Réalisée le 24-25 août 2022
A défaut de pouvoir gravir le Mont Blanc, pourquoi ne pas s'atteler à l'ascension de son voisin le Petit Mont Blanc ? C'est d'ailleurs de là que découle sa toponymie : par sa proximité immédiate avec l'imposante face Sud-Ouest du toit de l'Europe occidentale. Coincé parmi les géants de la partie Sud et Italienne du massif, ce sommet n'est pas le plus connu des environs mais reste l'une des montagnes les plus accessibles pour les simples randonneurs que nous sommes.
Bien que nommé Petit Mont Blanc, le sommet se trouve bel et bien du côté italien du Massif du Mont Blanc. Il surplombe en effet le Val Veny, une vallée séparant le Massif du Mont Blanc de celui des Alpes Grées. Démarrant au Col de la Seigne, à la frontière entre la France et l'Italie, elle se termine dans la cité alpine de Courmayeur. C'est également un des passages phares du Tour du Mont Blanc.
L'ascension du Petit Mont Blanc s'effectuera en deux parties : une première journée en direction du Bivacco Gino Rainetto situé à 3047m où nous passerons la nuit. Et une seconde journée pour l'ascension des dernières centaines de mètres vers le sommet et la descente intégrale. Ce sommet peut s'effectuer à la journée mais le dénivelé (autour de 1800m) est important et vous louperez un des facteurs qui nous conduit vers ces lieux : une nuit dans le Bivacco Rainetto avec le coucher et le lever du soleil sur le Massif du Mont Blanc et la Vallée d'Aoste. Les deux parties de l'ascension seront également différentes dans le sens où la première journée sera exclusivement de la randonnée alors que la seconde se réalisera en partie sur un petit glacier.
Sur les topos du Petit Mont Blanc, il est spécifié une cotation d'alpinisme F (facile) dans sa réalisation. La traversée du Glacier Oriental du Petit Mont Blanc ainsi que les quelques rochers sommitaux expliquant le passage de la randonnée à l'alpinisme. Or, nous verrons que la nature du glacier n'a rien de très alpinistique, de même que les derniers ressauts jusqu'au sommet, le réchauffement climatique ayant modifié la course du Petit Mont Blanc.
Le départ pour l'ascension du Petit Mont Blanc se trouve au coeur du Val Veny. La petite route longeant le talweg de la vallée à partir de Courmayeur nous conduit sous les faces abruptes des cimes du Massif du Mont Blanc. On traverse campings, bas du domaine skiable et restaurants d'altitude pour atteindre les derniers petits hameaux du Val Veny. Initialement, et sur les topos que vous trouverez concernant cette montagne, un départ depuis le Hameau de la Visaille est indiqué. Or, le jour de notre arrivée, la route forestière menant aux quelques baraquements est exceptionnellement fermée. On se gare donc quelques centaines de mètres plus bas, près du Bosco del Miage, en bord de route, aux alentours de 1600m d'altitude.
Jour 1 : La montée vers le Bivacco Gino Rainetto.
La première partie de cette randonnée est peu intéressante, on suit la petite route jusqu'à sa terminaison, près du Lac de Combal. Heureusement, cette route n'est pas ouverte aux véhicules motorisés, seuls les piétons et les vttistes arpentent l'asphalte avant de déboucher sur les sentiers de randonnée. On ne se situe pour le moment pas sur le Tour du Mont Blanc, cet itinéraire fuyant en amont pour éviter le goudron. La foule est pourtant importante, certains marcheurs préférant poursuivre la descente plus directement vers Courmayeur. Il nous tarde de partir dans les sentiers escarpés pour leur échapper.
Le torrent sillonnant le Val Veny humidifie toute la vallée. Il faut dire qu'avec la fonte des glaciers, c'est bien les torrents glaciaires qui ne sont pas affectés par la sécheresse de cet été 2022.
Dès les premiers mètres, on aperçoit l'objectif de notre randonnée. Bien que le sommet principal que l'on aperçoit sur cette photo soit l'Aiguille de Tré la Tête 3930m, on peut également deviner le Petit Mont Blanc. Il s'agit du premier rocher à l'ombre sur la gauche de l'aiguille, dans le prolongement du petit glacier grisâtre.
On ne démarre pas sous n'importe quel sommet. Le Mont Blanc de Courmayeur 4748m se dresse sur la droite de l'itinéraire. Contrairement à la face française du Mont Blanc, ce côté là est quasiment dénué de tout glacier. Les falaises du Mont Blanc italien restent toutefois gigantesques. Au centre gauche, on aperçoit le Rifugio Monzino, point de départ pour le Mont Blanc de Courmayeur ou encore l'Aiguille Noire de Peuterey.
On arrive sur le Haut Val Veny. Au fond à gauche, on devine le Col de la Seigne marquant la frontière entre la France et l'Italie mais également entre les Alpes Grées (à gauche) et le Massif du Mont Blanc (à droite). Au centre, l'Aiguille des Glaciers domine le vallon italien.
Au bout de 4km, on quitte la route pour un vrai sentier de randonnée. On arrive devant la plaine du Lac de Combal. Enfin, de l'ancien Lac de Combal puisque cette plaine n'est en réalité plus qu'une immense tourbière traversée par divers alluvions et parsemée de pelouse alpine. Auparavant, on trouvait donc le Lac de Combal. Un immense lac créé par le barrage naturel de la moraine du Glacier du Miage et alimenté par les Glaciers de la Lex Blanche et des Echélettes. Maintenant ce lac est comblé par les sédiments mais l'eau reste prédominante puisque c'est un vaste marécage qui compose le fond de vallée. Sur la photo ci-dessus, le sentier nous fait traverser en balcons au-dessus de l'ancien Lac de Combal. On se situe sur le barrage naturel qui permit autrefois l'apparition de ce lac glaciaire.
Les panneaux italiens indiquent bien la direction du Bivacco Rainetto. Après être passé de l'autre côté de l'ancien Lac de Combal et quitté le Tour du Mont Blanc, on commence à s'élever dans les gradins herbeux en aval des Aiguilles de Combal et du Mont Tseuc, deux petits sommets présents sur le même dôme du Petit Mont Blanc. Face à nous, les premiers sommets des Alpes Grées avec le Monte Percé 2844m au centre et la Pointe Léchaud 3128m tout à droite.
Puis l'herbe laisse peu à peu place aux pierriers. La pente s'incline davantage et l'on pénètre dans le goulet séparant les Aiguilles de Combal du Mont Tseuc. On entre dans le royaume des Bouquetins.
Il suffit parfois même de les suivre. Le sentier du Bivacco Rainetto est indiqué via ces points jaunes inscrit du numéro 14.
Au niveau des Aiguilles de Combal (à gauche), on atteint un replat. Quelques sommets supplémentaires font leur apparition dans le paysage : le Monte Berio Blanc à gauche, suivi de la Tête du Ruitor et ses glaciers. Légèrement à droite du panorama, les premiers sommets de la Vanoise sont de la partie avec le Dôme de la Sache et le Mont Pourri.
En direction de la France, c'est le Massif du Beaufortain qui comble l'arrière-plan. On devine même la Pierra Menta.
Cependant, la montée n'est pas finie, il reste encore 200m de dénivelés pour atteindre le Bivacco. On poursuit dans les ressauts rocheux. Dans le même temps, la Glacier de la Lée Blanche se dévoile légèrement.
Bien que le Mont Blanc se cache pour le moment, le Bivacco Rainetto apparait au-dessus de nous.
On arrive au Bivacco Gino Rainetto sur les coups des 17h30. Par chance, personne n'occupe les lieux. Pourtant, sur les topos, il est spécifié que le Bivacco est souvent pris d'assaut par les randonneurs qui souhaitent soit gravir le Petit Mont Blanc, soit tout simplement y passer la nuit. Il était ainsi conseillé d'arriver là-haut à la mi-journée pour avoir une place au chaud. Mais en cette fin août, les neuf couchages sont libres et tant mieux, parce que l'on est vite serré dans ce petit bunker d'altitude.
Perché à 3047m, le Bivacco Gino Rainetto (ou Bivacco du Petit Mont Blanc) a été installé en 1964 sur les pentes du Massif du Mont Blanc. En 1972, il prend son nom actuel en mémoire à l'alpiniste Gino Rainetto décédé d'un accident de ski de randonnée en 1971 près de la Vallée du Grand Saint-Bernard. Il est composé de 9 couchages avec couvertures et d'une table. Avec la fonte du glacier le surplombant quelques centaines de mètres plus à l'Ouest, une source permet l'approvisionnement en eau.
En prenant place dans la petite installation, nous entendons quelques claquements sur la coque du Bivacco. Il n'y a pourtant pas de vent et les cailloux l'entourant sont stables. En faisant le tour du cabanon, nous faisons la connaissance d'un voisin peu farouche.
Une femelle bouquetin se trouve juste derrière le Bivacco. Loin d'être impressionnée par les deux hurluberlus que nous sommes, elle continue de lécher les cailloux des environs à la recherche d'un peu de sel. Mais il ne faut pas trop la chercher, si nous lui tendions la main près de sa tête, elle nous signifiait sa désapprobation en nous donnant de léger coups de corne.
A défaut de contempler le Mont Blanc, les aiguilles acérées du versant italien embellissent le panorama depuis le Bivacco.
400m au-dessus de nous, le sommet du Petit Mont Blanc et son glacier se dressent à l'Ouest.
La cime du géant fait une furtive apparition.
Avant que le soleil ne se cache et que la température ne baisse trop, on se décide à rejoindre la source d'eau de fonte du glacier pour y remplir nos gourdes et prendre notre douche.
On ne se lasse pas du panorama depuis le Bivacco. A gauche en direction de l'Aiguille de la Grande Sassière, à droite en direction du Ruitor.
La nébulosité semble se dissiper au fur et à mesure.
Vers l'Aiguille Noire de Peuterey 3773m.
Vue plongeante sur le Val Veny. On aperçoit bien l'immense pince de la moraine du Glacier du Miage.
Le front du Glacier Oriental du Petit Mont Blanc vu du ciel.
L'itinéraire du lendemain, entre glace et roche, le glacier étant maintenant découpé en deux blocs distincts.
Puis, on attend patiemment que les lumières crépusculaires teintent le ciel alpin. On guette les changements de luminosité depuis nos couchettes. Les petits hublots du Bivacco nous laissant entrevoir le paysage.
Même du haut de ses 4805m, le Mont Blanc n'est pas épargné par l'érosion et le réchauffement climatique. On entend et on voit à de nombreuses reprises des éboulements sur sa face Sud-Ouest, on aperçoit d'ailleurs les trainées dans la neige à gauche sous sa cime. Même les glaciers près de son sommet sont striés d'immenses crevasses, signes que leur chute semble imminente.
Voyant la luminosité changer, on se dirige quelques centaines de mètres plus au Nord du Bivacco, vers la falaise plongeant sur le Glacier du Miage. On se rapproche ainsi du géant des Alpes.
Le Mont Blanc et son glacier éponyme / Le Massif de la Vanoise avec notamment le Mont Pourri et la Grande Casse.
Le Monte Berio Blanc est encore baigné par le soleil. A sa gauche, la Grivola a la tête dans les nuages.
Les Grands Combins pointent au-dessus des nuages.
La cime de l'Aiguille des Glaciers se fait cisailler par les rayons.
Le Glacier du Mont Blanc et ses innombrables séracs.
Le haut et le bas du Glacier du Mont Blanc. Sa base n'est même plus connectée au Glacier du Miage.
L'Aiguille de Bionnassay 4052m semble bien fragile au vu des éboulements sous sa cime.
Les quelques cirrus survolant le Massif du Mont Blanc vont ensuite nous offrir une spectacle céleste grandiose au-dessus du toit de l'Europe.
On retourne vers le Bivacco en attendant les derniers éclats.
Quelques géants du Massif de la Vanoise : le Dôme de la Sache, le Mont Pourri, la Grande Casse et le Sommet de Bellecôte.
La calotte glaciaire du Ruitor.
Vue de la porte d'entrée.
Le bal des cirrus débute au-dessus des Alpes françaises et de l'Aiguille des Glaciers.
Dernières lueurs sur les Grands Combins.
Puis le Mont Blanc se pare d'orange et de rose.
L'Aiguille de Tré la Tête et le Petit Mont Blanc ne font pas exception.
A l'extérieur du Bivacco, le silence règne. Les quelques rafales de vent se sont peu à peu évanouies et la source d'eau de fonte s'est tue, signe que le glacier reprend des forces avant les chaleurs du lendemain. La Vallée d'Aoste bourdonne à peine avant que le ciel ne noircisse au-dessus des Alpes.
Aiguille de Tré la Tête / Mont Blanc / Aiguille Noire de Peuterey.
Notre cadre pour la nuit !
Un fois le spectacle fini, on se décide enfin à s'emmitoufler dans le Bivacco.
Avant de dormir, quelques étoiles pétillent dans le ciel.
Le réveil est prévu à 6h. On ne prévoit pas un lever de soleil au sommet du Petit Mont Blanc afin de voir où l'on met les pieds lorsque nous arpenterons le glacier. C'est donc sous les premiers rayons que nous gravirons le petit mont.
Jour 2 : Ascension du Petit Mont Blanc et descente dans le Val Veny.
Quelques minutes à peine après notre réveil, le ciel alpin commence déjà à s'enflammer. De petits nuages sont encore présents mais leur faible nombre laisse apparaitre de nouveaux géants alpins.
Sur ces photos, la Lune surplombe quelques uns des plus hauts sommets de l'arc alpin : les Grands Combins, le Mont Velan, le Cervin et le chaînon du Mont Rose.
De l'Aiguille Noire de Peuterey au Mont Rose. Les Alpes Pennines, à cheval sur la Suisse et l'Italie, s'élancent au Nord-Est.
Les dents du Massif du Mont Blanc se décalquent parfaitement ce matin-là : on peut reconnaitre les Aiguilles Blanches de Peuterey à gauche, la Pointe Gugliermina qui se détache de son arête droite, les Dames Anglaises pile au centre et l'Aiguille Noire de Peuterey. C'est l'un des coins les plus vertigineux du Massif du Mont Blanc et l'un des plus prisés par les alpinistes.
Derrière le Bivacco, en plus des Alpes Grées et du Beaufortain, quelques cimes des Ecrins et des Grandes Rousses émergent au-dessus de la brume : Barre des Ecrins, Grande Ruine, Pic Gaspard, Meije, Râteau, Roche de la Muzelle, Pic de l'Etendard.
De l'Aiguille de la Grande Sassière à la Meije, en passant par la Pointe de Charbonnel, le Mont Pourri, la Grande Casse, le Dôme de Peclet-Polset et la Barre des Ecrins.
Le soleil ne saurait tarder à apparaitre à droite du Cervin. La Grivola 3969m bénéficie déjà des premiers rayons.
Notre regard est fixé à mi-chemin entre le Cervin et le Mont Rose.
Puis c'est la douche de rayons lumineux jusque dans le Bivacco.
En zoomant, on devine quelques sommets supplémentaires dans les Alpes françaises, notamment les Aiguilles d'Arves et les Aiguilles de la Saussaz à droite du Râteau et du Pic de la Grave. Ainsi que la Roche de la Muzelle présente tout à droite.
Le calme règne sur les cimes de la Vanoise.
C'est bon, le Glacier Oriental du Petit Mont Blanc est sous les projecteurs. On peut se lancer à l'assaut du sommet.
On quitte le Bivacco Gino Rainetto pour démarrer l'ascension des 400m de dénivelés qui nous séparent du sommet du Petit Mont Blanc. On y laisse quelques affaires pour ne pas tout trimballer jusqu'au sommet. L'itinéraire de descente étant le même qu'à la montée. On débute dans un chaos de pierres où quelques cairns et points jaunes aident à évoluer en direction du glacier. Au bout d'une centaine de mètres de dénivelés, on atteint la base du Glacier Oriental du Petit Mont Blanc. Sa surface a bien regelé pendant la nuit, les rigoles d'eau de fonte que l'on observe sur sa glace sont vides pour le moment.
Nous avons maintenant un choix à faire. Soit partir sur le glacier en le remontant jusqu'à la base du sommet soit le contourner par la gauche en arpentant les blocs qui longent le front glaciaire. Ce dernier itinéraire est possible depuis peu à cause de la fonte du glacier. Cependant, l'absence de crevasses nous convainc de tenter l'ascension par le glacier, ce qui nous fera gagner du temps. De plus, nous avions pris le soin d'emporter avec nous nos chaussettes à crampons, ce qui était indispensable pour grimper sur le glacier. Une fois sur le front glaciaire, nous enfilons donc ces petits crampons et partons à l'assaut de ce dôme gelé.
Le regel et l'absence de crevasses rendent l'expérience glaciaire aisée. Les pentes n'excédent pas les 30° d'inclinaison et la visibilité sur le sommet tout au long de la traversée permet de se diriger facilement vers la cime du Petit Mont Blanc.
Derrière nous, les Alpes Grées, le Massif du Grand Paradis, le Massif de la Vanoise et le Massif des Ecrins.
Derrière le Monte Berio Blanc, le Grand Paradis 4061m se montre enfin aux côtés de la Grivola, de la Tresenta et du Ciarforon.
Comme on peut le voir sur l'une des photos ci-dessus, le Glacier Oriental du Petit Mont Blanc est maintenant divisé en deux parties. Le réchauffement climatique ayant fait son oeuvre et continue à le faire. On enlève donc nos crampons sur quelques dizaines de mètres avant de les remettre pour achever l'ascension du glacier. Notez que sur les cartes topographiques, le Glacier Oriental du Petit Mont Blanc est encore en un seul morceau. Sa division est assez récente.
Le Massif du Grand Paradis au grand complet : du Monte Emilius tout à gauche au Ciarforon à droite, juste avant le dôme du Ruitor (appartenant quant à lui aux Alpes Grées).
Avant de buter sur les rochers menant au sommet du Petit Mont Blanc, on s'autorise une petite déviation sur une crête rocheuse histoire de contempler en avant première les glaciers présents au Sud et à l'Ouest de la montagne.
L'Aiguille des Glaciers et l'Aiguille de Tré la Tête surplombent les glaciers : de la Lex Blanche pour la première, du Petit Mont Blanc pour la seconde.
Les séracs et les crevasses des Glaciers de la Lex Blanche (à gauche) et du Petit Mont Blanc (à droite).
Depuis l'itinéraire du Petit Mont Blanc, on peut entreprendre l'ascension de l'Aiguille de Tré la Tête, mais les fortes chaleurs estivales ont ouvert d'immenses crevasses sur le haut du Glacier du Petit Mont Blanc (photo de droite) qu'il faut traverser pour rejoindre l'arête de l'aiguille. Cette course d'alpinisme est pour le moment fortement déconseillée.
On retourne sur le haut du Glacier Oriental du Petit Mont Blanc pour aller chercher la petite sente qui zigzague entre les blocs rocheux jusqu'au sommet. Il n'y a aucune difficulté à atteindre le sommet. Au bout de quelques dizaines de mètres, on atteint la rustique croix sommitale.
On se retrouve nez à nez avec le Mont Blanc et sa face Sud-Ouest encore dans l'ombre. Contrairement à son grand frère, le sommet du Petit Mont Blanc est entièrement composé de roche et est globalement étroit. Mais personne n'est présent au sommet, à part nous. On profite du paysage quelques minutes. Depuis le sommet, il faut bien regarder en haut, en bas, à droite et à gauche pour ne manquer aucun détail.
On reste par moment scotchés sur les glaciers que l'on surplombe.
Glacier non crevassé et glacier crevassé.
Le Bivacco Gino Rainetto depuis le sommet du Petit Mont Blanc.
Du Val d'Aoste aux Grandes Rousses. Le Val Veny profite tout juste des premiers rayons.
Glacier de la Lex Blanche et Glacier du Petit Mont Blanc.
Panorama vers l'Est : Massifs du Mont Blanc, des Alpes Pennines, des Alpes Grées, du Grand Paradis, du Mont-Cenis, de la Vanoise, des Ecrins, des Arves, du Beaufortain et des Grandes-Rousses
Panorama vers l'Ouest : l'Aiguille des Glaciers, l'Aiguille de Tré la Tête, l'Aiguille de l'Aigle, l'Aiguille de Bionnassay, le Dôme du Gouter, les Bosses, le Mont Blanc, le Mont Blanc de Courmayeur.
Avant d'entamer la descente, quelques prises de drone :
Le Glacier du Petit Mont Blanc qui dévale la pente pour tenter de rejoindre son voisin de la Lex Blanche.
Seuls, au sommet du Petit Mont Blanc 3424m.
On ne tarde pas trop à redescendre car malgré une altitude significative, il ne fait aucunement froid et nous devons profiter du regel nocturne du glacier pour descendre sans difficultés vers le Bivacco. Dès nos premiers pas à la surface de celui-ci, les premières rigoles commencent à ruisseler d'eau de fonte. Il n'est même pas 9h du matin.
On dévale tranquillement les quelques blocs jusqu'au glacier.
Puis c'est reparti pour la traversée glaciaire.
De retour au Bivacco Rainetto, on reprend les affaires que nous avions laissé et nous remettons les couchages en ordre avant de plonger vers le Val Veny.
On descend doucement mais surement la première partie dans les chaos de pierres. Avant les gradins herbeux on retrouve quelques caprinés qui paissent tranquillement dans le vallon.
Au lieu de directement retrouver le Rifugio Combal, on remonte une centaine de mètres la moraine du Glacier du Miage afin de le surplomber et de rejoindre le Lago del Miage un peu plus loin. On domine ainsi un glacier très singulier dans le Massif du Mont Blanc.
Sur l'arête de la moraine du Glacier du Miage.
Une fois sur l'arête, on croirait surplomber un champ de bataille. Le chaos de pierres noires et couleur rouille s'étale sur des kilomètres. Et pourtant, il s'agit bien du lit du Glacier du Miage. Ce dernier a la spécificité d'être un glacier dit ''fossilisé''. En effet à partir de 2400m environ et jusqu'à son front glaciaire situé à 1700m d'altitude, le Glacier du Miage est recouvert par une couche de roche. En dehors des gros blocs rocheux, on évalue cette couche détritique à environ 15cm d'épaisseur. Cette couche de roche est le résultat des mouvements du glacier qui, en avançant, pousse sur sa surface roche et cailloux présents en aval. De plus, les éboulements en amont du glacier amènent une quantité supplémentaire de roche sur sa surface. Cette spécificité en fait l'un des principaux glaciers noirs des Alpes. Cette couche de roche a un avantage : elle protège la surface du Glacier du Miage des rayons du soleil et de la chaleur ce qui explique la relative basse altitude de son front glaciaire. Cependant, même avec cette couche protectrice, le Glacier du Miage est victime du réchauffement climatique comme on peut le voir sur les photos. Son épaisseur rapetissant d'année en année.
En plus d'être un glacier noir, le Glacier du Miage est l'un des plus grands glaciers des Alpes italiennes et le plus grand du versant italien du Massif du Mont Blanc. Il mesure 10km de long. Il nait aux alentours de 4000m d'altitude et est alimenté par le Glacier italien de Bionnassay, le Glacier du Mont Blanc ainsi que le Glacier du Dôme. Sa présence en fond de vallée en fait l'un des glaciers du massif les plus accessibles.
En direction de l'Aiguille de Bionnassay, on a aperçoit le Glacier du Mont Blanc chutant vers le lit du Glacier du Miage. C'est en arpentant sa surface en direction du Rifugio Gonella que l'on entreprend la voie italienne de l'ascension du Mont Blanc.
Par moment, la glace refait surface. On entend ainsi le résultat de la fonte avec de petits éboulis qui s'effectuent quasi constamment sur ces parties gelées.
Le sentier n'est pas très large et varie en fonction des mouvements du glacier.
Un peu plus loin, on arrive à l'ancien emplacement du Lago del Miage. Alors que l'année dernière, dans ces creux, se trouvait un lac de fonte d'une couleur turquoise, les mouvements du glacier et le probable percement d'une cavité souterraine ont fait disparaitre le Lago del Miage. Il a été remplacé par d'immenses cratères de roches et de glaces. Peut-être, qu'un jour, l'un d'entre eux se reremplira à nouveau pour former un autre lac.
On poursuit et termine la descente vers la voiture sous le Glacier du Freiney et la cime élancée de la Dent du Géant.
Le Petit Mont Blanc est maintenant quasi randonnable. En passant une nuit dans le Bivacco Gino Rainetto, l'ascension de ce sommet, petit par rapport à ses grands voisins, offre un cadre montagnard exceptionnel, autrefois réservé aux alpinistes chevronnés. Il permet aux simples randonneurs une vue atypique depuis sa cime : dominer glaciers, séracs et crevasses sans trop se mettre en danger. Il fait aussi rêver ceux qui entreprennent son ascension en touchant quasiment du doigt le toit de l'Europe occidentale. Un jour, peut-être, finiront-ils au sommet du grand Mont Blanc !
ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :
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