- Le Tour des Rochers des Fiz (Massif du Giffre) - 3 Jours

Publié le 10 juillet 2024 à 10:55

 

Réalisé du 8 au 10 juillet 2024

 

Avec le Tour du Mont Blanc, le Tour des Fiz (ou des Rochers des Fiz) est probablement l'une des randonnées les plus connues de Haute-Savoie. Situés dans le sous-massif de Platé, dans l'extrême Sud du Massif du Giffre, les Rochers des Fiz forment une muraille haute de plus de 700m par moment. Bien que le chaînon des Fiz semble infranchissable, de nombreux sentiers permettent d'en effectuer le tour. Ces derniers traversant une diversité de paysages allant des alpages verdoyants aux abruptes falaises du Dérochoir en passant par les magnifiques lacs qui jalonnent ce tracé. Sans oublier la proximité avec le Massif du Mont-Blanc dont plusieurs passages du Tour des Fiz permettent un point de vue imprenable sur son versant occidental. 

 

Si on prend l'itinéraire le plus concis du Tour des Fiz, les plus téméraires pourront réaliser cette circumambulation en une seule et grosse journée en avalant les 30km et les 2000m de dénivelés positifs du circuit. Mais face aux nombreuses variantes, aux paysages à couper le souffle sur la chaîne du Mont Blanc et aux différents plateaux lacustres qui se présentent dans ce sous-massif de Platé, l'appel au bivouac sauvage se fait vite irrésistible. Ainsi, il ne faut pas hésiter à agrémenter ce tour de variantes, qui sont nombreuses, peu escarpées et très bien balisées que ce soit sur le sous-massif de Pormenaz, sur la Montagne d'Anterne ou encore autour du Désert de Platé. Les plus valeureux randonneurs pourront également s'attaquer au point culminant des Rochers des Fiz qui se situe sur la Tête à l'Ane 2804m, accessible par un raide sentier grimpant depuis le Vallon de Sales jusqu'aux aériennes arêtes sommitales. 

 

De notre côté, on se concentrera sur un tour plus tranquille sur trois journées. Au départ de Plaine Joux, on a repris le circuit classique tout en y ajoutant quelques variantes, et notamment des points de vue du côté de Pormenaz et du Dérochoir. A noter qu'un départ depuis Samoëns est également possible. Cependant la traversée des hameaux surplombant Passy sera moins intéressante alors que depuis notre départ, on ne fait que dominer Samoëns, sans la traverser. On reste totalement en terrain montagnard tout au long du circuit.

 

Il est important de prendre en compte également que même si le Tour des Fiz ne présente pas de difficultés en terme de dénivelés ou de distance et peut même être qualifié de randonnée familiale, il faudra, quelque soit le tour, emprunter un des deux passages vertigineux que sont le Passage du Dérochoir et le Passage des Egratz. Ces deux cheminées sont assez vertigineuses notamment celle du Dérochoir qui se rapproche quasiment d'un itinéraire de Via Ferrata. Le second passage est moins exposé mais peut paraitre impressionnant si l'on a pas l'habitude de ce genre de couloir schisteux à dévaler ou à grimper. Il ne faut pas hésiter à se renseigner sur ces passages via les différents sites de randonnées pour se rendre compte de l'exposition de ces voies. 

 

Comme précisé au début de ce texte, et même si l'on se situe en quasi totalité dans la Réserve Naturelle de Passy, il est possible de bivouac sur l'itinéraire du Tour des Fiz. Sinon, plusieurs refuges sont présents sur le parcours et peuvent être des alternatives intéressantes au bivouac. On compte principalement quatre refuges : le Refuge de Moëde-Anterne, le Refuge Alfred Wills, le Refuge de Sales et le Refuge de Platé. 

On opte de notre côté pour le bivouac sous tente afin de maximiser notre liberté sur le Tour des Fiz et de s'immiscer dans des paysages uniques tels que le Lac d'Anterne ou le Vallon de Sales. 

 

Jour 1 : De Plaine Joux au Lac d'Anterne.

 

Trois petites heures de randonnées séparent Plaine Joux du Lac d'Anterne. Pas de quoi se précipiter vers ce lac. On rallonge donc l'itinéraire par une variante sur le sous-massif de Pormenaz, vers son lac et sa pointe éponymes. 

Les variantes du Tour des Fiz sont également intéressantes dans le sens où on s'échappe de la foule qui arpente ce circuit. Et on se rend compte de cet intérêt au niveau de Plaine Joux où, même si la vue sur le Mont Blanc et les falaises des Fiz est déjà impressionnante, les randonneurs à la journée ou sur plusieurs jours se tiennent à la queue-leu-leu. Il faudra franchir les premiers kilomètres pour que les bipèdes se dispersent sur les multiples sentiers quadrillant la zone.

 

 

 

Depuis Plaine Joux, on emprunte plusieurs pistes forestières en direction du Lac de Pormenaz. On passe près du translucide Lac Vert avant de partir à la rencontre des quelques hameaux de chalets haut-savoyards qui parsèment les alpages entre le contrebas des Fiz et le bloc de Pormenaz. 

C'est au niveau des Chalets du Souay que les choses sérieuses débutent. Pour accéder au Lac de Pormenaz, on peut grimper par le canyon dit de la Chorde. Il s'agit d'un itinéraire classé comme ''délicat'' par la signalétique. Son inclinaison s'allie à des passages dotés d'échelles et de chaines pour s'extirper jusqu'au lac. Mais face à un passage particulièrement bien équipé et sécurisé, le seul risque que vous encourez à franchir la Chorde, c'est une bonne suée. 

Il est d'ailleurs préférable d'effectuer ce passage à la montée et par temps sec. Un autre itinéraire plus classique permettra ensuite de réaliser un circuit et d'éviter de repasser par la Chorde. 

Après les Chalets du Souay, le sentier grimpe vers la Chorde sur la droite.

 

Rapidement, on surplombe les Chalets du Souay et le panorama s'étend vers le Sud où chaîne des Aravis, Massif des Bauges et Mont Joly composent l'arrière-plan.

Une fois sortis de la Chorde, le terrain s'aplanit. Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres avant d'atteindre le Lac de Pormenaz. L'imposante chaîne des Fiz s'érige déjà fièrement vers l'Ouest.

 

Un cadre verdoyant digne des Highlands d'Ecosse entoure le Lac de Pormenaz 1945m. Globalement circulaire, un ilot émerge en son centre. 

 

Contrairement au reste du Tour des Fiz, en divaguant vers le Lac de Pormenaz, on intègre le Massif des Aiguilles Rouges. Le Lac de Pormenaz et son aiguille constituant un sous-massif. Ce bloc montagneux est ainsi séparé du reste du Massif des Aiguilles Rouges par la Vallée de la Diosaz.

Bien que la vue soit déjà sympathique sur les Rochers des Fiz, on décide de s'attaquer à la Pointe Noire de Pormenaz haute de 400m supplémentaires par rapport à son lac éponyme. Depuis ce dernier, l'ascension de la pointe n'est pas indiquée sur la signalétique mais un sentier bien distinct s'élève vers la cime au Sud du lac. Durant le reste de l'ascension, des traces jaunes sur des rochers ou des bouts de bois indiqueront la marche à suivre.

L'ascension de la Pointe Noire de Pormenaz ne présente pas de difficulté. Il est d'ailleurs vivement recommandé de s'y rendre rien que pour la vue et pour l'absence de monde sur son sentier d'ascension. La plupart des randonneurs du dimanche se cantonnant aux alentours du Lac de Pormenaz.

 

On grimpe toujours avec les Rochers des Fiz dans notre dos. Sur la droite, un autre sommet de renom apparait dans le paysage : le Mont Buet 3096m.

 

Au delà de 2100m, les alpages se ternissent et les premiers névés agonisant sont traversés.

 

Peu avant le sommet, le Mont Blanc refait son apparition dans le paysage.

 

 

En une petite heure, on met pied sur l'antécime de la Pointe Noire de Pormenaz. Et déjà, le panorama sur les Fiz, le Mont Blanc et le reste des massifs s'élevant au-dessus de la Vallée de l'Arve est grandiose. Un temps au beau fixe et une absence de pollution en vallée embellissant encore plus ce paysage.

 

Du Mont Buet à la chaîne des Aravis.

 

A l'Est, le Massif des Aiguilles Rouges laisse dépasser nombre de géants du Massif du Mont Blanc.

 

De gauche à droite : l'Aiguille du Chardonnet 3824m, l'Aiguille d'Argentière 3900m, le Tour Noir 3837m, l'Aiguille Verte 4122m et les Drus 3730m.

 

Zoom sur les Aiguilles de Chamonix. On distingue également les Grandes Jorasses 4208m entre l'Aiguille du Grépon et l'Aiguille de la Blaitière.

 

De l'Aiguille du Midi à gauche aux Dômes de Miage à droite en passant par le Mont Blanc du Tacul, le Mont Maudit, le Mont Blanc, les Bosses, le Dôme du Goûter, l'Aiguille du Goûter et l'Aiguille de Bionnassay.

 

Côté Aiguilles Rouges, on observe de loin l'Aiguille du Belvédère 2965m au centre, point culminant du massif, suivie de l'esthétique Aiguille du Pouce 2873m.

 

Malgré une altitude de 2323m, la Pointe Noire de Pormenaz parait bien basse par rapport aux montagnes qui l'entourent. Vers le Sud, le haut-Val d'Arly permet d'ouvrir le panorama : on y aperçoit ainsi le Massif des Bauges, le Massif de la Chartreuse et même quelques cimes du Massif du Vercors telles que le Moucherotte ou la Grande Moucherolle. Encore faut-il que le temps soit clair.

Après avoir cassé la croûte sur l'antécime, le sommet étant assez restreint et caillouteux, on s'apprêtent à retrouver le Lac de Pormenaz et à continuer ainsi notre Tour des Fiz, en direction du Lac d'Anterne.

 

 

Par le même itinéraire que la montée, on rejoint le Lac de Pormenaz et les verts pâturages. La suite consiste à rejoindre le Col d'Anterne situé à quelques encablures au Nord. Pour cela, on relie quasiment à niveau le premier gros refuge de la région : le Refuge de Moëde-Anterne et sa magnifique vue sur les principaux sommets du Massif du Mont Blanc. Ensuite, il nous faudra grimper quelques lacets sur 250m de dénivelés positifs afin de basculer dans le Vallon d'Anterne.

 

Au centre gauche on devine le Col d'Anterne. Sur la droite, on aperçoit le Refuge de Moëde-Anterne surplombé par la Tête de Moëde 2459m.

Les hautes cimes des Aiguilles Rouges, l'Aiguille Verte et les Drus se reflètent légèrement dans le Laouchet lors de notre passage vers le refuge.

 

Une fois le Refuge de Moëde-Anterne dépassé, le Mont Blanc émerge au-dessus de l'arête Nord de la Pointe Noire de Pormenaz. On attaque par la même occasion la dernière grimpette de la journée.

 

 

Au Col d'Anterne 2257m, la vue est encore spectaculaire sur le Massif du Mont Blanc et celui des Aiguilles Rouges. Sous le gros blanc, on aperçoit le dôme du sous-massif de Pormenaz où nous étions un peu plus tôt. A gauche, l'arête menant à la Tête de Moëde peut être gravie sans difficulté afin d'obtenir un autre point de vue sur la région. On peut même rejoindre le Mont Buet si l'on traverse la totalité des Frêtes de Moëde et de Villy. Mais ce sera pour une autre fois. On pénètre dans la Montagne d'Anterne à la recherche de son illustre lac.

 

Depuis le Col d'Anterne, on aperçoit un peu plus distinctement les Grandes Jorasses, encore bien plâtrées de neige fraîche.

 

Contrairement à la montée du Col d'Anterne, les premiers mètres en direction du lac sont bien enneigés. Face Nord oblige. Cependant, les pentes étant peu soutenues, on les traverse sans danger.

 

 

Rapidement, on atteint le paysage de carte postale qu'offre le Lac d'Anterne sous les imposantes falaises des Rochers des Fiz. Il ne nous reste plus qu'à trouver le bon endroit pour poser notre tente. Et entre les névés qui fondent, les sources, les ruisseaux et les tourbières, une grosse partie des environs du lac est gorgée d'eau. On essaye donc de se mettre quelques mètres en hauteur pour trouver un sol sec, tout en restant proche des bords du lac.

 

Avec la bise qui se calme au fur et à mesure de la soirée, les versants environnants commencent à se refléter dans les eaux du lac.

 

 

Sur cette première étape du Tour des Fiz, trois lieux peuvent être intéressants pour y planter la tente : 

- un bivouac près du Col d'Anterne qui permet d'observer le coucher du soleil sur la chaîne du Massif du Mont Blanc.

- un bivouac près du Lac d'Anterne qui permet un paysage lacustre et rocheux sans commune mesure avec de l'eau en abondance.

- un bivouac ou une nuitée au Refuge Alfred Wills 200m plus bas que le Lac d'Anterne qui permet de raccourcir l'étape du lendemain (surtout si on effectue le tour sur deux journées) ainsi qu'un coucher de soleil sur le Nord du Massif du Giffre et le Mont Buet notamment. 

 

 

 

 

Le Lac d'Anterne 2061m est à la confluence d'itinéraire de renom : le Gr5 reliant la Mer du Nord à la Mer Méditerranée y fait escale ainsi que le GrP du Pays du Mont Blanc. Sans oublier la Via Alpina traversant l'Arc Alpin de Monaco à Trieste. Si vous ajoutez à cela les locaux et les touristes, il peut vite y avoir du monde sur ses rives. Il faut donc bien choisir son moment pour y trouver liberté et tranquillité.

 

Vu la hauteur de la muraille de roche, il n'est pas étonnant que le soleil parte vite se cacher derrière les Fiz dans la soirée. On en profite pour contempler les reflets de la Pointe d'Anterne dans le lac mais également de gravir une des quelques buttes entourant le lac à la recherche de beaux points de vue ensoleillés.

 

 

Contre toute attente, le Toit des Alpes refait une brillante apparition une fois la butte herbeuse gravie. Mais on ne patientera pas jusqu'à ce que la nuit ne tombe sur la Haute-Savoie. On part s'emmitoufler dans notre tente en attendant de voir ce que le Massif du Giffre nous réserve pour le lendemain.

 

Jour 2 : Du Lac d'Anterne aux Lacs des Laouchets.

 

La journée s'annonce encore bien belle et bien chaude. On met le nez en dehors de notre tente sur les coups des 7h et cette fois c'est les arêtes de Moëde qui nous bloquent les rayons lumineux. En face, les remparts des Fiz s'enflamment lentement.

 

 

 

 

 

Les Rochers des Fiz se décalquent parfaitement dans les eaux du Lac d'Anterne. On profite tranquillement de ce spectacle d'autant plus que nous sommes quasiment les seuls éveillés dans la zone. 

Sur la photo de gauche, la pointe la plus à droite correspond à la Tête à l'Ane 2804m, le culmen du chaînon des Fiz.

 

On espère un séchage rapide de la tente trempée par la rosée nocturne. On se prélasse donc quelques instants au soleil puis on se met en route pour la seconde étape de notre Tour des Fiz.

Le premier intermédiaire de cette journée correspond au Refuge Alfred Wills situé à une trentaine de minutes de marche du Lac d'Anterne. Les névés étant tardifs, un itinéraire bis a été aménagé pour contourner les plus exposés d'entre eux. On grimpe donc légèrement dans les alpages avant de chuter sur le refuge sous une lumière légèrement tamisée par quelques voiles d'altitude.

 

Cette déviation aura eu pour avantage de nous faire faire connaissance avec les marmottes du coin.

 

Une fois le contournement du vicieux névé effectué on surplombe la terminaison septentrionale du chaînon des Fiz. Au loin, un nouveau massif fait son apparition : le Massif du Chablais dont on reconnait le Roc d'Enfer 2243m.

 

On passe aux abords du Refuge Alfred Wills situé aux alentours des 1800m d'altitude. 

Alfred Wills est un alpiniste anglais du XIXème siècle. En 1854, il réalise l'ascension du Wetterhorn 3690m en Suisse. Cette ascension, même si ce n'était pas la première, est considérée dans le milieu de l'alpinisme comme le début de l'Age d'or de la Conquête des Alpes, période où les principaux sommets alpins ont été pour la première fois gravis.

Tombé sous le charme de la région de Sixt, il y fit construire un chalet dans l'un des alpages entourant la Vallée du Giffre à la fin des années 1850.

Ce refuge, construit en 1981, en se prénommant de cette manière, rend ainsi hommage à ce Britannique venu conquérir les Alpes.

Du Chablais au Buet, le Haut-Giffre se dévoile un peu plus.

 

 

On file vers le Collet d'Anterne d'où réapparait le gros blanc. Ce passage permet de basculer sur le versant Ouest du chaînon des Fiz. On passe rapidement sous d'immondes lignes à haute tension avant de descendre progressivement sous les pierriers des Lanches de Sales. 

La descente se termine au niveau des Cascades de la Sauffaz et de la Pleureuse vers 1400m. Il s'agira du point le plus bas atteint lors de ce Tour des Fiz (sans compter le point de départ à Plaine Joux). A cette bifurcation, alors que le Gr5 poursuit sa descension vers Samoëns, on met pied sur le Gr96 reliant Samoëns justement à Aix-les-Bains.

On remonte petit à petit le Vallon de Sales.

 

Traversée sous les Lanches de Sales.

 

La remontée des Gorges de Sales est truffée de cascades. L'eau sort de nulle part et aucun lac d'envergure ne comble le fond du vallon. Et alors que la chaleur estivale nous assomme quelque peu, cette profusion d'eau nous apporte une fraicheur bienvenue. 

Le chemin en direction du Refuge de Sales n'est pas compliqué. On enchaine les passages de plusieurs ressauts, notamment le Pas de Sales. qui nous permet de nous extirper des profondes et bruyantes gorges. Ne pas hésiter à porter votre regard sur les bords de sentier et les pentes alentours, les marmottes et les bouquetins flânent en nombre dans ce vallon.

 

Passage du Pas de Sales à fleur de paroi. Le Haut-Giffre et les hauteurs du Cirque de Sixt-Fer-à-Cheval bouchent le paysage au Nord. Quelques sommets importants sont à mentionner comme les Avoudrues 2666m, Haute Cime des Dents du Midi 3257m, le Grand Mont Ruan 3040m, le Pic de Tenneverge 2989m.

 

 

Au Refuge de Sales 1874m, le vallon s'élargit et les torrents cessent leur vrombissement incessant. Lapiaz et alpages verdoyants composent le paysage comme ci-dessus au niveau du Grand Pré. C'est sur ce dernier que le sentier se divise en deux : soit on se dirige vers la Brèche du Dérochoir, soit on part vers le Col de la Portette. Au vu de l'heure, on ne commence pas la montée vers notre second point de bivouac, les Lacs des Laouchets situés sous le col. On se motive à grimper jusqu'à la Brèche du Dérochoir pour admirer la vue, à la fois de l'autre côté de la montagne mais aussi sur l'ensemble du Vallon de Sales.

 

Il ne faut pas confondre Brèche du Dérochoir et Passage du Dérochoir. Pour le simple randonneur, la Brèche du Dérochoir est un point de vue sur le versant Sud des Rochers des Fiz alors que le Passage du Dérochoir peut être franchi par un enchainement de cordes et d'échelles. Seuls les grimpeurs pourront traverser la Brèche. Sur la photo ci-dessus, au centre on observe un mont anonyme : sa droite se trouve le Passage du Dérochoir, à sa gauche, il s'agit de l'arrivée de la Brèche.

 

En montant vers la Brèche, le développement nuageux s'intensifie sans pour autant virer à l'orage. Les cimes sont encore visibles notamment la Pointe du Dérochoir et la Pointe de Platé suivi du Col de la Portette sur la gauche.

 

Après le Grand Pré, on passe un ressaut pour arriver sur un vaste désert, de lapiaz de notre côté, d'alpages en deçà de la partie Nord des Rochers des Fiz. Il s'agit du ''plateau'' des Salamanes.

Le sommet à l'ombre sur la droite correspond aux Pointes d'Ayères 2644m alors que la première sommité en direction de la gauche correspond à la Tête à l'Ane 2804m.

 

Une fois à la Brèche du Dérochoir, à plus de 2100m, la verticalité est impressionnante. Même le Passage du Dérochoir semble infranchissable. Pourtant, on y observe quelques randonneurs partant à l'assaut de la paroi. Le caractère abrupt de ce flanc de montagne contraste avec la douceur des alpages du Vallon de Sales et même avec le dôme du Désert de Platé que l'on observe à droite.

Le Mont Blanc, quant à lui, est embourbé dans la nébulosité.

 

Vue d'ensemble sur le Vallon de Sales encadré par le Désert de Platé à gauche et le Plateau des Salamanes et les Fiz à droite.

 

Pour rejoindre les Lacs des Laouchets depuis la Brèche du Dérochoir, nous n'avons pas d'autre choix que de rebrousser chemin sur quelques centaines de mètres. Même si un sentier d'arêtes reliant la Brèche et le Passage du Dérochoir est indiqué sur les cartes OSM, on ne le tentera pas au vu de l'exposition du terrain. On essayera coûte que coûte à joindre l'autre sentier né au niveau du Grand Pré, sans y descendre pour autant. Avec un temps lumineux, il est relativement simple de divaguer au milieu des blocs, surtout que le sentier est visible au loin. Il doit en être autrement lorsque le brouillard est présent.

 

 

 

 

 

Pendant la traversée en direction des Lacs des Laouchets, quelques bouquetins batifolent dans les névés. Il faut avoir l'oeil, ils sont de la même couleur que les rochers du coin.

Bouquetin sur fond de Pointe du Dérochoir 2411m.

 

 

En franchissant un collet, on atterrit sur les hauteurs du plateau des Lacs des Laouchets. Contrairement à la veille au Lac d'Anterne, nous serons seuls à bivouaquer dans les environs. On fera face aux Rochers des Fiz vers l'Est alors que derrière nous, le Désert de Platé marque la fin des alpages. 

 

Non loin de notre coin bivouac, un bouquetin solitaire alterne sieste et balade sur les hauteurs des lacs.

 

Au delà de la tranquillité du coin, l'intérêt de poser sa tente près des Lacs des Laouchets tient au fait que si l'on monte de quelques mètres, on se retrouve au face au Mont Blanc. Cette vue peut être très intéressante pour les couchers du soleil. Reste à voir si la nébulosité s'estompe au fil de la soirée.

 

 

Malgré la dissipation des nuages sur les massifs environnants et notamment le Mont Blanc, les orages présents au Nord-Ouest de notre position occulteront le soleil lors de sa chute. On ne pourra donc profiter de l'illumination du Toit des Alpes en cette fin de journée. On repart s'abriter sous la tente en espérant que le lendemain le soleil soit au rendez-vous.

 

Jour 3 : Des Lacs des Laouchets à Plaine Joux

 

 

Au petit matin, c'est l'unique rayon de soleil que nous aurons de la journée. Les nuages sont nombreux, et même si éclairs et tonnerre ne les accompagnent pas, la pluie ne semble pas bien loin. On se hâte de grimper le Col de la Portette au sec, d'autant plus qu'un raidillon enneigé est à franchir au niveau du col.

 

 

 

 

Sous le col, une vingtaine de mètres est barrée par un névé. Mais face aux nombreux randonneurs traversant ce col, l'escalier dans la neige est déjà fait à notre arrivée. C'est sous les premières gouttes et les regards curieux de quelques bouquetins que nous atteignons le Col de la Portette 2354m.

De l'autre côté du Col de la Portette, on fait face à la Tête du Colonney 2692m (au centre) et on domine l'autre partie du Désert de Platé. L'ambiance est bien humide et une nouvelle salve pluvieuse arrive de l'Ouest et nous frappera pendant la descente du col en direction du Refuge de Platé. 

 

Le Désert de Platé est une curiosité géologique surprenante. Et même si, malgré le temps, on ne peut l'apercevoir dans son entièreté, il est reconnaissable avec ses vastes étendues de lapiaz. 

En effet, son appellation de ''désert'' tient au fait qu'il s'agit d'un des plateaux de lapiaz les plus vastes d'Europe. Situé entre 2000 et 2500m d'altitude, il recouvre une superficie de 1980 hectares (soit l'équivalent de 2800 terrains de football). 

Les lapiaz qui le recouvrent sont une formation géologique de surface particulière formée par les glaciers jadis présents sur ces montagnes et l'écoulement des eaux de fonte et de pluie.  C'est une véritable passoire avec la présence de nombreuses cavités qui plongent de plusieurs centaines de mètres à l'intérieur de la montagne. 

On retrouve ce style de roche calcaire à de nombreux endroits dans les Alpes. Notamment les massifs préalpins : Hauts de Chartreuses, Vercors, Chaîne des Aravis etc...

Sale temps sur le Col de la Portette.

 

On passe sans trainer près du Refuge de Platé en poursuivant en direction de l'extrémité Sud du Désert de Platé. Un plongeon radical nous attend pour redescendre sur Plaine Joux. En effet, un sentier se faufile dans une faille de la paroi puis dans un couloir schisteux pour permettre aux randonneurs de s'échapper du désert. Il s'agit du Passage des Egratz. Bien qu'il peut paraitre impressionnant à première vue, surtout lorsque le sol est humide, le sentier est en bon état et les passages vertigineux sont de courte durée.

 

On commence la vire par une passerelle d'une dizaine de mètres qui surplombe le vide. On domine la Vallée de l'Arve de 1500m. Par chance, au début de la cheminée, la pluie a cessé.

A gauche, le couloir des Egratz qu'il faudra descendre tranquillement. Après ce passage, le sentier serpente dans des gradins herbeux jusqu'à rejoindre la forêt.

Au-dessus, la paroi que le Passage des Egratz permet de franchir. On ne devine même pas où le sentier peut passer depuis la lisière du bois.

Malheureusement le soleil et le Mont Blanc n'apparaitront pas jusqu'à ce que nous atteignons notre point d'arrivée à la petite station de Plaine Joux. Nous avons tout de même pu en profiter les deux premiers jours avec de splendides vues sur la chaîne du Massif du Mont Blanc.

 

On termine ce Tour des Fiz après un circuit d'une quarantaine de kilomètres entre lacs, alpages et lapiaz. Les paysages variés et l'ambiance montagnarde permettent de faire fi (si vous me permettez l'expression) de la foule qui peut arpenter ces sentiers notamment lors de la saison estivale. D'autant plus que les variantes sont nombreuses et filtrent les randonneurs en fonction de la difficulté et du balisage. C'est un magnifique endroit pour s'immerger dans l'environnement haut-savoyard, aux portes du Pays du Mont Blanc.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

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Commentaires

Alexandra
il y a 3 mois

Magnifique 😍

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