- La Tête de Vallon Pierra 2512m depuis le Vallon de la Jarjatte

Publié le 30 juin 2024 à 00:07

Réalisée le 27-28 juin 2024

 

Le Massif du Dévoluy, à l'instar de celui du Vercors, de la Chartreuse ou du Diois, fait partie des massifs préalpins. Mais sa singularité provient non seulement de son altitude qui frôle les 2800m à son point culminant mais aussi de ses immenses pierriers remplaçant les glaciers aujourd'hui disparus sur ses pentes. 

Beaucoup moins couru du fait de sa position excentrée des grandes métropoles, le Dévoluy a gardé son caractère sauvage sur une grosse partie de son territoire au point que nombre de ses cimes et vallons ne possèdent pas de sentiers officiels sur les cartes IGN. C'est seulement sur le terrain ou à vue que le randonneur peut être aidé par quelques cairns ou la topographie du terrain afin de s'élever vers les sommets dévoluards.

Le Massif du Dévoluy est relativement petit par rapport à ses voisins du Vercors ou des Ecrins. Il est subdivisé en trois entités : la Montagne de Faraut à l'Est, la Montagne d'Aurouze au Sud et la barrière occidentale. Au centre, un plateau valloné accueille petits villages et petites stations familiales et permet également d'autres accès pour les hauteurs du massif.

Les plus hautes cimes du massif sont de réels défis pour les randonneurs tant dans la dénivellation que pour l'orientation et l'exposition de certaines vires. Mais pour l'objectif du jour, on ne part pas en terrain escarpé.  En effet, la Tête de Vallon Pierra est un classique pour découvrir ce massif et notamment l'un de ses joyaux qu'est le Lac du Lauzon. Du haut de ses 2512m, elle se situe sur la barrière occidentale, juste à côté du second point haut du massif : le Grand Ferrand 2758m. Bien que la totalité de cette randonnée ne soit pas inscrite sur les cartes, l'itinéraire ne présente aucune difficulté et peut tout à fait se réaliser à la journée. Cependant, si l'envie d'un bivouac se fait sentir, les prairies du Lac du Lauzon, l'alpage du Col de Charnier ou le Vallon Pierra sauront vous accueillir dans un cadre montagnard unique. 

 

Trois départs classiques sont possibles pour atteindre le sommet de la Tête de Vallon Pierra : 

- un départ depuis le coeur du Massif du Dévoluy près d'Agnières en Dévoluy dans le département des Hautes-Alpes.

- un départ depuis les hauteurs de Tréminis dans le département de l'Isère.

- un départ depuis le Vallon de la Jarjatte dans le département de la Drôme.

 

On choisira la dernière option pour profiter pleinement des splendides reliefs entourant le Vallon de la Jarjatte mais également dans le but de faciliter les possibilités de circuit dans la zone. 

 

D'ailleurs, nous partons pour passer la nuit près du sommet de la Tête de Vallon Pierra. On en profite donc pour rallonger le circuit afin de contempler d'une autre manière notre approche du sommet. Reste à savoir où nous allons poser notre tente. 

 

Jour 1 : Du Vallon de la Jarjatte au Vallon Pierra.

 

Le Vallon de la Jarjatte est situé sur l'extrémité Est du département de la Drôme. Au Nord de ce dernier, on bascule dans le Trièves et donc le département de l'Isère. A l'Est et au Sud, les différents cols du Dévoluy vous feront basculer dans le département des Hautes-Alpes. 

Ce petit vallon est un véritable bijou drômois : sauvage et encadré par des reliefs dolomitiques que l'on observe nulle part ailleurs dans les Alpes françaises. Il n'est pas étonnant qu'en 2009 il soit inclus dans le Parc Naturel Régional du Vercors pour y consacrer sa nécessaire protection. Ne soyez donc pas surpris de croiser ici ou là des panneaux indiquant que vous vous situez dans le Parc du Vercors, alors que vous êtes bien dans le Dévoluy. Les entités administratives n'ont que faire des entités géologiques.

Depuis l'Isère, on se rend dans le Vallon de la Jarjatte en franchissant le Col de Lus-la-Croix-Haute, puis une petite route nous mène à travers le village éponyme, se faufile à l'entrée du vallon et se meurt au niveau du Parking Saboyer, aux abords du Buëch. Pas question d'aller plus loin avec la voiture, d'autant que la première étape de la randonnée consiste à rebrousser chemin sur quelques centaines de mètres.

En effet, pour appréhender l'ascension de la Tête de Vallon Pierra, on décide de s'élever sur la chaîne de montagne séparant le Diois du Dévoluy. Ces immenses montagnes à vaches marquent la frontière à la fois entre les deux massifs mais également entre le Trièves au Nord et le Vallon de la Jarjatte au Sud. De là-haut, une magnifique vue sur les sommets du coin s'offre à nous.

Depuis le Parking Saboyer, on ne grimpe donc pas directement vers le Col de la Croix. On recule, à pied cette fois-ci, sur quelques longueurs jusqu'aux Granges des Forêts pour bifurquer sur un sentier s'élevant dans le Ravin de l'Aiglaire en direction du Col de Priau.

Depuis les Granges des Forêts, on a déjà un petit aperçu des reliefs surplombant le Vallon de la Jarjatte. Au centre de la photo, le Rocher Rond 2453m.

 

Le sentier longeant le talweg du Ravin de l'Aiglaire s'apparente dans un premier temps à une piste forestière. Il a l'avantage d'héberger un torrent ce qui peut permettre le ravitaillement en eau lors de l'ascension du Col de Priau. Attention, la prochaine source se situera près du Lac du Lauzon. Il ne faut donc pas hésiter à puiser cette eau.

Au milieu de la montée, la piste se perd. On continue à suivre fidèlement le fil du ruisseau qui a tendance à s'amenuiser au fur et à mesure de l'ascension. Puis on finit par mettre pied sur un petit sentier qui nous mènera jusqu'au col. Il n'y a aucune signalétique sur cette portion. Les cartes OSM seront d'ailleurs d'une plus grande aide que les cartes IGN.

Au Col de Priau 1548m, le Grand Ferrand ainsi que la Tête de Vallon Pierra s'ajoutent dans le panorama

 

De l'autre côté du col, on domine de Vallauris. Au fond de ce dernier, la Toussière 1916m, une des principales montagnes du Massif du Diois. A droite, on observe la Pointe Feuillette 1882m, le point le plus haut du chaînon séparant le Col de Lus-la-Croix-Haute de la barrière occidentale du Dévoluy.

 

Au Col de Priau, la sente se perd un nouvelle fois dans les alpages. On rejoindra donc à vue le sommet de la Montagne de Paille en longeant l'éboulis sur son versant Sud. Ouvrez l'oeil, au vu du nombre de crottes croiser sur ces gradins herbeux, ce coin a l'air extrêmement prisé des chamois. Nous en zieuterons d'ailleurs deux arpentant les ravines en contrebas.

 

En haut de l'éboulis, le duo du Garnesier apparait au Sud. Il ne nous reste plus qu'à franchir le ressaut rocheux de la Montagne de Paille (à gauche)  pour arriver à sa cime. On peut aisément le faire en le contournant par l'Ouest.

 

Un fois sur la Montagne de Paille 1784m, la vue se dégage sur l'entièreté de la barrière occidentale du Dévoluy : de l'Obiou à la Tête du Garnesier en passant par la Tête des Cavales, le Rougnou, la Tête de l'Aupet, le Grand Ferrand, la Tête de Vallon Pierra, la Tête de Lauzon, la Tête de Plate Longue, le Rocher Rond, la Crête de la Rama, la Tête des Vachères, le Haut Bouffet et le Roc de Garnesier.

 

Au sommet, on atterrit un grand sentier s'élançant d'Ouest en Est. On met pied sur le Gr93 évoluant des environs de Valence jusqu'aux environs de Gap. Ce Gr traverse ainsi les contreforts Sud du Vercors, une petite partie Nord du Diois et transperce le Dévoluy. Nous allons d'ailleurs le suivre sur une bonne partie de l'itinéraire.

 

La suite consiste maintenant à se diriger enfin vers l'objectif de la randonnée : la Tête de Vallon Pierra. On suivra donc vaguement le Gr93 sur les arêtes herbeuses jusqu'au Col de la Croix pour finalement grimper vers le Lac du Lauzon et pénétrer pleinement dans l'environnement dévoluard. On suit ainsi la ligne de frontière entre l'Isère et la Drôme.

Ces immenses alpages vont radicalement contraster avec les pierriers du Dévoluy. La flore est d'ailleurs dans tous ses états : Marguerites, Arnica, Asters des Alpes, Trolls d'Europe, Lys de Saint-Bruno. La relative faible altitude et l'humidité du printemps ne sont pas étrangers à cette explosion florale.

On devine le sentier d'ascension vers le Lac du Lauzon sur la partie haute de l'alpage au centre-droit.

 

En surplomb du Col de la Croix.

 

 

 

Légèrement en contrebas du Col de la Croix 1497m, sur son versant isérois, on trouve en lisière de forêt le Refuge du Col de la Croix. 

Il s'agit d'une annexe de la maison des bergers de l'alpage. Cette appellation ''Refuge'' peut porter à confusion car en réalité il s'agit d'un abri non-gardé ouvert toute l'année. 

Il est composé de 6 couchages avec des matelas et un poêle (mais pas de couvertures !). 

Et même si en été le coin n'est pas le plus sauvage du massif, cet abri peut être utile par mauvais temps ou hors saison.

 

Après le Col de la Croix, les choses sérieuses commencent. Il nous reste un peu plus de 3km pour atteindre le Lac du Lauzon et l'ascension se fait dans des alpages déversant majoritairement en face Sud. De quoi transpirer un peu avant d'atteindre la divine source du Lac du Lauzon.

 

Près du Col des Aurias.

 

Du Rocher Rond aux Crêtes de la Rama.

 

Un peu avant d'atteindre le Lac du Lauzon, on passe juste à côté d'une source. Encore une fois, il ne faut pas hésiter à faire le plein d'eau. Il est rare de trouver de si belles sources dans le Massif du Dévoluy. Comme tous les massifs calcaires de la région (Vercors, Chartreuse, Diois), ces reliefs sont de véritables passoires. C'est pourquoi il est très rare de croiser des lacs sur son chemin dans ces massifs. 

 

Ainsi le Lac du Lauzon 1953m est l'unique lac du Massif du Dévoluy. De taille tout à fait modeste, il niche au milieu d'un cadre montagnard d'exception : entre pierriers dégoulinant des parois dévoluardes, il semble protégé par des alpages verdoyants. Il est souvent qualifié de Perle du Dévoluy.

 

Vous allez me dire : encore une Lac du Lauzon ! 

Et c'est vrai qu'il existe de nombreux autres lacs prénommés de la sorte (dans les Ecrins ou dans le Queyras par exemple). L'étymologie de ces lacs provient en réalité de leur taille. ''Laus'' signifie lac ou étang, ''Lauzon'' faisant donc référence à un petit lac.

 

La caractère singulier du Lac du Lauzon ne tient pas seulement à sa solitude dans le Massif du Dévoluy. En effet, comme tous les lacs alpins, son écosystème est fragile. Il l'est tout particulièrement pour ce lac car comme on peut le voir sur les photos, on observe énormément de végétation aquatique dans ses eaux. 

Ce développement végétal est appelé phénomène d'eutrophisation. Il est en grande partie dû à l'Homme par le biais à la fois du réchauffement climatique qui augmente la température de ses eaux mais également par le biais de l'activité pastorale. Les troupeaux et leurs excréments favorisent les substances nutritives pour ces algues et ces végétaux aquatiques.

Le Lac du Lauzon est donc en voie de disparition. Au plus fort de l'été, son coeur est uniquement visible. Le reste n'est que végétation. Ainsi, le printemps et le début de l'été sont les meilleurs moments pour apercevoir la superficie totale du Lac du Lauzon.

 

 

 

 

Malgré une eau en abondance sur l'alpage du Lac du Lauzon, la Tête de Vallon Pierra nous fait de l'oeil juste au-dessus du lac. On se contente donc de remplir nos besaces d'eau puis on s'attaque au Col de Charnier situé en amont du lac. 

On quitte temporairement les alpages pour entrer dans le monde minéral. 

La Tête de Vallon Pierra et le Col de Charnier à droite.

 

 

En une vingtaine de minutes, on atteint le Col de Charnier 2103m. On met ainsi pied pour la première fois dans le département des Hautes-Alpes. De l'autre côté, pas de lac mais le Vallon de Charnier partagé entre les éboulis et les prairies.

Quelques mètres près du col, un névé agonisant sera mis à contribution pour réhydrater notre plat lyophilisé. De quoi économiser le précieux liquide pour la soirée et la nuit.

Le Col de Charnier peut être un lieu idéal pour bivouaquer avec une ample vue sur le Lac du Lauzon et le Vallon de la Jarjatte. Cependant, nous restons attirés par l'idée de poser notre tente au plus près du sommet, probablement dans le Vallon Pierra. Au pire, si cela n'est pas possible, nous nous rabattrons sur le Col de Charnier.

 

Le Lac du Lauzon et le Vallon de la Jarjatte depuis le Col de Charnier. A droite, on aperçoit la Tête de Lauzon 2278m.

 

Entre la Tête de Lauzon à gauche et la Tête de Vallon Pierra à droite, on devine le petit Vallon Pierra. Ses pentes ont l'air douces et en grande partie végétalisées. De quoi nous rassurer pour l'établissement du bivouac.

 

A partir du Col de Charnier, on quitte le Gr93 pour rejoindre le Vallon Pierra. Deux choix s'offrent à nous : soit on suit coeur du vallon, soit on suit le fil de l'arête de la Tête de Lauzon. On finit par choisir la première option car bien que l'on s'apprête à gravir la Tête de Lauzon, une montée progressive du Vallon Pierra pourra nous permettre de savoir où poser la tente.

Une petite sente est présente dans le Vallon Pierra. On devine également les cairns sommitaux présents sur la Tête de Lauzon et la Tête d'Aziz. Mais sur les premières pentes du vallon, c'est à vue que nous évoluerons.

 

 

Une fois dans le Vallon Pierra, on pénètre dans le royaume des marmottes et des chamois. D'ailleurs, deux caprinés se baladent sur l'arête de la Tête de Lauzon. On est vite démasqué par les cris de commérages des marmottes du coin.

Derrière nous, le Vallon Pierra est fermé par le Rocher Rond 2453m. Cette montagne a la double particularité d'être à la fois le point culminant du département de la Drôme mais également le point culminant du Parc Naturel Régional du Vercors. Volant ainsi la vedette au Grand Veymont 2341m depuis le rattachement du Vallon de la Jarjatte au parc en 2009.

 

 

 

Quelques mètres avant d'atteindre l'arête séparant la Tête de Lauzon de la Tête d'Aziz, on croise une petite dépression où trône un névé en son centre. La bordure de ce cratère est relativement plate. On en profite donc pour y poser la tente.

Ce lieu est idéal tant pour la vue sur le Vallon Pierra et les sommets des alentours que pour la protection du vent d'Ouest qui souffle en rafale sur les crêtes du Dévoluy. De plus, il ne nous restera qu'un peu plus de 200 mètres pour rallier la Tête de Vallon Pierra le lendemain matin. Le seul bémol est l'absence d'eau dans les environs. Le petit névé est trop en piteux état. Il faudra donc économiser en attendant de retrouver une source le lendemain matin.

 

 

Après l'établissement du bivouac et après avoir vérifié plusieurs fois que la tente résiste bel et bien aux petites rafales qui traversent le Vallon Pierra. On s'apprête à aller découvrir les différents panoramas depuis les arêtes des petits sommets voisins. On se délaisse de notre sac à dos puis on part à l'assaut de la Tête de Lauzon.

 

Face à la Tête de Lauzon 2278m.

Depuis ce sommet, la vue est imprenable sur le Vallon de la Jarjatte et le Lac du Lauzon. On pourrait presque y plonger dedans.

 

Du sommet, on devine particulièrement bien la délimitation des eaux du Lac du Lauzon qui sont envahies par la végétation. 

Légèrement à l'Ouest, on domine formidablement bien le Vallon de la Jarjatte et le Buëch qui y coule ainsi que les immenses alpages que nous avons en partie traversé plus tôt dans le journée. Au loin, il s'agit du Massif du Diois.

Derrière la crête séparant le Rocher Rond de la Rama, une imposante montagne dévoluarde a émergé. Il s'agit de la Montagne d'Aurouze. Son extrémité gauche correspond au Pic de Bure 2709m et son extrémité droite correspond à la Tête de la Cluse 2683m. Sur ses pentes face à nous s'est développé le domaine skiable de la station familiale de SuperDévoluy.

 

De l'autre côté du Vallon Pierra, la Tête d'Aziz, le Grand Ferrand et la Tête de Vallon Pierra bouchent le paysage. La face Sud de la Tête de Vallon Pierra alternent pierriers et gradins herbeux de manière anarchique mais tout aussi esthétique.

 

 

 

 

Après quelques instants à flirter avec le vide et les paysages depuis la Tête de Lauzon, on se décide à relier la Tête d'Aziz 2316m pour dominer le département de l'Isère. C'est accompagné de l'Aigle Royal et des Vautours fauves du coin que nous arpentons la large arête.

La Tête d'Aziz, le Grand Ferrand et la Tête de Vallon Pierra.

 

Depuis la Tête d'Aziz 2316m, la vue est spectaculaire sur le versant isérois du Dévoluy. On chute de plus de mille mètres pour atteindre le plateau du Trièves. Vers le Nord, la barrière occidentale du massif s'étend jusqu'au point culminant : la Grande Tête de l'Obiou 2790m. On aperçoit aussi subtilement le Massif du Taillefer et le plateau Matheysin.

La Tête d'Aziz depuis le col la séparant de la Tête de Vallon Pierra. On perçoit bien les accumulations de roches en escaliers, typiques du Massif du Dévoluy. Tout à droite de la photo, on devine le Grand Veymont 2341m.

 

 

 

 

 

 

Après le passage de quelques cumulus inoffensifs sur les cimes du coin et un peu avant le coucher du soleil, on remet pied sur cette arête pour apprécier le changement de luminosité. 

 

Le vent d'Ouest est toujours présent mais ne rafraîchit pas tant que ça l'atmosphère. On se pose quelques instants sur la Tête d'Aziz pour bénéficier du panorama tri-départemental qu'offre ce lieu. Sous la Tête de Lauzon, le lac éponyme est déjà dans sa torpeur.

Les Charances du Grand Ferrand se parent de teintes jaunâtres.

A gauche  : les Charances du Grand Ferrand et l'Obiou.

A droite : le sommet du Grand Ferrand.

Au centre : les stries du Massif du Diois et les Trois Becs.

En direction de la barrière orientale du Vercors.

 

Changement de lumière sur le Rocher Rond et la Montagne d'Aurouze.

 

Finalement, le bouquet final du coucher de soleil n'aura pas lieu. La faute à ces trois orages lointains qui se sont formés sur le centre de la France, occultant la suite et la fin de la chute de l'astre.

On quitte donc l'arête bafouée par les vents pour retrouver la tranquillité sous la tente. Plus qu'à attendre que les marmottes et les lagopèdes du coin cessent de batifoler bruyamment dans la montagne pour s'endormir.

 

Jour 2 : L'ascension de la Tête de Vallon Pierra et la descente par le Cirque de Fleyrard.

 

Le temps de replier la tente et de grimper les quelques centaines de mètres restantes pour le lever du soleil, on se réveille à 4h45. Le vent a un peu faibli sur l'arête et le ciel semble clair dans son ensemble. On remet pied sur la Tête d'Aziz puis on suit fidèlement le fil de l'arête jusqu'au sommet de la Tête de Vallon Pierra. Quelques sentes de chamois aident à l'ascension. D'ailleurs deux d'entre-eux nous attendent sur la cime.

 

 

Sur les coups des 6h du matin, on met pied près du cairn sommital de la Tête de Vallon Pierra 2512m. Le lever de soleil ne sera pas si flamboyant qu'espéré. Une quantité non négligeable de sable du Sahara virevolte au-dessus des Alpes. Quelques nuages élevés sont également présents vers l'Est, sur le Massif des Ecrins. 

On profite de cette luminosité toute spécifique qu'offre les particules fines.

Quelques géants des Ecrins sont présents à l'Est : l'Olan, le Pic Jocelme, le Sirac, le Vieux Chaillol etc...

 

La vue sur le Grand Ferrand depuis la Tête de Vallon Pierra est splendide. Cette montagne semble inaccessible, protégée par d'immenses pierriers et des ressauts rocheux infranchissables pour les randonneurs. Pourtant, il y a bien quelques sentes qui se faufilent jusqu'au second point haut du Dévoluy.

 

On domine fièrement le Vallon Pierra et les deux petites pointes que sont la Tête de Lauzon et la Tête d'Aziz.

 

En face, sur le Vercors, l'ambiance matinale est bien terne. Sur la droite, on devine le Lac de Monteynard.

 

On surplombe l'ensemble du Vallon de Charnier.

 

 

Après quelques hésitations, le soleil finit par s'échapper des bancs de nuages élevés. Une teinte jaune s'empare du ciel à l'Est. Cette ambiance n'est pas habituelle au-dessus des Alpes. On immortalise quelques instants ces montagnes ensablées.

 

A gauche : le Sirac 3441m dans une atmosphère saharienne.

Pour la suite de l'itinéraire, on essayera au maximum de ne pas repasser au même endroit que la veille. Même si le Col de Charnier est un passage obligé pour basculer à nouveau sur le Vallon de la Jarjatte. Pour le rejoindre, on ne descendra pas via le Vallon Pierra. On suivra l'arête reliant le sommet où nous nous trouvons au Grand Ferrand. Au niveau d'un col sans nom, on zigzaguera dans le Vallon Froid puis on contournera par l'Est la Tête de Vallon Pierra pour atterrir finalement au Col de Charnier.

Des petites sentes et des cairns aident une nouvelle fois au repérage.

Versant Nord de la Tête de Vallon Pierra depuis le col sans nom.

 

Les glaciers de pierres typiques du Dévoluy. On longera celui-ci pour rejoindre en balcon le Col de Charnier.

 

Au Col de Charnier, nous sommes de retour dans le Vallon de la Jarjatte, de retour dans le département de la Drôme et de retour dans le Parc Naturel Régional du Vercors.

La liaison entre le Col de Charnier et le Lac du Lauzon sera la seule portion du jour que nous aurons en commun avec la veille. 

Au niveau du lac, au lieu de continuer sur le Gr93 en direction du Col de la Croix, on descendra plein Sud au-dessus du Cirque de Fleyrard séparant les alpages du Lauzon du Rocher Rond. 

La descente est radicale. On perd 300m en peu de temps et sur peu de distance entre le Lac du Lauzon et la Cabane de Fleyrard.

A partir de la cabane, le chemin alterne piste forestière et petit sentier pour relier le point de départ de la veille.

La Cabane de Fleyrard face à la Crête de la Rama.

 

En fond de vallon, les torrents provenant des différents cirques du fond de la Jarjatte forment le Buëch qui, 85km plus au Sud, se jettera dans la Durance au niveau de Sisteron. Cette rivière est la principale source d'eau du Bochaine (ou Pays du Buëch).

 

On termine cette randonnée avec le seigneur des lieux, le Rocher Rond 2453m, toujours dans une ambiance bien particulière ce matin-là.

 

La Vallon de la Jarjatte est un lieu unique pour la randonnée. De nombreux sommets sont accessibles depuis ce petit bout de Drôme et la plupart de ces ascensions vous feront côtoyer l'oasis du Lac du Lauzon. Il ne faut surtout hésiter à pousser sa curiosité au-delà de cette perle du Dévoluy pour apprécier pleinement le caractère austère, sauvage mais pas moins splendide du Massif du Dévoluy. D'autant plus qu'en ce qui concerne la Tête de Vallon Pierra, mis à part l'absence de sentier à partir du Col de Charnier, aucune difficulté n'est présente pour la gravir.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 


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