacs de Lignin aux Cascades du Cimet.

L'étape en quelques chiffres : 39,3km / 1630m de D+ / 1880 de D-

 

Au petit matin, les nuages ont quasiment tous disparus au-dessus du Grand Coyer et des Lacs de Lignin. Après le petit déjeuner on part explorer les différents lacs du plateau, notamment le principal Lac de Lignin situé près du col éponyme. En effet, mis à part ce lac, les autres lacs satellites ont tendance à s'assécher au fil de la saison estivale. 

 

 

Les Lacs de Lignin 2280m sont perchés au milieu d'un cadre montagnard splendide : encadré par le Rocher du Carton et le Grand Coyer, le dépaysement est garanti à toute saison. Près du lac principal, la Cabane Pastorale des Lacs de Lignin est mise à la disposition des randonneurs de passage hors période d'estive. Ce qui pourrait permettre, par exemple, de diviser en deux une ascension automnale ou printanière du Grand Coyer.

 

 

Pour la suite de la journée, on s'extirpera du plateau des Lacs de Lignin en descendant dans le Vallon de Bressenge, sorte de d'immense canyon en plein coeur du massif. On retrouve par la même occasion un torrent actif s'écoulant depuis le Ravin du Carton. Le but de cette traversée est de contourner une partie de ce sous massif afin de rejoindre les environs du Col des Champs et poursuivre notre route vers le Nord. Ainsi la dénivellation ne sera pas forcément importante sur cette portion contrairement à la distance.

 

 

 

On dévalera le Ravin de Bressenge jusqu'à la Cabane des Juges. Un peu avant cette habitation et au lieu de poursuivre notre descente en direction de Colmars, le village présent en fonde de vallée, on poursuit globalement à niveau grâce à un sentier en balcons au-dessus des barres rocheuses des Baussées. 

Ce sentier nous permettra de rejoindre quelques kilomètres plus loin la route du Col des Champs et continuer plus au Nord, vers le secteur de l'Encombrette. 

Tout au long de ce sentier, plusieurs belvédères permettront une vue d'ensemble sur le Haut-Verdon.

Sur la gauche, le Ravin de Bressenge que nous avons traversé.

 

De l'autre côté du Verdon s'élève le Massif des Trois-Evêchés, on aperçoit ainsi le Mourre Frey 2286m avec sa roche blanche caractéristique sur la partie gauche de la photo. En fond de vallée, on devine les premières habitations de Colmars.

 

Au Nord, le Haut-Verdon poursuit sa route en séparant le Massif des Trois-Evêchés et du Pelat. On devine cette fois-ci le village d'Allos au centre de la photo surplombé par le Grand Cheval de Bois 2838m.

 

On met pied finalement sur la route du Col des Champs. On foule quelques centaines de mètres l'asphalte avant de repartir dans le sous-bois. On ne tardera pas à emprunter le GrP du Tour du Haut Verdon, un ensemble de sentier quadrillant les massifs du Haut-Verdon et regroupant au total près de 216km de sentiers dans et autour de cette vallée.

Dans un premier temps, nous plongerons dans le Ravin de Clignon pour franchir le torrent puis on remonte progressivement le Vallon de l'Eichanet en direction des Lacs et du Col de l'Encombrette.

 

 

L'ascension du Col de l'Encombrette est assez calme dans un premier temps puisque l'on grimpe doucement dans la forêt puis dans les alpages bordés par le Rio. A la fin des alpages, on franchit le verrou du vallon par un sentier zigzagant sur des pentes abruptes puis taillé dans la paroi. Il s'agit du Pas de l'Echelle. Après ce passage, on arrive rapidement aux Lacs de l'Encombrette et aux meutes de marmottes qui peuplent les environs.

 

Le sentier du Pas de l'Echelle.

 

 

Voici donc le paysage que les parois tentaient de préserver. Un vaste alpage agrémenté de lacs et dominé par la Tête de l'Encombrette 2681m. 

Un peu avant le lac, une cabane est placée en amont de celui-ci. En dehors des périodes d'estive, cette dernière est accessible aux randonneurs de passage afin de profiter pleinement de ce cadre bucolique et pourquoi pas, partir à l'assaut de la Tête de l'Encombrette. D'autant plus que la problématique de l'eau ne se pose pas. Il faudra juste faire attention au Pas de l'Echelle et au Col de l'Encombrette si le sol est enneigé. 

 

Après une pause bien méritée près de la Cabane de l'Encombrette, on s'apprête à poursuivre notre course vers le col éponyme perché 200m plus haut. De quoi nous permettre de surplomber ce magnifique Vallon de l'Encombrette. 

 

On finit par apercevoir le second Lac de l'Encombrette.

 

De l'autre côté du Col de l'Encombrette 2527m, le paysage est tout aussi grandiose avec une vue à couper le souffle sur le Lac d'Allos et le Mont Pelat. On va maintenant se diriger vers le pied du Mont Pelat et pourquoi pas envisager notre bivouac du jour dans un vallon bordant le point culminant du massif.  On ne fera ainsi que passer près du Lac d'Allos sans le longer directement et sans bivouaquer près de ses rives pour trouver un coin plus tranquille et moins couru. 

On dévale donc l'alpage sous le Col de l'Encombrette avec comme objectif de relier le point de départ de la randonnée du Lac d'Allos, au niveau de la Maison Forestière du Laus.

 

Zoom sur le Mont Pelat 3051m, le Trou de l'Aigle 2961m et le Sommet des Garrets 2811m.

 

Les tours du Lac d'Allos (de gauche à droite) : la Montagne de l'Avalanche, la Tête du Lac, la Tour Orientale (ou Tour Plate), la Tour Noire (ou Tour Carrée), le Sabot, la Grande Tour et la Petite Tour.

 

 

Près de la Maison Forestière du Laus, on laisse de côté la route descendant en direction du village d'Allos pour bifurquer sur un petit sentier dont le point de départ est indiqué par un tout petit cairn composé de seulement deux cailloux. 

Bien que mentionné par les cartes IGN, ce sentier n'est pas très évident. Par moment emporté par des ravines, à d'autres envahi par la végétation, quelques marques blanches sur les troncs d'arbre permettent de suivre plus facilement son cheminement. 

L'avantage de ce marquage vieillissant est l'absence totale de bipèdes sur ce sentier. Au contraire, on marche en compagnie des chamois.

En franchissant le Ravin du Pelat, deux énormes ombres viennent survoler le sentier. On pense dans un premier temps à des parapentistes tellement l'ombre est grande. Il s'agit finalement du plus grand rapace alpin : le Gypaète Barbu. Deux spécimens virevoltent quelques instants au-dessus de nos têtes. Ces charognards viennent s'assurer que nous sommes bel et bien vivants.

 

 

On atteint vers 17h l'alpage du Vallonnet où trône une nouvelle fois une cabane gérée par l'ONF mais ouverte cette fois-ci. Le Mont Pelat et le Téton à droite et au centre nous surplombent avec leurs barres rocheuses et leurs pierriers abrupts.

Finalement le terrain n'est pas si plat dans le vallon et près de la cabane il n'y a pas d'eau directement accessible. Mais en réalité, ce n'est pas ça qui nous convainc de poursuivre notre route, malgré l'heure qui file. En effet, le sentier est si discret que l'on préfère continuer pour voir ce qu'il en est plus loin. Notamment parce que d'après notre tracé, nous sommes censés parcourir en balcons un sentier sur un peu plus de 5km, contournant ainsi la Tête du Vallonnet, et qui semble passer dans des zones un peu plus vertigineuses que ce que nous venons d'effectuer. 

On veut donc en avoir le coeur net, anticiper un demi tour potentiel et ne pas galérer de bon matin le lendemain. Par conséquent, on grimpe les quelques lacets jusqu'à la Baisse du Vallonet, point de départ du sentier en balcons.

 

Magnifique point de vue sur le Mont Pelat et les Tours du Lac d'Allos près de la Baisse du Vallonet.

 

Depuis la Baisse du Vallonet 2458m, on devine le sentier reliant la Baisse de Prachastel que l'on aperçoit au centre-gauche.

 

Casse-gueule, ce sera le maître-mot de ces prochains kilomètres. Bien visible sur le papier et de loin sur le terrain, le sentier est dans un état catastrophique : laminé dans les ravines et les couloirs d'avalanches, envahi par la végétation dans sa partie forestière. Le sentier semble abandonné depuis de nombreuses années. Peut-être à cause de ses nombreuses traversées de ravins.

Depuis la Baisse du Vallonet, on hésite dans un premier temps puis on se décide à voir au fur et à mesure de notre progression si un demi tour est obligatoire. Un bon équilibre, de bonnes chaussures et des bâtons sont obligatoires pour cette traversée en balcons. Dans les parties les plus schisteuses on en est à s'aider des traces des chamois pour trouver des appuis. Il faut d'ailleurs prêter attention dans les portions les plus sujettes aux chutes de pierres à ce qu'un troupeau de caprinés ne viennent pas bousculer quelques blocs en amont du sentier.

Doucement mais sûrement on relie la Baisse de Prachastel. A ce moment-là on se dit qu'on a passé le passage délicat et que l'arrivée dans la forêt adoucira la suite du parcours. Que nenni ! Il y a encore pas moins de cinq ravins à franchir avant d'atterrir dans le fond du Vallon de Bouchiers, notre objectif pour la soirée.

Les montées d'adrénaline succèdent aux moments de soulagement à chaque fois que l'on finit un passage délicat. On ne se précipite pas, on maîtrise chacun de nos pas, quitte à faire nos propres traces, comme si nous traversions un névé totalement vierge. On ne fera d'ailleurs presque pas de photos dans ces passages tant nous étions concentrés mais aussi pressés d'en terminer.

L'unique avantage de ce sentier, c'est la quantité impressionnante de chamois sur ces pentes. Parfois seul ou en groupe, on fera détaler des dizaines de chamois sur cette portion.

 

 

On atteint heureusement le torrent du fond de vallée sur les coups des 19h, les cuissots chauffés à bloc par ces kilomètres de dévers instables. Si c'était à refaire nous ne repassions aucunement par ce ''sentier''. Il est d'ailleurs étonnant voire dangereux que ce sentier soit encore indiqué sur les cartes IGN et OSM.  Et aucune indication, que ce soit vers le Parking d'Allos ou la Cabane du Vallonet ne fait mention de l'état désastreux de ce sentier. 

Même si cette portion a l'avantage ne pas nous faire perdre trop de dénivelés entre le Lac d'Allos et le Vallon de Bouchiers, il vaudrait mieux envisager de poursuivre le Gr après le Parking d'Allos jusqu'au Hameau du Brec Haut et de basculer dans le Vallon de Bouchiers en amont de ces habitations. Si une randonnée est prévue en direction de la Baisse du Vallonet, cela est tout à fait possible. Mais il est préférable de l'effectuer en aller-retour.

 

Après cette stimulante traversée, on met pied sur un sentier beaucoup plus praticable : le Gr56 du Tour de l'Ubaye (on est également sur le GrP du Tour du Haut-Verdon). On commence déjà à remonter le Vallon de Bouchiers pour trouver un coin bivouac. Et c'est d'ailleurs sous les Cascades du Cimet, à environ 2000m d'altitude, que nous installerons notre tente. Non loin du sentier et du Torrent de Bouchiers qui casse légèrement le silence des lieux.

 

Les Cascades du Cimet et la Barre Noire depuis le bivouac.

 

Jour 4 : Des Cascades du Cimet au Refuge du Col de la Cayolle.

L'étape en quelques chiffres : 14,9km / 1050m de D+ / 800m de D-

 

Dernière journée de ce Tour du Haut Var. Après la longue et exténuante étape de la veille, on débute la plus petite du tour. Cette relative faible distance nous permettra également de partir à l'assaut d'un 3000 du coin : le Cimet 3020m.

Mais dans un premier il nous faut grimper la totalité du Vallon de Bouchiers jusqu'au Petit Col de Talon. Sans difficulté, on s'élève sur le Gr, on passe aux abords des Cascades du Cimet puis le vrombissement du torrent s'estompe une fois ressaut franchi.

 

Alors que l'aval des Cascades du Cimet est encore dans la pénombre, le Grand Cheval de Bois 2838m scintille dans la lumière matinale.

 

Mis à part quelques bancs de nuages élevés, on bénéficie d'une visibilité limpide ce matin-là. Sur la photo du dessus on aperçoit (de gauche à droite) : la Tête de l'Estrop, le Grand Cheval de Bois, la Grande Séolane, la Petite Séolane et tout au fond à droite au soleil il s'agit du Massif du Dévoluy dont on reconnaitra la Grande Tête de l'Obiou ainsi que le Grand Ferrand.

 

 

 

 

Vers 2500m, le sentier s'aplanit légèrement. On retrouve par la même occasion quelques alpages comblant le bas des pierriers où paissent quelques marmottes et quelques chamois. 

On aperçoit au loin le Petit Col de Talon, mais avant ça, nous passerons aux abords du Lac du Cimet, caché dans le fond du vallon.

Sous les imposantes falaises du Téton 2969m, le petit Lac du Cimet sort de sa torpeur et fait briller son bleu glaciaire sous les premiers rayons du soleil. La source du lac est souterraine et avec l'absence totale de vent, le silence envahit les lieux et nous incite à contempler les quelques reflets sur les eaux du lac.

 

 

Vers 9h30, on atteint le Petit Col de Talon 2678m. Et bien que la direction du Cimet ne soit pas indiquée par la signalétique, on devine une sente partir vers l'arête de la montagne, dont on ne voit pas la cime soit dit en passant. 

Vu qu'il s'agit d'un aller-retour, on se déleste de quelques affaires que l'on cachera dans le pierrier avant de s'attaquer à l'ultime ascension. C'est un crochet de 4km (aller-retour) et d'un peu plus de 300m de dénivelés positifs qui nous attend depuis le col. Le sentier d'accès au Cimet ne présente pas de difficultés. Il est bien visible et quelques cairns sont présents sur les parties les plus inclinées. Il suffit d'ailleurs de suivre grosso modo le fil de l'arête Sud du Cimet.

 

Sur l'arête Sud du Cimet, avec le sommet en ligne de mire. Rien que sur la crête, le panorama est sensationnel.

 

Il est 10h20, et nous atteignons le cairn sommital du Cimet 3020m. Comme pour le Mont Pelat, le 360 est exceptionnel sur les Alpes du Sud et une partie des Alpes du Nord. Du Mont Ventoux au Mont Viso et du Mont Argentera aux Glaciers de la Vanoise, on est entouré par un horizon de montagnes.

 

De Fort Carra au Parc Naturel Régional du Verdon en passant par la Pointe Côte de l'Ane, le Mont Mounier, la Cime de Pal, le Trou de l'Aigle, le Mont Pelat et le Téton.

 

Des Glaciers de la Vanoise à la Cime de la Bonette en passant par la Grande Casse, le Pic des Houerts, la Mortice, les Pics de la Font Sancte, la Tête de Siguret, l'Aiguille de Chambeyron, le Brec de Chambeyron, la Tête de Sautron, le Visolotto , le Mont Viso, la Tête de Moïse et la Tête de l'Enchastraye.

 

Des Préalpes de Digne au Massif du Parpaillon en passant par le Mourre Frey, le Sommet de Denjuan, le Mourre de Simance, le Sommet du Caduc, le Mont Ventoux, la Tête de l'Estrop, le Grand Cheval de Bois, la Grande Séolane, la Petite Séolane, le Massif du Dévoluy et le Pain de Sucre.

 

Du Massif du Dévoluy au Mont Viso en passant par quelques géants des Ecrins (Vieux Chaillol, Sirac, Ailefroide, Pic Sans Nom, Pelvoux), le Grand Bérard, quelques géants de la Vanoise (Dôme de Péclet-Polset, Glaciers de la Vanoise, Dent Parrachée, Grande Casse), le groupe des Pics de la Font Sancte et le Massif du Chambeyron.

Entre les montagnes au premier plan et celles au second, il s'agit de la Vallée de l'Ubaye.

 

Côté Mercantour, on devine la Vallée de la Tinée entre les montagnes du premier et celles du second plan. On peut noter la présence du Mont Ténibre, du Corborant, du Mont Argentera, de la Cime du Gelas, de Fort Carra, de la Pointe Côte de l'Ane, du Mont Mounier et de la Cime de Pal.

 

Il ne nous reste plus qu'à dévaler les 800m de dénivelés négatifs qui nous séparent du Refuge du Col de la Cayolle. Pour cela, on reprend le sentier d'arêtes entre le Cimet et le Petit Col de Talon. Une fois au col, on descendra dans le Vallon de la Grande Cayolle pour rejoindre la route du Col de la Cayolle.

 

Le Vallon de la Grande Cayolle depuis le Petit Col de Talon.

 

Au fond du Vallon de la Grande Cayolle, on se sent tout petit face aux géants du coin : la Grande Barre, le Trou de l'Aigle et le Mont Pelat. Au centre, on retrouve le Pas de la Grande Barre qui peut permettre de passer sur l'autre versant du Mont Pelat.

 

Pour éviter de mettre pied sur la route du Col de la Cayolle, au niveau de la Cabane Pastorale de la Grande Cayolle, un sentier permet de contourner la Grande Barre et de relier ainsi le Vallon de la Petite Cayolle.

Et c'est finalement vers 13h de l'après-midi que l'on atteint le Refuge du Col de la Cayolle en mettant ainsi un terme à ce Tour du Haut Var.

 

Arrivée sur le Refuge du Col de la Cayolle. A droite, on aperçoit le Col de la Petite Cayolle. C'est le premier col que nous avons passé au début de l'aventure.

 

Ce Tour du Haut Var était sauvage et dynamique. Sauvage d'abord parce que mis à part les alentours du Lac d'Allos, facilement accessibles par voie routière, il n'y avait pas foule sur les sentiers du Massif du Mercantour et du Pelat, même sur les gros Gr. Lors des bivouacs nous étions toujours seuls ou accompagnés des chamois et marmottes du coin. Dynamique ensuite parce que 115km effectués sur 4 jours de marche, les guiboles l'ont bien senties. Mais pour accéder aux zones de bivouac escomptées et au vu de la longueur des journées, nous pouvions aisément marché de 7h du matin jusqu'à 19h le soir sans avoir à se soucier de la luminosité et tout en profitant pleinement du cadre montagnard qui nous entourait. D'autant plus que jamais le temps n'a viré à l'orage en fin de journée.

Tout ça pour dire que pour le Nord-Alpin que je suis, cette escapade dans les Alpes du Sud nous a permis de découvrir des coins que nous ne connaissions que très peu voire pas du tout. Et des coins qui plus est qui ne sont pas très fréquentés à en voir l'état des sentiers qui sont parfois assez discrets car envahis par la végétation. C'est d'ailleurs un point que j'aimerai soulevé sur cette zone montagneuse : même lorsque les sentiers sont bien indiqués par les cartes topographiques, dès que l'on sort des sentiers de grandes randonnées, la signalétique et l'entretien des sentiers laissent à désirer. Et je ne parle que du sentier escarpé reliant le Parking du Lac d'Allos au Vallon de Bouchiers.

Enfin, au vu de la distance et du dénivelé effectués, il est bien entendu possible de subdiviser ce Tour du Haut Var avec des étapes plus courtes ou des étapes rajoutant d'autres sommets : Montagne de l'Avalanche, Pointe Côte de l'Ane, Cime de Pal, Cime de l'Aspre, Grand Coyer, Tête de l'Encombrette, Petite Aiguille, Grand Cheval de Bois. De nombreux sommets périphériques à ce circuit sont accessibles en randonnée et permettent des points de vue plus globaux sur la région.

Dans tous les cas, même si sa célébrité aide, ne vous contentez pas des environs du Lac d'Allos. D'autres recoins de montagne sauront vous épater par des paysages uniques et sauvages mais encore faut-il savoir laisser sa voiture un peu plus bas qu'aux grands cols routiers.

 


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

Information complémentaire : sentier déconseillé entre le Point 23 et le Point 25 de la trace ci-dessus.

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