- Le Grand Colon 2394m et la traversée des lacs du Vallon de la Pra

Publié le 16 juin 2024 à 13:50

Réalisée le 16 juin 2024

 

Avec la Croix de Belledonne, le Grand Colon est probablement le sommet le plus couru du Massif de Belledonne. Bien que moins élevé que sa voisine la Croix de Belledonne, il permet, du haut de ses 2394m, un belvédère à la fois sur Grenoble, ses massifs limitrophes mais aussi la chaîne de Belledonne, notamment sa partie Sud.

Il n'y a pas de difficultés majeures d'accès à ce dôme. Il faut être cependant attentif l'hiver au risque d'avalanche, de nombreux randonneurs et skieurs ayant été emportés dans les couloirs au dessus des alpages de Revel. L'unique difficulté pourrait venir d'une dénivellation tout de même importante, aux alentours des 1300m.

Le Grand Colon permet également, si l'on souhaite effectuer une boucle, d'entrer au coeur du Massif de Belledonne et ainsi de profiter des nombreux lacs de la zone. Plusieurs lacs sont d'ailleurs visibles depuis son sommet, comme pour nous appâter d'arpenter ce vallon lacustre après l'ascension du mont.

Pour accéder au départ de la randonnée, il faut se rendre sur les premières bourgades des balcons de Belledonne, notamment le village de Revel et le hameau de Freydières. De là, une petite route forestière nous conduira jusqu'au parking des quatre chemins. C'est là que l'ascension du Grand Colon débute.

Bien que le Grand Colon peut être accessible par le Parking de la Gâte (reliant la Cascade de l'Oursière), toutes ses ascensions, que l'on parle de la voie normale ou des variantes peuvent démarrer du Parking des Quatre Chemins. Ici, nous avons choisis la traversée classique de ce sommet belledonnien. Mais nous gardons à l'esprit qu'il existe énormément de variantes plus ou moins escarpées sur ses différentes faces et arêtes. Des variantes qui peuvent permettre de redécouvrir ce sommet et d'éviter les foules.

Le début de la marche se fait calmement et progressivement. On suit une piste forestière sur quelques kilomètres jusqu'à relier un vieux panneau en bois indiquant le poursuite de l'itinéraire. D'ailleurs, la signalétique a été rénovée depuis peu sur le sentier du Grand Colon.

On évolue ensuite sur un sentier zigzagant en sous bois. En sortant de la forêt, vers 1700m, on atterrit sur un alpage. Encore quelques mètres, et la Baraque du Colon se dévoilera au centre de ce lieu bucolique.

Avec ces semaines humides et pluvieuses, le vert de l'alpage pétille. Même les premières fleurs du printemps ont du mal à se démarquer dans ces cinquante nuances de vert.

Au-delà de la forêt de conifères, la vue se dégage à l'Est, au Sud et au Nord. La barrière orientale du Vercors et les Hauts de Chartreuse encadrent parfaitement les différentes vallées iséroises et la cuvette Grenobloise.

La Baraque du Colon au milieu de son alpage agrémenté de myosotis.

 

Après la cabane, le chemin prend de la hauteur et de l'inclinaison. On cherche ainsi à mettre pied sur l'épaule Sud de la montagne. Le chemin est bordé de fleurs de toutes les couleurs : Orchis, Myosotis, Rhododendrons, Gentianes printanières et Pissenlits.

 

La Baraque du Colon et son superbe panorama.

En obliquant vers l'Est, les premiers sommets de Belledonne font leur apparition : Grand Sorbier, Grand Eulier et Croix de Chamrousse notamment.

 

On quitte ensuite définitivement le milieu forestier pour arpenter la bien nommée Arête du Bitou. Bien qu'exposés Sud, ces alpages ont encore les cicatrices d'un interminable hiver : l'herbe y est rachitique et les fleurs quasiment absentes. Encore quelques jours et l'explosion printanière aura lieu aux alentours des 2000m d'altitude.

 

Au milieu du Bitou, quelques majestueux sommets émergent : à l'instar du Taillefer 2857m et de la Grande Lauzière 2741m. Tout deux encore bien empêtrés dans les restes de l'hiver.

La Chartreuse et le Grésivaudan Sud depuis les hauteurs des couloirs du Colon.

 

La progression du l'arête n'est pas très compliquée. Même si on avale rapidement de la dénivellation positive. En haut de cette arête, le sentier se faufile dans une faiblesse de la face Ouest de la montagne pour atteindre le plateau déversant et lunaire sous le sommet du Grand Colon.

 

Au dessus du Bitou. Face à la station de Chamrousse. Au loin, le Mont Aiguille et le Grand Veymont marquent la terminaison de la barrière orientale du Vercors.

 

Au lieu de poursuivre sur le sentier classique qui serpente au centre de ce champ de pierres, on pique plein Est pour rejoindre la débonnaire extrémité Sud du plateau. On bénéficie ainsi d'une plus ample vue sur les montagnes des alentours.

 

En tentant de rejoindre l'extrémité Sud.

 

On surplombe les pierriers de la face Sud. Quelques bancs de nuages tentent eux aussi l'ascension du Grand Colon.

 

 

On atteint tranquillement le sommet du Grand Colon 2394m. À l'Est, les principaux sommets de la partie méridionale du Massif de Belledonne s'érigent face à nous et nous dominent largement : Grande Lance de Domène, Trois Pics de Belledonne, Pic du Grand Domènon, Grande Lauzière, Pic de Mirebel et Pointes de Jasse Bralard.

Tous sont encore bien pétris de neige. On skie d'ailleurs encore sur la voie normale de la Croix de Belledonne. Le Grand Colon, par son exposition et sa plus faible altitude, est l'un des premiers sommets à se débarrasser de l'or blanc.

 

Derniers mètres avant le cairn sommital.

La furie de la fonte des neiges sous les Trois Pics de Belledonne.

 

Vers l'Ouest on domine un tout autre paysage fait de vallées verdoyantes d'abord, urbanisées ensuite. Au-dessus d'elles, les massifs préalpins, que l'on surplombe cette fois ci. Le Grand Colon constitue ainsi le trait d'union entre la haute montagne et les reliefs plus doux. D'où son panorama exceptionnel sur les massifs isérois.

 

Lac du Crozet et la partie Nord du massif.

Lac Merlat, Lac Bernard et Lac Longet.

 

Si l'on baisse légèrement les yeux, une multitude de lacs apparait au milieu de ce paysage abrupt et austère. Le Lac du Crozet, le lac Merlat, le Lac Claret, le Lac Longet, le Lac Bernard, le Lac David et un peu plus loin les Lacs Robert jalonnent les plateaux belledonniens. Au sommet du Grand Colon, quelques minutes d'observation permettent de les deviner un par un.

 

De gauche à droite : Le Grand Pic de Belledonne, le Pic Central de Belledonne, la Croix de Belledonne, le Pic du Grand Domènon et la Grande Lauzière.

 

Effectuer le Grand Colon en aller-retour n'est pas très intéressant. On ne côtoie pas assez la diversité des paysages belledonniens et notamment les lacs.

Ainsi, après une montée face aux plaines et aux Préalpes, on peut plonger sur la face Est de la montagne et rentrer au cœur du massif. D'autant plus que le couloir reliant le sommet du Grand Colon au Lac Merlat est totalement déneigé.

 

Dernier clin d'œil au Massif de la Chartreuse, au Grésivaudan et à la partie Nord du Massif de Belledonne depuis le sommet.

 

Au centre, le pierrier qui permet de relier le sommet au plateau lacustre.

 

Début de la descente sous le sommet du Grand Colon. Au loin, le Massif du Taillefer.

Quatre lacs se cachent sur cette photo : Le David, le Longet, le Bernard et le Merlat.

 

L'alpage du Lac Merlat est encore bien terne. La neige a fondu il y a peu.

 

 

On contourne le Lac Merlat par le versant sous le Grand Colon. On profite d'une splendide vue sur la Grande Lauzière dominant le lac.

 

Le Galeteau et la Grande Lauzière.

 

Au lieu de rejoindre directement l'alpage de la Pra, on part à la recherche des quelques autres lacs de la zone. On suit ainsi l'émissaire du Lac Merlat pour rejoindre un petit plateau verdoyant où dégoulinent avec fracas les différents torrents grossis par l'eau de fonte.

 

 

Ici pas de pont, ni de passerelle. Il va falloir que l'on se débrouille pour traverser ces torrents rugissants. Gare à la chute et aux pieds mouillés !

 

Après ce revigorant petit interlude. On grimpe légèrement pour rejoindre le second lac du plateau : le Lac Bernard.

Sous un ciel de plus en plus menaçant, on atteint le petit Lac Bernard.

 

Quelques mètres supplémentaires et on met pied sur les bords du Lac Longet. Les nuages grossissent au dessus du massif, mais pas de coup de tonnerre à l'horizon.

 

La Grande Lauzière est dans la tourmente.

 

Une fois le Lac Longet derrière nous, on finit par le dernier lac de la zone : le Lac Claret. On laissera de côté le Lac David, trop excentré et en hauteur pour se trouver sur notre parcours.

 

Lac Claret. Possible point de départ pour l'ascension de la Grande Lauzière.

 

Dernier intermédiaire dans cette traversée des alpages de la Pra : Le Refuge de Pra sous la Grande Lance de Domène.

 

Le Refuge de Pra, perché à 2100m d'altitude, est le principal refuge du Massif de Belledonne et le plus gros refuge du département. Y passer une nuit peut être un bon moyen pour pleinement profiter de l'ambiance montagnarde des lieux ou pour découper l'ascension d'un des nombreux sommets des environs. Ce refuge est également placé sur le Gr738 de la Haute Traversée de Belledonne.

Il domine un vaste alpage luxuriant où pait l'été un immense troupeau de moutons. Attention, les patous guettent !

Le Grand Colon ainsi que la quasi totalité des alpages de la Pra font partie d'une zone Natura 2000. Les Tétras Lyres et les zones humides sont les principaux bénéficiaires de cet espace de protection. Ainsi le bivouac est réglementé dans cette région : il n'est pas possible de poser sa tente sur l'alpage englobant le Lac Merlat, ni autour du Lac Claret. De même, les chiens doivent être tenus en laisse, notamment lorsque les troupeaux d'ovins occupent les lieux. Mais soyez rassurés, de nombreux coins sont accessibles pour y bivouaquer notamment les Lacs du Domènon et le Lac David. D'autant plus que vous y serez plus tranquilles.

Nous ne ferons pas de halte au Refuge de la Pra. De toute manière nous n'avons pas de quoi acheter une bière pour profiter de la terrasse panoramique du refuge.

 

 

On continue donc en direction du dernier intermédiaire avant la longue descente jusqu'à la voiture : le Col de la Pra. De là, la vue s'ouvre sur le Vallon du Mercier, le Lac du Crozet et son belvédère sur le Massif de la Chartreuse.

On descend tranquillement sur les alpages, dérangeant les quelques marmottes qui peuplent les lieux.

 

 

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le Lac du Crozet est un lac artificiel. Le premier barrage fut érigé en 1889 par Aristide Bergès, patron des papeteries de Lancey et fervent défenseur de la houille blanche. Cette réserve d'eau permettait aux papeteries d'avoir constamment de l'eau à disposition, été comme hiver. Ce n'est pas le barrage initial que l'on devine sur la photo puisqu'à l'époque de Bergès il y avait deux barrages. Celui-ci fut construit en 1956 (et rénové depuis). Le barrage du Crozet est toujours en fonction, mais maintenant pour des raisons hydroélectriques. Aujourd'hui, son lac éponyme s'est pleinement intégré à l'écosystème de Belledonne.

 

Face Nord du Galeteau depuis le Vallon du Mercier.

 

Une fois le Lac du Crozet passé, on descend progressivement vers la forêt. On évolue tout d'abord dans des gradins mi-herbeux, mi-rocheux tout en contemplant le Massif de la Chartreuse et la profonde vallée du Grésivaudan.

 

De l'autre côté, on fait face aux alpages du Refuge du Pré du Mollard. Alors qu'au loin la Chartreuse et les Bauges complètent l'arrière plan.

 

Dernier panorama sur le Grand Colon avant de s'immiscer dans la forêt. D'ailleurs, l'arête que l'on observe sur la droite peut servir d'alternative sauvage à l'ascension de cette montagne. Un timide sentier s'y faufile jusqu'à sa cime.

 

Dernier regard sur la Grande Lance de Domène.

 

La randonnée se termine par une longue descente en forêt pour rejoindre le Parking de Pré Raymond, point de départ pour le Lac du Crozet. Une fois au Pré Raymond, on suit sur quelques centaines de mètres la piste carrossable pour boucler la boucle au niveau du Parking des Quatre Chemins.

Le Grand Colon peut se révéler comme une bonne mise en jambe pour appréhender le Massif de Belledonne. Sa facilité d'accès et son vaste panorama en font un des sommets les plus courus de la région Grenobloise. Et si la foule vous rebute à effectuer son ascension, sachez qu'il existe de nombreuses variantes quadrillant ce modeste mont belledonnien.

 

Vu au Parking de Pré Raymond. En guise de clin d'œil à l'actualité.

 

 

 

 

Près des marmottes, loin des blaireaux.


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :

 

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