- Le Tour du Mont Blanc par les variantes alpines (Massif du Mont Blanc/Massif des Alpes Grées/Massif des Alpes Pennines/Massif du Giffre/Massif des Aiguilles Rouges) - 7 Jours

Publié le 21 septembre 2024 à 12:27

Réalisé du 14 au 20 septembre 2024.

 

Le Tour du Mont Blanc est probablement l'un des treks les plus connus de France et peut-être même d'Europe. Ce ne sont pas moins de 25 000 randonneurs qui arpentent chaque saison estivale ses 170km de sentiers et ses 11 000m de dénivelés positifs. Situé sur trois pays limitrophes (France, Italie, Suisse), le Tour du Mont Blanc (- TMB) a vu le jour au début des années 1950 et sa célébrité n'a cessé de croitre tant par l'attraction du toit de l'Europe que par ses paysages de haute montagne mais aussi grâce à un parcours traditionnel relativement praticable par le plus grand nombre. 

Le TMB, avec le Tour de l'Oisans et des Ecrins et celui de la Vanoise, fait partie de la trilogie des grands tours alpins des Alpes Françaises. Loin d'être le plus compliqué, son important réseau de refuges peut permettre une adaptation du parcours du début jusqu'à la fin. Ainsi, la plupart des randonneurs réalise le TMB entre 7 et 10 jours. De même, plusieurs localités peuvent servir de point de départ pour l'aventure et cela influencera de facto les étapes autour du Massif du Mont Blanc.

En France, on démarre classiquement des Houches ou des Contamines-Montjoie, même si le hameau des Chapieux, Vallorcine ou encore Saint-Gervais peuvent servir de point de départ alternatif. En Italie, c'est Courmayeur qui s'impose alors qu'en Suisse de petits villages sont présents sur le trajet du TMB à l'instar de La Fouly, de Champex-Lac ou encore de Trient.

 

Au-delà du point de départ, les étapes peuvent également être modifiées. Il n'y a pas un TMB mais des TMB. Même si un parcours principal se dessine, de nombreuses variantes jalonnent le circuit. On parle d'ailleurs de ''variantes alpines'' car elles surplombent la plupart du temps le sentier classique du TMB. En offrant des points de vue plus grandioses et une plus faible fréquentation, ces variantes peuvent s'avérer être de magnifiques alternatives à un TMB classique. D'autant que le TMB a la réputation de globalement longer les vallées adjacentes au massif et ce malgré le franchissement de quelques cols, notamment frontaliers. Les variantes permettent de rester plus longtemps dans un environnement de haute montagne, évitant ainsi plus sensiblement les zones urbanisées tapissant le pied du massif. Il faudra cependant bien avoir à l'esprit qu'emprunter ces variantes rajoute automatiquement des difficultés supplémentaires en termes de dénivellation, de distance et parfois même de technicité, sans pour autant passer d'une pratique de la randonnée à de l'alpinisme.

Le Tour du Mont Blanc n'effectue pas seulement le tour du plus haut sommet d'Europe occidentale, il encercle la totalité du massif éponyme, ne pénétrant ainsi que très rarement à l'intérieur de ce dernier. Le TMB longe ainsi la périphérie du massif soit via des vallées soit via des massifs limitrophes comme celui des Aiguilles Rouges ou des Alpes Grées. La forte verticalité, les glaciers, l'altitude et l'absence de sentiers randonnables dans tout ou partie du Massif du Mont Blanc expliquent ce parcours du TMB. Ainsi seulement deux variantes alpines permettent de véritablement pénétrer le massif : au Sud avec le sentier Thomas Roques reliant le Col des Fours au Col de la Seigne par le Refuge Robert Blanc / au Nord avec le franchissement de la Fenêtre d'Arpette.

 

De notre côté on s'apprête à s'élancer dans l'aventure du TMB par les variantes alpines. Depuis la France, on se décide à poser la voiture entre les communes de Saint-Gervais et des Contamines-Montjoie. Sans étapes prédéfinies et en autonomie quasi-totale, on part découvrir les différents versants du Massif du Mont Blanc avant que l'hiver ne fige ces paysages de haute montagne.

 

Jour 1 : Du Hameau de la Gruvaz au Refuge du Col de la Croix du Bonhomme.

 

Contre toute attente, l'hiver a fait une arrivée fracassante sur les Alpes du Nord la veille de notre départ. La neige s'est invitée jusqu'à la moyenne montagne, notamment en Haute-Savoie où la dizaine de centimètres est parfois atteinte sous les 2000m d'altitude. Les prévisions météo semblent clémentes pour le début de notre parcours, faisant potentiellement fondre rapidement cette pellicule d'or blanc. Il ne nous reste plus qu'à voir sur le terrain ce que cette précoce offensive hivernale nous réserve.

 

Près du point de départ, les crêtes du Mont Joly se réveillent sous une fine couche de neige.

 

 

Initialement nous avions prévu de parcourir les arêtes reliant le Mont Joly et l'Aiguille Croche au-dessus des Contamines-Montjoie. Mais face à l'arrivée de la neige, on abaisse nos ambitions et on se contente d'altitudes plus modestes en cette première journée. On surplombe tout de même la petite station du Val Montjoie par l'autre versant de la vallée, au pied du Massif du Mont Blanc. On finit par atteindre la neige au niveau de la Combe d'Armancette, en direction du Refuge de Tré la Tête. Ces quelques centimètres ne posant pas de problème pour progresser sur ce début du TMB.

 

Le Refuge de Tré la Tête 1969m sur fond de Massif du Beaufortain.

 

On relie la Combe d'Armancette au Refuge de Tré la Tête par le Sentier Claudius Bernard. La neige et le givre rendent cette traversée toute particulière avec ce mélange de vert et de blanc. Au niveau du refuge, on descend reprendre le TMB classique plus bas dans la vallée avant de partir à l'assaut de notre premier col : le Col du Bonhomme.

 

Durant l'après midi, la neige des faces Sud disparait quasi intégralement. A gauche par exemple, l'arête du Mont Joly est redevenue totalement verte. Les hautes cimes du Massif du Giffre restent tout de même empêtrées sous quelques centimètres de neige à l'instar des Rochers des Fiz ou du Mont Buet.

 

 

En montant le Col du Bonhomme 2329m, le temps change radicalement. Les nuages prennent le dessus et occultent totalement le soleil de septembre. La neige cesse de fondre et les sentiers se transforment en tranchées faites de boue et de glace. Une sensible bise du Nord nous accompagne sur notre traversée en direction du Refuge du Col de la Croix du Bonhomme. L'idée de potentiellement dormir au refuge commence à faire son chemin, d'autant que la visibilité est de plus en plus réduite.

A la base nous avions de Lac de Mya en ligne de mire pour établir notre premier bivouac sur le TMB. Mais face au froid, à la neige et au brouillard, on décide d'occuper les dernières places au Refuge du Col de la Croix du Bonhomme 2443m. Ça ne sera que partie remise pour les bivouacs autour du Mont Blanc.


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
22.4km 2150 de D+ 850 de D- 2479m 1140m

Jour 2 : Du Refuge du Col de la Croix du Bonhomme au Lago dell'Aiguille des Chavannes.

 

Au petit matin, le ciel est dégagé au-dessus des Alpes. Seuls quelques voiles d'altitude ternissent les premiers rayons du soleil mais les températures devraient être largement positives au cours de la journée. 

Du refuge, le TMB chute vers la vallée en direction du hameau des Chapieux. Mais pour éviter de trop redescendre on emprunte une petite variante en franchissant le Col des Fours, quelques 200m au-dessus du Refuge du Col de la Croix du Bonhomme. 

Pendant la nuit, le regel a figé la fine couche de neige et durci la terre gorgée d'eau, ce qui facilite notre progression en direction du col. De l'autre côté, on devrait faire notre premier face à face avec le Mont Blanc.

 

Le Refuge du Col de la Croix du Bonhomme 2443m.

 

Premières lueurs près des géants de Savoie : Aiguille de la Grande Sassière, Albaron, Mont Pourri, Grande Motte et Grande Casse.

 

 

Les cimes du Beaufortain, de la Vanoise et de la Lauzière se parent de jaune pâle avant que l'on débute notre ascension du Col des Fours. 

Avec ce léger saupoudrage et les picotements du froid, l'ambiance estivale a définitivement quitté ces montagnes en cette mi-septembre.

 

Même au mois de septembre, la Tour du Mont Blanc est encore arpenté par de nombreux randonneurs. Le Refuge du Col de la Croix du Bonhomme affichait d'ailleurs complet le soir où nous y avons dormi. Ce qui fait aussi que malgré la neige, la trace est bien faite, que ce soit sur l'itinéraire classique ou certaines variantes du TMB.

 

Au Col des Fours 2665m, le Mont Blanc et le Sud du massif s'imposent face à nous. Encadré par le Mont Tondu 3196m à gauche et l'Aiguille des Glaciers 3816m à droite, on peine encore à voir la proéminence du seigneur des Alpes.

 

L'extrémité Sud du Massif du Mont Blanc vue du ciel.

 

Encore une fois, à cause de la neige, nous sommes dans l'obligation de modifier l'itinéraire initialement prévu. Nous devions relier le Col des Fours au Col de la Seigne par le Sentier Thomas Roques et le Refuge Robert Blanc. Il s'agit d'un sentier en surplomb de la Vallée des Glaciers, globalement en balcons longeant la moraine du Glacier des Glaciers. Cependant, ayant contacté les gardiens du Refuge Robert Blanc 2740m, ces derniers nous ont indiqué avoir reçu pas moins de 50cm de neige et nous ont donc invité à ne pas emprunter cette variante. Car en plus de la haute altitude, ce sentier passe par des vires exposées et certaines portions sont aménagées de câbles pour progresser en toute sécurité.

On rejoindra finalement le Col de la Seigne et l'Italie par le fond de vallée et la Ville des Glaciers. Le tout en gardant une splendide vue sur les cimes enneigées de l'extrémité Sud du Massif du Mont Blanc.

 

 

De 2600 à 2100m, le sol est totalement enneigé. En dessous, on redécouvre les verts pâturages, teintés par moment de timides couleurs automnales. Le contraste entre le haut et le bas de la Vallée des Glaciers est saisissant. En haut le silence est roi, brisé uniquement par le goutte-à-goutte du dégel, alors qu'en bas le son des cloches des troupeaux de bétail résonne encore dans ces montagnes.

 

 

On arrive tranquillement à la Ville des Glaciers. De là, l'Aiguille des Glaciers 3816m bouche le fond de vallée de son imposante cime. Avec les récentes chutes de neige, son glacier semble avoir repris des forces. Sur la droite, on devine le Col de la Seigne qui nous fera basculer en Italie. On se dirige ainsi vers le Refuge des Mottets avant de monter dans les gradins herbeux pour rejoindre le col. Durant toute l'ascension, on bénéficiera d'une magnifique vue sur les cimes encadrant la Vallée des Glaciers, un petit avant-goût de la vue de l'autre côté du col.

 

Zoom sur l'Aiguille des Glaciers 3816m et son glacier. Quasiment tout à gauche, on devine la forme cubique du Refuge Robert Banc au milieu des pentes enneigées.

 

 

 

Le Col de la Seigne 2516m est l'un des cols les plus empruntés du Tour du Mont Blanc. Il permet de basculer de la Vallée des Glaciers au Val Vény, de la Savoie à la Vallée d'Aoste. 

Il s'agit d'un col extrêmement large séparant le Massif du Mont Blanc du Massif des Alpes Grées. Encadré par l'Aiguille des Glaciers et la Pointe Léchaud, son ascension comme sa descension permettent des vues à couper le souffle sur le Sud et l'Est du Massif du Mont Blanc.

 

Contrairement à la partie française, les versants italiens semblent débarrassés de la neige. On peut donc poursuivre selon nos envies de variantes. 

Au Col de la Seigne, au lieu de suivre le fil du Val Vény, on longe les pentes de la Pointe Léchaud afin de rejoindre le sentier menant au Col de Chavannes. De ce col, on pourra suivre le fil du TMB, mais par un sentier bien plus haut et bien plus spectaculaire que par le fond de vallée.

On s'écarte rapidement des foules de randonneurs amassées au Col de la Seigne pour pleinement profiter du paysage. Le chainon du Massif du Mont Blanc file vers le Nord. On démarre avec l'Aiguille des Glaciers suivie de l'Aiguille de Tré la Tête, du Mont Blanc, du Mont Blanc de Courmayeur, de l'Aiguille Blanche de Peuterey, de l'Aiguille Noire de Peuterey pour finir avec les Grandes Jorasses. Tout au fond à droite, on devine les Grands Combins.

 

Plus l'on s'éloigne de la frontière avec la France, plus la quantité de neige s'amenuise. On retrouve une ambiance quasi estivale sur les derniers lacets menant au Col de Chavannes.

 

 

Une fois au Col de Chavannes 2603m, on pénètre dans le Massif des Alpes Grées. Les sommets sont d'altitude moindre que ceux du Massif du Mont Blanc, mais les paysages n'en perdent pas moins leur superbe. On domine ainsi le Vallon de Chavannes avec à gauche le Monte Berio Blanc 3252m et à droite le Monte Ouille 3099m.

On poursuit notre route vers le Nord en longeant le versant Est du Monte Percé. Le Mont Blanc sera ainsi caché par les arêtes sur quelques kilomètres. On se contentera ainsi de la douceur des alpages et des quelques marmottes qui les peuplent.

 

 

En traversant les alpages, on croise plusieurs petits lacs d'altitude : Lac du Monte Percé, Lac du Monte Fortin. Tous se révèlent être de magnifiques lieux pour bivouaquer. D'autant qu'une autre masse glaciaire faire son apparition à l'Est : la calotte du Ruitor.

On poursuit quand même notre route, le soleil étant encore haut dans le ciel. On se fixe comme objectif de relier le Lago dell'Aiguille de Chavannes, blotti au pied du Monte Berio Blanc. Pour cela, après les alpages, le sentier reprend le fil de l'arête près du Monte Fortin, offrant ainsi une vue sensationnelle de part et d'autres de la crête.

 

De la Pointe Léchaud aux Grandes Jorasses depuis le Monte Fortin 2758m.

 

De l'Aiguille des Glaciers à la Dent du Géant en passant par l'Aiguille de Tré la Tête, le Petit Mont Blanc, l'Aiguille de Bionnassay, le Dôme du Goûter, le Mont Blanc, le Mont Blanc de Courmayeur, l'Aiguille Blanche de Peuterey, l'Aiguille Noire de Peuterey et la Pointe Helbronner.

De nombreux glaciers sont également de la partie (de gauche à droite) : Glacier d'Estellette, Glacier de la Lée Blanche, Glacier du Petit Mont Blanc, Glacier de Miage, Glacier du Dôme, Glacier du Brouillard, Glacier du Freney.

 

Coup de vent sur le Mont Blanc.

 

Vers le Nord, au-delà des Grandes Jorasses et du Val Vény, les Grands Combins, le Mont Velan et le Mont Rose érigent leurs sommets enneigés à l'horizon.

 

Après les ruines du Monte Fortin, on poursuit sur l'arête pour rejoindre la Pointe de Chavannes, ultime cime avant notre lieu de bivouac. Toujours avec une vue imprenable sur le Massif du Mont Blanc et ses versants abrupts. On domine l'autoroute du TMB en fond de vallée alors que de notre côté, pas un randonneur à l'horizon.

A noter que si l'on souhaite redescendre dans le Val Vény et le TMB officiel, un sentier dévale le versant occidental du Monte Fortin en direction du Rifugio Combal.

 

 

On domine le gigantesque et chaotique Glacier de Miage. Facilement reconnaissable à sa vaste langue rocheuse, il s'agit bel et bien d'un glacier et non d'un pierrier. Sous les blocs rocheux, et y compris à son altitude la plus basse, la glace est présente. Sa roche de surface, issue à la fois des éboulements mais également de son mouvement, protège la glace du sous-sol d'une fonte accélérée d'où un front glaciaire en deçà des 2000m d'altitude. Ceci étant, le réchauffement climatique y fait également son oeuvre et attaque sensiblement la masse glaciaire de Miage, notamment au niveau de son épaisseur.

En restant sur le TMB, on ne se rend pas compte de ce mastodonte encerclant le pied du Mont Blanc de Courmayeur. La variante du TMB ainsi que le sentier en arête où nous nous trouvons permettent de contempler ce glacier noir et le cadre montagnard qui l'entoure.

 

 

En dépassant la Pointe de Chavannes, on domine le modeste mais magnifique Lago dell'Aiguille de Chavannes, largement dominé par la forme pyramidale du Monte Berio Blanc. Le positionnement de ce lac, une cinquantaine de mètres sous l'arête, ne permet pas une vue sur le Mont Blanc depuis notre tente, mais au loin on fait face une nouvelle fois au Mont Pourri accompagné de l'Aiguille de la Grande Sassière et du Col du Petit St-Bernard.

 

 

Vers 17h on met pied sur les rives du lac perché à 2667m. Au delà du panorama exceptionnel qu'offre ce haut sentier, ce n'est pas le seul argument qui nous a conduit à l'emprunter. En effet, dans la région de la Vallée d'Aoste, le bivouac est interdit sous la limite des 2500m d'altitude, restreignant drastiquement les lieux pour bivouaquer, même sur le Tour du Mont Blanc. Et il ne faut pas croire que les contrôles ne sont pas fréquents, notamment à la haute saison et dans les lieux de passage les plus empruntés, notamment le Val Vény. Les amendes peuvent s'élever jusqu'à 350 euros pour non-respect de cette législation valdôtaine.

Aucun stress de notre côté, nous sommes en règle. On peut profiter tranquillement des changements de luminosité sur les Alpes Grées et la Vanoise.

 


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
20km 1310 de D+ 1080 de D- 2750m 1780m

Jour 3 : Du Lago dell'Aiguille de Chavannes au Col d'Entre Deux Sauts.

 

La nuit ne fut pas si fraîche qu'escomptée. La petite bise et l'inversion des température ne permettant pas de fortes gelées nocturnes. Cependant, de nombreux bancs de nuages élevés et quelques lenticulaires sont présents dans le ciel alpin. Signes d'une certaine instabilité et de forts vents d'altitude. Mais pour le moment, nous n'en ressentons pas les effets depuis notre bivouac. Au contraire, on profite du réchauffement des lueurs à l'Est avant d'entamer notre troisième étape.

 

Les hautes cimes de la Vanoise et des Alpes Grées scintillent les unes après les autres. On remballe rapidement notre bivouac pour rejoindre l'arête et voir ce que ces lueurs matinales donnent sur les sommets du Massif du Mont Blanc.

 

Le Mont Blanc n'est plus visible depuis notre position. Il faut se contenter de la vertigineuse face Est du Mont Blanc de Courmayeur 4748m et du Glacier du Brouillard.

 

L'Aiguille des Glaciers et le Glacier de la Lée Blanche / L'Aiguille de Tré la Tête et le Petit Mont Blanc / L'Aiguille Noire de Peuterey et le Glacier de Frêney.

 

Lueurs un peu plus pâles sur la Dent du Géant, les Arêtes de Rochefort et les Grandes Jorasses.

 

 

Après la disparition des premières lueurs, la luminosité se ternis légèrement au-dessus des Alpes, les quelques nuages d'altitude cachant le soleil une bonne partie de la matinée. On se met ainsi en route en continuant notre progression vers le Nord. Notre premier objectif du jour est d'atteindre Courmayeur pour franchir la Vallée d'Aoste et gravir ainsi le versant opposé. Le passage à Courmayeur est quasi obligatoire lors d'un Tour du Mont Blanc et permet ainsi un ravitaillement avant de se diriger vers la Suisse. 

On poursuit donc dans un premier temps sur les arêtes surplombant le Val Vény avant de plonger vers le cité valdôtaine.

 

On franchit le Colle Berio Blanc 2840m, le Col de Youlaz 2661m puis le Col d'Arp 2570m avant d'entamer la descente vers Courmayeur.

 

Ciel instable au-dessus des Grands Combins et du Ruitor.

 

On descend vers Courmayeur via le Vallone d'Arp qui permet de rejoindre la ville par l'Est.

 

 

A Courmayeur, on profite des supermarchés et des bistrots pour se ravitailler en nourriture et en électricité. 

Dans cette ville, tout tourne autour du Mont Blanc : les boutiques, les magasins de souvenirs, les panneaux publicitaires, les noms de rue et même le mobilier urbain où est inscrit les différents itinéraires de grandes randonnées, et notamment le TMB, qui quadrillent le Val d'Aoste.

Après cette pause, on reprend le TMB officiel en direction du Rifugio Bertone perché sur les hauteurs de Courmayeur. Plus l'on s'élève, plus le vent se renforce malgré des éclaircies de plus en plus franches.

 

Au Rifugio Bertone 1991m, le puissant vent de Nord-Nord-Est ne nous décourage pas à emprunter la variante du TMB par le sentier de la Testa Bernarda. Il s'agit d'un sentier principalement d'arête reliant le Rifugio Bertone et le Rifugio Bonatti. Alors que le TMB relie les deux refuges par un cheminement en balcons, on s'apprête à arpenter les crêtes du Mont de Saxe, la Tête de la Tronche et le Col Sapin. Le tout en ayant une vue directe sur le Mont Blanc, la Dent du Géant, les Grandes Jorasses et leurs glaciers tout le long de notre progression.

 

Sur la crête du Mont de Saxe, aux alentours des 2300m d'altitude, l'arête est assez débonnaire. Même les déséquilibres engendrés par les violentes rafales de vent ne rendent pas dangereux notre poursuite vers le Nord.

 

 

En descendant du Col Sapin 2436m, les nuages venus de Suisse prennent le dessus. On guette le moindre rideau de pluie à l'horizon mais également la moindre accalmie du vent pour établir le bivouac. 

On tentera d'ailleurs de s'installer au Col d'Entre Deux Sauts 2524m pour  respecter la législation valdôtaine concernant le bivouac sauvage, mais le vent tempétueux et l'absence d'eau nous contraignent à nous protéger un peu plus bas. 

On rebrousse chemin sur quelques centaines de mètres pour établir notre bivouac aux alentours des 2300m d'altitude, sur les pentes Sud du col, dans la Comba d'Arminaz. On fait ainsi face aux Grandes Jorasses 4208m.


Détails de l'étape :

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
23km 1620 de D+ 1940 de D- 2840m 1180m

 

Jour 4 : Du Col d'Entre Deux Sauts au Vallon de Saleinaz.

 

Au petit matin, le vent semble s'être calmé et une grande partie de la couche nuageuse s'est dissipée. On se met donc en route toujours vers le Nord, avec comme objectif d'atteindre la Suisse et de pénétrer sensiblement dans son territoire. Ceci dans le but d'éliminer dès aujourd'hui la partie en fond de vallée qui nous ai promise dans le Val Ferret suisse. En effet, très peu de variantes sont possibles dans cette partie de l'itinéraire suisse, autour de La Fouly. Mis à part s'excentrer vers les Lacs de la Fenêtre, il n'y a pas d'autres solutions que marcher les 6-7km qui séparent les deux petites bourgades helvétiques que sont La Fouly et Champex-Lac. 

L'étape du jour sera donc divisée en deux : une partie alpine et une partie en fond de vallée.

 

 

Quelques lueurs rosées teintent les nuages et les sommets à notre réveil. 

On se remet en jambe en franchissant le Col d'Entre Deux Sauts pour basculer dans le Vallon de Malatra. La descente de ce vallon nous permettra de reprendre le TMB officiel aux abords du Rifugio Bonatti. Et surtout d'avoir une vue imprenable sur les Grandes Jorasses qui se métamorphoseront au fur et à mesure de notre progression vers la Suisse.

Un peu avant le col, le Mont Blanc 4805m refait une apparition flamboyante. Dans le prolongement de son arête à droite, on devine le Mont Maudit puis le Mont Blanc du Tacul.

 

 

En retombant sur le TMB, on poursuit vers le Nord en surplombant cette fois-ci le Val Ferret italien. Même si on reste sur le TMB officiel pendant quelques kilomètres, on a une très belle vue sur les imposantes montagnes du Massif du Mont Blanc et les glaciers dégringolants des parois.

Quasiment au bout du Val Ferret, on doit chuter vers le talweg de la vallée pour remonter vers le Rifugio Elena, les sentiers ne poursuivant pas à niveau vers ce refuge.

 

Les Grandes Jorasses se transforment en Cervin du Val Ferret. A gauche, les langues glaciaires du Glacier de Frébouze entourées des Pointes de Frébouze, des Petites Jorasses et de l'Aiguille de Leschaux.

 

A l'opposé du Val Ferret, on devine encore notre porte d'entrée en Italie, le Col de la Seigne. Courmayeur est totalement camouflée par le relief, ensauvageant la carte postale alpine.

 

L'Aiguille de Triolet, les Aiguilles Rouges de Triolet et le glacier éponyme / Les Petites Jorasses et le Glacier de Frébouze / Le Mont Dolent et le Glacier de Pré de Bard.

 

Au Rifugio Elena 2062m, on fait face à la langue glaciaire du Glacier de Pré de Bard et au Mont Dolent 3823m. Sa fonte et son recul laissent apparaitre un austère cirque rocheux gris et rougeâtre.

Le Mont Dolent a la particularité de voir sa sommité se trouver sur la frontière des trois pays qui se partagent le Massif du Mont Blanc : la France, la Suisse et l'Italie.

 

Le vent du Nord reprend de plus belle une fois le refuge passé mais cette fois-ci le soleil nous accompagne ce qui compense la fraiche atmosphère qui s'établit près de la frontière entre la Vallée d'Aoste et le Canton du Valais.

Pour basculer côté helvétique, comme entre la France et l'Italie, il faut franchir un large col : ici le Grand Col Ferret. Ce dernier est traversé par le TMB, ce qui n'est pas le cas de son petit frère, le Petit Col Ferret, situé à quelques encablures à l'Ouest. On enchaine donc la montée des deux cols qui sont d'altitude quasiment égale, l'objectif étant d'emprunter la variante du Petit Col Ferret pour rejoindre La Fouly et ainsi éviter l'autoroute de randonneurs qui pique vers la vallée depuis le col principal.

 

La Glacier de Pré de Bard et les Grandes Jorasses sont bien visibles pendant la montée au Grand Col Ferret.

 

 

 

 

 

Le Grand Col Ferret 2536m fait la jonction entre l'Italie et la Suisse, entre le Val d'Aoste et le Valais. De l'autre côté, on ne fait plus face au Massif du Mont Blanc, pourtant d'autres géants alpins s'érigent un peu plus à l'Est, notamment les Grand Combins et le Mont Velan. 

Au lieu de directement enchainer avec la descente vers les alpages de la Peule et La Fouly, on part en balcons pour relier le Petit Col Ferret via le versant valdôtain de la montagne. Le Glacier de Pré de Bard devient un peu plus imposant ainsi que l'Aiguille de Triolet 3870m qui le domine.

 

Le Petit Col Ferret 2486m est bien plus restreint que le Grand Col. De son creux, on aperçoit déjà le petit village de La Fouly présent 900m plus bas. La descente de ces pierriers et de ces alpages marquent la fin de l'environnement alpin pour cette quatrième journée. On enchainera avec 6-7km presque à niveau pour rejoindre le plus rapidement possible le Vallon de Saleinaz et réduire au maximum la distance pour la journée du lendemain.

 

En descendant, une ample vue sur les séracs du Glacier du Dolent et le Mont Dolent 3823m nous fait lever les yeux quelques instants.

 

 

On traverse au pas de trot la troupeau d'Hérens puis on part se sustenter quelques instants à La Fouly. 

On ne tarde pas trop d'autant qu'il reste pas mal de kilomètres à avaler et que les nuages grossissent dangereusement au-dessus du Valais. 

On empruntera le TMB en longeant la Dranse de Ferret jusqu'au croisement indiquant Praz-de-Fort. De là, on piquera dans un fond de vallée en suivant la tumultueuse Reuse de Saleinaz. On s'élèvera jusqu'à environ 1600m d'altitude, près d'une prise d'eau pour y établir notre bivouac. 

Certes, ce ne sera pas le coin le plus majestueux, mais il aura pour avantage de nous positionner de manière idéale pour bien démarrer la journée du lendemain, au pied de la rude montée vers la Cabane d'Orny.


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
29.9km 1280 de D+ 2090 de D- 2536m 1280m

Jour 5 : Du Vallon de Saleinaz au Refuge des Grands.

 

Durant cette cinquième journée, la distance sera relativement mise de côté. On se concentrera sur la dénivellation avec le passage de deux hauts cols suisses : le Col de la Breya et la Fenêtre d'Arpette. La première partie se fera totalement hors des itinéraires du TMB. On découvrira ainsi cette partie du Massif du Mont Blanc assez peu connue, ce qui nous permettra d'éviter une partie en fond de vallée, en direction du Champex-Lac. Néanmoins, la seconde partie de la journée, à l'assaut de la Fenêtre d'Arpette, correspondra à une variante alpine du TMB, une des plus compliquée de ce circuit. Ces deux cols nous amèneront près de magnifiques glaciers, les plus septentrionaux du Massif du Mont Blanc.

 

Dès notre réveil, on s'attelle à gravir les 1000m de dénivelés positifs qui nous séparent entre notre lieu de bivouac et l'environnement proche de la Cabane d'Orny. On commence dans une dense forêt de conifères avant de grimper dans des gradins herbeux. Depuis ces alpages en dévers, un magnifique panorama à la fois somptueux et chaotique s'offre à nous.

 

 

En grimpant le Vallon d'Arpette de Saleinaz, on fait face petit à petit avec les merveilles géologiques du coin : les pointes acérées des Clochers du Portalet, la langue glaciaire de Saleinaz et sa cabane suspendue. Tout au fond, il s'agit de l'arête séparant l'Aiguille d'Argentière de l'Aiguille du Chardonnet. On remarque également les immenses éboulis qui menacent les voies d'accès à ce cirque glaciaire.

 

En arrivant vers 2500m, de nombreux pics s'invitent dans le paysage, notamment l'Aiguille de l'A Neuve 3753m et le Portalet 3343m.

 

Quasiment au point haut de cette première partie de journée, le Massif des Alpes Pennines s'étale à l'Est. Les Grands Combins et le Mont Velan semblent bloquer la nébulosité dans la Vallée d'Aoste.

 

 

 

 

 

On finit notre ascension à quelques centaines de mètres de la Cabane d'Orny 2825m et du front du Glacier d'Orny. Pour les randonneurs, cette fin de vallon est un cul-de-sac. On peut se rendre au maximum jusqu'à la Pointe d'Orny à plus de 3200m, mais les glaciers et les parois rocheuses bloquent tout circuit par voie randonnable.

On stoppe notre progression ascendante au niveau du croisement des sentiers provenant du Vallon d'Arpette de Saleinaz, d'où nous venons, et de la Combe d'Orny, où nous allons.

La suite du parcours consiste à rejoindre le Col de la Breya caché en surplomb de la combe. On descend légèrement avant de prendre un petit chemin en balcons pour rallier le col. On domine largement le Val Ferret suisse avec tout au fond quelques 4000 des Alpes Pennines.

 

Au Col de la Breya 2400m, on bascule dans le Vallon d'Arpette. On chute de quelques centaines de mètres, d'abord dans les pierriers puis dans le mélézin pour arriver de nouveau sur le TMB, du moins sur sa variante en direction de la Fenêtre d'Arpette.

 

Panorama depuis le Col de la Breya : on aperçoit la Vallée du Rhône suisse avec une extrémité du Léman. A gauche, on devine le chainon des Dents du Midi, et à droite la Dent de Morcles, le Grand Muveran et la Catogne.

 

 

 

 

 

 

La montée vers la Fenêtre d'Arpette débute tranquillement avant de finir dans un chaos de blocs plus ou moins instables jusqu'au point haut du sentier. 

Pendant l'ascension, on est dominé par la Pointe d'Orny 3271m et son austère face Nord faite de glace et d'éboulis.

La glace n'est pas encore omniprésente dans le paysage. On a d'ailleurs du mal à se dire qu'on se trouve sur l'extrémité Nord du Massif du Mont Blanc. 

Mais le passage de la Fenêtre d'Arpette 2665m nous rappelle vite ce fait. On est directement plongé dans l'univers glaciaire du massif.

Au loin à l'Ouest, le barrage d'Emosson est surplombé par les grands du Massif du Giffre : Pic de Tenneverge, Grand Mont Ruan, Tour Sallière.

 

 

Sur l'autre versant de la Fenêtre d'Arpette, on est subjugué par la magnifique langue du Glacier du Trient qui plonge vers le fond de vallée. En haut, une imposante calotte glaciaire comble le pied de l'Aiguille du Tour, déchirée aléatoirement par des séracs et des crevasses. 

La descente consistera à suivre le fil du Glacier du Trient. On analysera la cicatrice béante que sa fonte a laissé sur la montagne. Même s'il s'impose encore dans le paysage, ce roi de glace est particulièrement impacté par les effets du réchauffement climatique.

Au vu de l'absence de coin bivouac au pied de la Fenêtre d'Arpette, on décide de poursuivre la randonnée du jour malgré les deux montées exténuantes que nous avons déjà effectué. On grimpe une nouvelle fois, en direction du Refuge des Grands, lieu où l'on espère trouver un emplacement plat et de l'eau pour la nuit.

 

 

En une heure d'ascension, le ciel s'est totalement bouché, sans donner la moindre goutte de pluie pour le moment. D'abord en sous-bois, le sentier traverse un ressaut rocheux via un passage taillé à même la montagne. De l'autre côté, le petit Refuge des Grands trône au milieu de son alpage. Il fait face à deux glaciers : le Glacier du Trient et le Glacier des Grands. Encore en période de gardiennage, on ne bénéficiera pas du petit refuge d'hiver. On ne perd donc pas de temps pour s'installer près du cours d'eau qui ruisselle quelques dizaines de mètres en contrebas du chalet. En installant la tente et alors qu'un rideau de neige envahit l'Aiguille du Midi des Grands, l'Arête de la Lui s'enflamme l'histoire d'un instant, comme un clap de fin pour cette rude journée en territoire helvétique.

 


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
19.5km 2380 de D+ 1850 de D- 2665m 1550m

Jour 6 : Du Refuge des Grands aux Chalets de Moëde.

 

La montée de la veille vers le Refuge des Grands nous a bien avancé pour la sixième étape de ce Tour du Mont Blanc. On peut ainsi débuter tranquillement par quelques kilomètres en balcons au-dessus de la Vallée du Trient pour rejoindre le Col de Balme, notre porte d'entrée vers la France. 

 

A gauche on devine le Glacier du Trient, à droite il s'agit du Glacier des Grands.

 

Le Haut-Giffre et ses névés éternels sont les premiers à bénéficier des rayons du soleil.

 

Au fur et à mesure de notre route, on finit par apercevoir le Col de Balme et son refuge tout juste effleurés par le soleil de septembre. Au loin, le Mont Buet 3096m s'incruste dans le panorama.

 

Au Col de Balme 2190m, on se cale près de son refuge orné de volets rouges pour admirer le versant français du Massif du Mont Blanc. Aiguille Verte, Drus, Droites, Aiguilles de Chamonix, Aiguille du Midi, Mont Blanc, Dôme du Gouter, Aiguille du Goûter, c'est un festival de géants alpins, dont bon nombre d'entre-eux dépassent les 4000m d'altitude. Sans parler des interminables langues glaciaires qui chutent vers la Vallée de Chamonix, notamment le Glacier des Bossons.

 

Quelques mètres plus loin, l'Aiguille du Chardonnet 3824m se rallie aux Droites 4000m, à l'Aiguille Verte 4122m et aux Drus 3754m.

 

Au niveau du Col des Posettes, on pique vers la vallée en direction de Vallorcine. On profite de la vue depuis les alpages sur le Massif du Giffre et des Aiguilles Rouges avant de descendre dans la forêt et déboucher sur le Hameau du Buet.

Le TMB poursuit sa route vers le versant oriental des Aiguilles Rouges. Mais bien que ce chemin panoramique offre une magnifique vue sur le Massif du Mont Blanc et traverse la Réserve des Aiguilles Rouges, il finit par s'aventurer sur le haut du domaine skiable de La Flégère et de Planpraz, rognant le côté naturel et sauvage de la montagne. Sans parler des foules de ''touristes-marcheurs'' qui sont trimballés par les différentes remontées mécaniques jusqu'à ces belvédères.

 

 

On opte pour un tout autre itinéraire en sortant totalement des sentiers du TMB et de ses variantes. Depuis le Hameau du Buet, on s'infiltre dans le Vallon de Bérard coincé entre le Massif des Aiguilles Rouges et celui du Giffre. On part ainsi à l'assaut d'un haut col, celui de Salenton.

La traversée des domaines skiables dominant Chamonix n'est pas le seul argument qui peut conduire à dévier du TMB. En effet, depuis peu, la Réserve des Aiguilles Rouges a mis en place une réglementation contraignant les possibilités de bivouac sauvage sur son territoire. Ainsi, l'interdiction du bivouac est devenue la règle dans ce parc, l'autorisant tout de même sur certaines parcelles prévues à cet effet, avec un nombre d'emplacements limités et sous réservation uniquement. Il est d'ailleurs obligatoire d'enregistrer sa présence via ce lien : https://bivouac.nature-haute-savoie.fr/reservation-bivouac/informations

L'interdiction du bivouac, le système de réservation et l'obligation d'emplacement prédéfinis semblent être en place pour la saison estivale, entre le 1er juillet et le 31 août.  L'arrêté DDT-2024-0856 rédigé par le Préfet de Haute-Savoie du 28 juin 2024 limite les possibilités de bivouac aux zones suivantes : 

- Lacs de Cheserys (35 tentes)

- Lac du Brévent (25 tentes)

- Ruines d'Arlevé (15 tentes)

- Combe du Lac Cornu (15 tentes)

 

Le bivouac est également limité dans le Vallon de Bérard en période estivale, qui est une réserve naturelle jouxtant celle des Aiguilles Rouges. Ainsi 15 emplacements sont réservables près du Refuge de la Pierre à Bérard.

 

 

Au fond du vallon, on s'approche du rustique Refuge de la Pierre à Bérard, perché à plus de 1900m, qui a déjà fermé ses portes pour l'hiver. A noter que ce refuge ne possède pas d'abri d'hiver.

On se restaure quelques instants près du refuge avant de s'attaquer à la rude montée vers le Col de Salenton. Plus l'on monte, plus les nuages se développent au-dessus des Aiguilles Rouges et du Mont Buet. Peut-être que la pluie nous accompagnera sur la terminaison de cette sixième journée.

 

Bref rayon de soleil sur le Mont Buet 3096m.

 

On fait face à l'Aiguille du Belvédère 2965m (au centre), point culminant du Massif des Aiguilles Rouges. Malgré une altitude modeste, quelques glaciers tentent de survivre sur les hautes combes Nord : Glacier du Mort, Glacier de Bérard, Glacier d'Anneuley et Glacier de Beugeant tapissent le bas des parois.

 

Un petit grésil finit par tomber à notre arrivée au Col de Salenton 2526m. Mais pas de quoi nous inviter à augmenter la cadence pour la suite de la journée. D'autant que de l'autre côté du col, dans la Vallée de la Diosaz, le soleil semble prédominant.

 

Au-dessus de la Vallée de la Diosaz, les crêtes reliant la Tête de Moëde et la Tête de Villy laissent apparaitre les verticales parois de la chaîne des Fiz. L'objectif du jour est de joindre le pied de la Tête de Moëde que l'on observe sur la gauche du rayon lumineux. Il nous faut ainsi plonger du Col de Salenton vers le vallon avant de partir en balcons en direction du Refuge de Moëde.

 

 

Vers 2100m, on quitte le sentier principal qui part vers les Chalets de Villy pour rester à niveau sur un petit chemin qui traverse les pentes verdoyantes et ruisselantes de la Vallée de la Diosaz. Le Mont Blanc refait d'ailleurs une apparition remarquée quelques centaines de mètres après la bifurcation.

Le vert des alpages, le gris des sommets schisteux et le blanc des névés, tout s'accorde dans cette vallée savoyarde pour embellir cette traversée vers le Refuge de Moëde.

 

L'Aiguille de la Floria 2888m, l'Aiguille du Pouce 2874m et le Glacier de la Floria.

 

Les orages se développent de plus en plus, notamment sur les hautes cimes du Massif du Giffre et les Aravis au loin. Le Mont Blanc semble au-dessus de la mêlée. On commence à se presser d'atteindre notre coin bivouac avant que la pluie ne nous enquiquine au moment de l'installer.

 

 

Au Refuge de Moëde, on poursuit jusqu'aux chalets en contrebas où on y établira notre bivouac près du torrent. Quelques dizaines de minutes plus tard, l'orage s'abattra sur les lieux. Un déluge de grêle et de pluie qui ne durera qu'une partie de la soirée, rafraichissant grandement l'atmosphère dans les alpages de Moëde.


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
26.3km 1470 de D+ 1680 de D+ 2526m 1340m

Jour 7 : Des Chalets de Moëde au Hameau de la Gruvaz.

 

Pour cette septième journée, on se lève bien plus tôt que les autres jours, aux alentours de 5h du matin, dans l'objectif d'aller au terme de ce TMB. Encore une fois, la dénivellation sera conséquente, notamment négative puisque nous devons traverser la profonde Vallée de l'Arve au niveau du village des Houches. Cette partie du TMB est de loin la moins sauvage et la moins spectaculaire. Fort heureusement, on commence cette étape par une sauvage traversée entre les Chalets de Moëde et le Brévent. On replonge ainsi dans la Réserve Naturelle des Aiguilles Rouges.

 

Au petit matin, alors que l'Est s'illumine peu à peu, l'Aiguille du Pouce et le Mont Blanc se décalquent dans le ciel.

 

 

Le Pont d'Arlevé permet de franchir le torrent de la Diosaz. On bascule ainsi du Massif du Giffre au Massif des Aiguilles Rouges, de la Réserve de Passy à celle des Aiguilles Rouges. Au même moment, le soleil touche le Mont Buet et les Rochers des Fiz.

Entre la Diosaz et le Col du Brévent, l'ascension sera particulièrement sauvage. De nombreux animaux sont présents sur ce versant : chamois, bouquetins, biches. On aura même l'occasion d'entendre pour la première fois de l'année le brame du cerf, sans l'apercevoir pour autant.

 

La montée en versant ombragé est particulièrement fraiche. Même le Mont Buet a vu sa cime recouverte d'une fine couche de neige grâce à l'orage de la veille. On se réchauffe ainsi avec le panorama dans notre dos : Chaine des Aravis, Pointe Noire de Pormenaz, Rochers des Fiz, Tête de Moëde, Mont Buet, tous sont baignés par le soleil.

 

Au Col du Brévent 2368m, on retrouve le soleil et le Mont Blanc, plus imposant que jamais. On poursuit dans les chaos de pierres, proche de l'arête pour s'approcher de l'arrivée du téléphérique. Au col, on remet pied sur le TMB.

 

Sous le Brévent, on amorce la longue descente jusqu'aux Houches. Jusqu'à la forêt, on bénéficiera d'une splendide vue sur le Massif du Mont Blanc dont les cimes sont caressées par des nuages venus de l'Est. 

Pour chuter vers la vallée, on rejoint le Refuge de Bellachat et son magnifique promontoire en surplombant le Lac du Brévent.

 

 

Au fur et à mesure de notre descension, la chaleur augmente, de même que le bourdonnement de la Vallée de Chamonix. La traversée de l'autoroute et des Houches contrastera avec le calme de montée jusqu'au Brévent. 

Après un casse-croûte bien mérité, on s'échappera de ce brouhaha urbain en partant à l'assaut de notre dernier col : le Col de Voza. Ce passage nous permettra de basculer de la Vallée de l'Arve au Val Montjoie.

 

 

Face à un sentier détrempé, on finit par gravir le Col de Voza 1657m par les pistes du domaine skiable des Houches. Au col, on traverse les rails du Tramway du Mont Blanc qui permet d'accéder au début de la voie normale du toit de l'Europe. De l'autre côté on descend dans le Vallon de Bionnassay où l'on croise une multitude de petits hameaux composés de chalets typiquement savoyards. Et même si les nuages grossissent de plus en plus au-dessus du Mont Blanc, le Glacier de Bionnassay, l'Aiguille éponyme et l'Aiguille du Gouter sont bien visibles depuis le sentier.

Face au manque de temps pour finir l'étape, on abandonne l'idée de gravir le Col de Tricot 2120m qui se situe sur l'une des variantes du Tour du Mont Blanc. On se contentera de contourner le Mont Vorassay par ses balcons forestiers afin de rejoindre la terminaison de notre TMB.

 


Détails de l'étape : 

Distance Dénivelés positifs Dénivelés négatifs Point haut Point bas
28.8km 1620 de D+ 2370 de D- 2450m 980m

Le Tour du Mont Blanc est un classique des GR alpins. Mais il est loin d'être le plus sauvage d'entre-eux. La réalisation de ses variantes permet de profiter plus en profondeur du massif et de son côté sauvage sans jongler de fond vallée urbanisé en fond de vallée urbanisé. Les visées touristiques de ce circuit se font sentir tout au long du TMB, notamment via l'important réseau de refuges qui jalonne ce tour. D'ailleurs, réaliser le Tour du Mont Blanc en autonomie et en bivouac nécessite quelques adaptations avec les législations contraignantes de part et d'autres des frontières nationales divisant le massif. 

En effet, le bivouac dans la Vallée d'Aoste est interdit sous les 2500m d'altitude, certains alpages suisses (comme celui sous le Grand Col Ferret) interdisent également le bivouac et enfin la France, jusqu'alors le pays le moins restrictif, voit ses réglementations se développer en la matière, limitant ainsi le bivouac dans la Réserve des Aiguilles Rouges par exemple. Les variantes permettent donc à la fois d'apercevoir des paysages inédits sur le massif, de profiter de beaucoup plus de liberté sur cette itinérance et d'éviter les foules de touristes et de randonneurs arpentant les sentiers officiels. 

Ces 170km autour du Mont Blanc auront été l'occasion de redécouvrir ce massif. Sans forcément le pénétrer tant son relief et ses glaciers finalisent les sentiers de randonnée en cul-de-sac, on parcourt ce tour sur les nombreux massifs périphériques du Mont Blanc, d'où les amples points de vue sur cette montagne iconique des Alpes. Baigné par les influences italiennes, helvétiques et françaises, ce trek est un petit voyage au coeur de l'Europe, de quoi donner envie de découvrir les autres groupes montagneux et de réitérer l'expérience des treks transfrontaliers.

 


ITINÉRAIRE DU TREK : 

 

Cols traversés Refuges sur le trajet
Col du Bonhomme 2329m (France) Refuge de Tré la Tête 1969m (France)
Col des Fours 2665m (France) Refuge de la Balme 1706m (France)
Col de la Seigne 2516m (France/Italie) Refuge du Col de la Croix du Bonhomme 2443m (France)
Colle di Chavannes 2603m (Italie) Chalet-Refuge des Mottets 1868m (France)
Colle Berio Blanc 2840m (Italie) Rifugio Giorgio Bertone 1991m (Italie)
Col de Youlaz 2661m (Italie) Rifugio Bonatti 2026m (Italie)
Col d'Arp 2570m (Italie) Rifugio Regina Elena 2062m (Italie)
Col Sapin 2436m (Italie) Cabane d'Orny 2825m (Suisse)
Col d'Entre Deux Sauts 2524m (Italie) Refuge des Grands 2113m (Suisse)
Grand Col Ferret 2536m (Italie/Suisse) Refuge du Col de Balme 2190m (Suisse/France)
Petit Col Ferret 2486m (Italie/Suisse) Refuge de la Pierre à Bérard 1925m (France)
Col de la Breya 2400m (Suisse) Refuge de Moëde 1996m (France)
Fenêtre d'Arpette 2665m (Suisse) Refuge de Bellachat 2136m (France)
Col de Balme 2190m (Suisse/France) Refuge du Fioux 1505m (France)
Col des Posettes 1997m (France)
Col de Salenton 2526m (France)
Col du Brévent 2368m (France)
Col de Voza 1657m (France)

Ajouter un commentaire

Commentaires

Alexandra
il y a 22 jours

Bravo mon Colas 😍🤩

Créez votre propre site internet avec Webador