Réalisée le 10-11 novembre 2024
Belledonne est silencieuse en ce début du mois de novembre. Les petites stations du massif attendent la neige, les refuges ont fermé leur porte le mois précédent et la fraicheur des cimes fait hésiter bon nombre de randonneurs à s'aventurer au-delà des 2500m d'altitude. Les foules ont donc quitté les lacs et les sommets de cette chaîne de montagne coincée entre la métropole grenobloise et la Combe de Savoie. A cela, il faut rajouter deux avantages à ce massif : une présence plutôt conséquente de cabanes non-gardées notamment sur sa partie Nord et de multiples sommets peu voire pas du tout balisés jusqu'à leur cime. L'expérience sauvage est ainsi garantie.
Le Sud du Massif de Belledonne est le plus couru. Plus proche de l'agglomération de Grenoble et mieux desservie par les transports et les axes routiers, la zone de Chamrousse, du Vallon de la Pra et du Lac Blanc attirent bon nombre de randonneurs en quête de grands espaces, de paysages grandioses et de coins de fraicheur. C'est pourquoi il est intéressant de se concentrer sur sa partie Nord, plus réservée aux skieurs de randonnée l'hiver, même si la création du Gr738 (la Haute Traversée de Belledonne) a permis une certaine renommée et un certain désenclavement de cette portion montagneuse.
De hauts et sauvages sommets sont pourtant présents sur cette partie de Belledonne : Pic du Frêne, Puy Gris, Roc d'Arguille, Pic de la Grande Valloire ou encore le Grand Morétan. Tous dépassant allègrement les 2500m d'altitude. Ces sommets, à la différence de certains de leurs homologues du Sud tels que la Croix de Belledonne ou la Grande Lauzière ont des sentiers d'accès confidentiels. Un temps radieux et un bon sens de l'orientation sont souvent indispensables pour gravir ces sommets où la signalétique ne se contentera que de quelques cairns plus ou moins visibles.
C'est ce qui fait le charme des sommets du massif. Il ne reste plus qu'à choisir. Et c'est là que le réseau de cabanes non-gardées entre en jeu. Une d'entre-elles fait souvent parler d'elle notamment chez les skieurs de randonnée qui arpentent la zone : le Refuge du Merlet. Situé dans le large Vallon du Veyton, à un peu plus de 1900m d'altitude, sa dizaine de couchages perchée au beau milieu d'un des coins les plus sauvages du massif laisse peu de place à des recherches un peu plus poussées dans d'autres localités de Belledonne. Cela tombe bien, le Grand Morétan surplombe ce refuge du haut de ses 2775m.
Depuis le Haut-Bréda, un circuit alliant plusieurs cols des environs permet de réaliser une jonction entre le Refuge du Merlet et le sommet. Il faudra cependant bien se renseigner sur le sentier d'accès au Grand Morétan qui semble ne s'effectuer que par une rampe d'accès depuis le Col Nord du Gleyzin.
Jour 1 : Du Hameau de Gleyzin au Refuge du Merlet.
Côté isérois, le départ peut se faire via deux fonds de vallées partant du Haut-Bréda : depuis le pont du Veyton ou depuis le hameau de Gleyzin. Dans le but de rallonger cette première journée par le franchissement d'un col, on débute par la dernière option. Cela facilitant également la réalisation d'un circuit dans la zone.
Depuis le parking de la Bourgeat Noire, dernier hameau de Gleyzin avant le vallon s'échappant vers l'Oule, on démarre aux alentours de 1100m en empruntant le Gr738 en direction de l'Aup Bernard. On traverse le petit hameau du Cohard puis on zigzague dans la forêt belledonnienne jusqu'à atteindre une cabane trônant au milieu de l'alpage, à la lisière du bois.
La Bergerie de l'Aup Bernard, perchée à 1575m d'altitude, est une cabane non gardée accessible à tous. Disposant d'une dizaine de couchage, de quelques matelas et d'une source à proximité, la vue depuis ses fenêtres s'étale sur le fond du vallon menant à l'Oule et le Nord du Massif de la Chartreuse.
Elle constitue le premier baraquement que nous croiserons sur cette journée. Plus loin, quelques kilomètres en amont, nous partons à la recherche d'un second abri, plus petit, moins typique mais caché au milieu d'un vallon on ne peut plus sauvage.
La Bergerie de l'Aup Bernard face à l'extrémité Nord de la Chartreuse : Grand Manti, Croix de l'Alpe, Rochers de Belles Ombres et Mont Granier.
Depuis l'Aup Bernard, le sentier monte graduellement en direction du Chalet du Vay. On longe en balcons les hauteurs de Pinsot et de Gleyzin, les deux petits villages que l'on aperçoit depuis les alpages grillés belledonniens.
Au loin, la partie Nord du Grésivaudan et la Combe de Savoie sont encore partiellement recouvert d'une fine mer de nuages.
En contournant un bloc rocheux, on tombe face à face avec le petit Chalet du Vay, à 2040m d'altitude. Beaucoup plus modeste que son confrère de l'Aup Bernard, il trône tout de même au centre d'un vallon particulièrement mystérieux et sauvage. Le silence est maitre lorsque nous y mettons pied. Il n'y a même pas l'ombre d'une source. Si vous comptez passer la nuit dans ce baraquement d'altitude, il faudra descendre les quelques 180m qui le séparent de la Source du Maître, directement à l'à-pic du refuge. Le Chalet du Vay dispose tout de même d'environ 6 couchages, d'une table et d'un poêle, même si les zones boisées sont assez éloignées de sa position.
De notre côté, pas question de stopper notre course au Chalet du Vay. On poursuit dans le vallon en direction du col surplombant l'abri. La sente se fait de plus en plus discrète mais par temps clair, la progression est évidente. Le col est d'ailleurs visible depuis le chalet.
En arrivant près du col, on s'élève assez pour deviner la cuvette grenobloise encore légèrement embrumée. On observe tout de même les cimes qui la surplombent : Moucherotte et Mont Saint-Eynard notamment.
Au Col du Vay (ou de l'Envers) 2297m, on débouche sur les hauteurs du large et sauvage Vallon du Veyton. On ne peut pas ne pas remarquer l'austère et sombre paroi Nord du Grand Morétan à droite. A son pied, un dédale de roches et d'éboulis partiellement ombragé cache quelques lacs que nous relierons par la suite.
La Pointe du Bacheux 2739m / Le Grand Morétan 2775m / La Pointe de l'Aup du Pont 2713m.
La suite consiste à partir à la découverte de ce vallon. Alors qu'après le Col du Vay le tracé IGN disparait, une discrète sente slalome au milieu des gradins herbeux jusqu'aux lacs du plateau. Le Refuge du Merlet n'est pas encore visible depuis notre position. On arpente tranquillement cette vallée tout en gardant un coup d'oeil émerveillé sur ces cimes vierges et sauvages du Nord du Massif de Belledonne.
Le translucide Lac Supérieur Morétan. Trop proche de la paroi Nord du Grand Morétan pour bénéficier des rayons lumineux, il amorce sa mue hivernale avec une bonne moitié de sa surface déjà figée par les glaces.
Au détour d'un virage, on refait plus amplement face au sous-massif du Pic du Frêne. Groupe de sommets le plus septentrional de Belledonne, on y trouve des sommets méconnus et parfois inaccessibles pour le simple randonneur comme la Pointe du Bacheux, le Grand Crozet ou le Clocher du Frêne. Le Pic du Frêne 2807m, plus haut sommet de la zone et invisible depuis le vallon, est tout de même randonnable mais son accès promet une expérience alpine mémorable depuis la Combe de la Valette, et notamment sur son arête finale.
On retrouve le soleil au niveau du Lac Inférieur Morétan. On profite de l'absence de vent pour contempler les reflets de la Pointe du Bâcheux dans ses eaux. Encore quelques mètres puis on devrait pouvoir commencer à deviner le Refuge du Merlet.
Le Grand Morétan dans les eaux du Lac Inférieur.
Près des pentes Sud de la Montagne du Coteau, on devine un petit baraquement blotti au milieu d'un vaste alpage en dévers. Il s'agit du Refuge du Merlet, notre objectif pour la nuit. Pour le rejoindre, nous n'avons pas d'autres choix que de descendre encore un peu plus vers le large plateau de la Cabane de Périoule, puis de remonter une centaine de mètre sur le final en suivant le Torrent du Crêt du Biais. On arrive ainsi directement devant la porte du petit chalet.
Le Refuge du Merlet n'est en réalité qu'une petite cabane d'une douzaine de couchages. Sa rusticité est vite oubliée grâce à son cadre montagne unique : alpages ruisselant et sommets imposant composent son panorama.
A l'intérieur, on trouve tout de même quelques matelas et quelques couvertures, mais face à l'accessibilité du lieu (seulement 1900m d'altitude) et l'absence de bois rendant le poêle parfois inopérant, il est vivement conseillé d'y amener ses affaires de bivouac.
Il bénéficie d'une vive source, présente toute l'année. D'ailleurs, l'hiver ce sont davantage les congères bloquant la porte d'entrée qui deviennent problématiques.
On s'installe tranquillement dans l'abri, réservant nos lits si jamais d'autres randonneurs décident d'y passer la nuit, puis on part s'aventurer dans les environs, à la recherche des luminosités changeantes de cette fin d'après-midi.
Il est à peine 16h que l'ombre se met à envahir les alpages du Refuge du Merlet. On se poste à quelques encablures pour profiter du panorama allant du Grand Morétan au Col du Merlet. Puis, pour conserver un minimum de luminosité et d'une vue sur les pics au coucher, on grimpe quelques dizaines de mètres sur le Crêt du Biais, de l'autre côté du torrent éponyme.
Sur une butte herbeuse, on devine au loin la station du Collet d'Allevard et le Mont du Chat.
Coucher de soleil sur la Pointe du Bacheux, les Dents du Bacheux, et le Pic Nord du Merlet.
Après ce festival de couleur, la Lune prend le relai au-dessus du Crêt du Biais. Les cimes se décalquent ensuite parfaitement dans l'heure bleue avant que la nuit étoilée prenne le relai.
On profite des étoiles quelques instants à l'extérieur du refuge. Les voiles nuageux ont totalement disparu, rendant sa netteté au ciel alpin.
Nous ne serons pas seuls ce soir-là, la renommée et l'accessibilité du refuge n'étant plus à prouver. En plus des affaires de bivouac, les boules quies sont primordiaux pour profiter d'une nuit réparatrice avant la journée du lendemain.
Jour 2 : L'ascension du Grand Morétan par le Col Morétan et le Col Nord du Gleyzin.
A 6h du matin, nous entamons l'ascension du Grand Morétan sur un alpage figé par le givre nocturne. La Lune est encore présente dans le ciel et s'imagine en soleil tant son éclat est puissant.
On part ainsi rejoindre le Lac Supérieur Morétan que nous avons longé la veille. C'est à partir de ce lac que les choses sérieuses commenceront.
A partir du Lac Supérieur, la luminosité du jour devient suffisante pour mieux appréhender la suite de l'ascension. Entre le lac et le Col Morétan, on doit s'élever dans un pierrier sacrément incliné à la recherche d'un passage entre les barres rocheuses. On fait ainsi face à l'imposante face Nord du Grand Morétan, le chemin d'accès à sa cime étant présent sur l'autre versant.
En grimpant, on devine de mieux en mieux la mer de nuages qui s'est formée dans les vallées alpines. Du côté des Bauges, seuls le Mont Margériaz, le Mont Colombier et la Dent d'Arclusaz pointent leur cime au-dessus de la nébulosité.
A 7h et des brouettes, le soleil vient frapper la Pointe du Bacheux.
Vers 2300m, on arrive dans une combe encaissée entre le Grand Morétan et le Pic des Grandes Lanches. Des névés sont encore présents au pied de la paroi. La glace ne doit pas être si loin sous le pierrier.
Un peu avant le col, quelques cimes des Alpes du Nord font leur apparition, et pas des moindres : Grand Combins, Mont Velan, Dent Blanche, Cervin, Cheval Noir et Mont Pourri.
Au franchissement du Col Morétan 2503m, on découvre l'autre versant. Quelques sommets préalpins résistent à l'assaut des nuages : Chamechaude, Rochers de Chalves, Dent de Crolles, Charmant Som et Grande Sure représentent la Chartreuse. Tout à gauche, le Moucherotte 1901m est à deux doigts de la noyade.
D'autres sommets belledonniens sont aussi de la partie, notamment le Puy Gris 2908m à gauche et la Pointe de Comberousse 2866m.
Bien que l'on ait gravi le Col Morétan, il ne suffit pas de poursuivre l'ascension pour atteindre le sommet éponyme, la verticale paroi de la Pointe du Gleyzin bloquant notre course. Il faut alors descendre sur l'autre versant du Col Morétan sur environ 300m de dénivelés négatifs avant de bifurquer pour pénétrer un autre vallon menant vers les Cols du Gleyzin et le sommet du Grand Morétan.
En s'éloignant du Pic des Grandes Lanches, on perçoit mieux la partie Nord du Massif de la Chartreuse. Le Mont Granier, le Sommet du Pinet et les Rochers de Belles Ombres émergent à peine.
Un chamois solitaire contemplant la mer de nuages.
Avant de retrouver le sentier chutant vers le Refuge de l'Oule, on stoppe notre descension pour repartir vers les cimes en s'infiltrant dans le tout premier vallon sur la gauche de celui descendant du Col Morétan. Un cairn trônant sur un bloc marque l'entrée du vallon des Cols du Gleyzin.
On zigzague entre les blocs au niveau du talweg du vallon en ayant en ligne de mire le Col Nord du Gleyzin logé sous les pentes ensoleillées de la Pointe du Gleyzin. Le peu de cairns dans cette zone n'aidant pas franchement à suivre un sentier prédéfini, on grimpe comme on le sent. L'instabilité des pierriers étant toute relative et surtout présente sur la dernière partie avant le col.
Ce n'est qu'au Col Nord du Gleyzin 2578m que l'on sort de l'obscurité. On fait enfin face à la rampe d'accès du Grand Morétan.
Depuis le col, il faut descendre sur l'autre versant sur une dizaine de mètres, puis partir à niveau sous les pentes orientales de la Pointe du Gleyzin. Il n'y a pas de cairns sur cette première partie, on grimpe là où bon nous semble tout en évitant les couloirs verticaux chutant vers le vallon mais aussi de trop vite monter vers l'arête.
Au fil de la traversée, des cairns referont par moment leur apparition, rassurant ainsi sur la marche à suivre.
Les Aiguilles d'Arves et les Aiguilles de la Saussaz.
On met finalement pied sur l'arête, frontière entre le département de la Savoie et celui de l'Isère. On retrouve le Vallon du Veyton que l'on domine sensiblement. Il ne reste plus qu'à gravir les dernières dizaines de mètres jusqu'au modeste cairn sommital du Grand Morétan.
Depuis le sommet du Grand Morétan 2775m, le panorama est exceptionnel sur la partie savoyarde des Alpes : Vanoise, Lauzière, Mont Blanc, Nord de la Chartreuse, Vallée de la Maurienne, Aiguilles d'Arves, Cerces et Mont-Cenis.
La mer de nuages embellit cette vue en délimitant les sommets et les massifs. Au Sud, les autres sommets majeurs de Belledonne, à l'instar du Puy Gris, bloquent la vue au-delà de leur cime. Sous-Massif des Sept Laux, Trois Pics de Belledonne ou encore balcons Sud du massif sont ainsi invisibles depuis le Grand Morétan.
Au-delà du Massif des Grandes Rousses que l'on observe à gauche, les sommets de Belledonne visibles depuis le Grand Morétan se comptent sur les doigts de la main : Cime du Sambuis, Roc de Pellegrin, Aiguilles de l'Argentière, Bec d'Arguille, Puy Gris, Charmet de l'Aiguille, Pointe de Comberousse, Pointes de la Porte de l'Eglise. Sans compter les sommets plus septentrionaux entourant le Pic du Frêne.
L'archipel de Chartreuse.
La mer de nuages ne laisse aucun rayon atteindre le sol du Nord du Grésivaudan et la Combe de Savoie. Au même moment, l'ombre du Grand Morétan rapetisse sur le Vallon du Veyton.
La mer de nuages tente des incursions près de l'alpages de la Cabane de Périoule. On devine à peine le Refuge du Merlet où nous avons passé la nuit qui sort de doucement de l'ombre.
La solitude du Moucherotte au centre de l'image.
Au centre de la photo, à mi-chemin entre le Mont Thabor à gauche et les Aiguilles d'Arves à droite, on devine une lointaine cime. Il s'agit du Mont Viso 3841m.
L'itinéraire de descente reste à l'identique jusqu'au moment où nous avons bifurqué entre le Vallon du Col Morétan et le Vallon des Cols du Gleyzin. On redescend donc la rampe d'accès du Grand Morétan et on franchit de nouveau le Col Nord du Gleyzin.
Dernier clin d'oeil au Grand Morétan depuis le Col Nord du Gleyzin.
Le soleil a du mal à envahir le vallon sous les Cols du Gleyzin. Tapis dans l'ombre, on fait la rencontre d'un mastoc bouquetin mâle, qui après notre face-à-face, n'aura pas, lui, de difficultés à aller chercher le soleil sur les vertigineuses arêtes.
On retrouve le vaste pierrier sous-jacent les maigres restes du Glacier du Gleyzin. A gauche, le Col Morétan baigne maintenant sous le soleil.
On arrive aux abords du Refuge de l'Oule 1836m dans une ambiance lugubre. Le silence a également envahi cet endroit, le refuge étant en période non-gardé (mais tout de même ouvert pour y passer la nuit en hiver).
Ce refuge prend parfois le nom de Refuge Antoine Cros, du nom de l'importateur du ski dans la région d'Allevard, dès 1923.
Au niveau des ruines de l'Oule, on profite d'un moment à marée basse pour apercevoir une dernière fois le cirque montagnard encadrant le refuge. La suite de l'aventure se fera en sous-bois et sous les nuages jusqu'à rejoindre le point de départ de ces deux jours de randonnées dans une des parties les plus sauvages du Massif de Belledonne. Une période idéale pour découvrir cette zone car l'hiver, les combes avalancheuses rendent les ascensions dangereuses et au printemps de nombreux cols sont encore piégés par la neige qui tarde à fondre tant les vallons sont encaissés.
Nous reviendrons à coup sûr dans ces montagnes car d'autres sommets mystérieux doivent encore être gravis. Ainsi, le Puy Gris et le Charmet de l'Aiguille pourraient être nos prochaines conquêtes.
ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :
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Commentaires
Belle rando Nicolas avant le retour de la neige
Photos magnifiques,un regal.
Amicalement