Réalisée le 2-3 juillet 2023
Grand classique de l'alpinisme dans la région de Grenoble, la traversée des trois pics de Belledonne est une course d'arêtes vertigineuse que nombre de locaux rêvent d'entreprendre. Si le plus grand nombre se contente de l'ascension de la Croix de Belledonne 2926m par un long sentier de randonnée partant des balcons du massif, les plus téméraires partiront à l'assaut du Grand Pic de Belledonne 2977m, point culminant du massif et point de départ de la traversée des trois pics.
La première ascension du Grand Pic de Belledonne date du 16 août 1859. Elle fut réalisée notamment par Etienne Favier, un mineur d'Allemond. Pourtant, à cette époque, le milieu de l'alpinisme et de la Conquête des Alpes semble fermé et réservé à des intellectuels aisés. Il faudra attendre 1873 pour que son exploit soit authentifié lorsqu'il emmena avec lui Emile Viallet, un alpiniste de la région, afin de prouver la véracité de ses dires. Ensemble, ils réaliseront la seconde ascension du point culminant de Belledonne. Deux ans plus tard, il installera les câbles permettant l'accès au Grand Pic de Belledonne depuis le Col de la Balmette. Câbles qui sont toujours visibles par endroit.
Pour ce qui est de la traversée des trois pics, il faut attendre le 9 octobre 1890 pour qu'une première soit réalisée dans le sens Grand Pic - Croix de Belledonne. Puis trois ans de plus pour le sens inverse.
Le trio belledonnien est composé de trois des quatre plus hauts sommets du massif :
- Le Grand Pic de Belledonne 2977m
- Le Pic Central de Belledonne 2945m
- La Croix de Belledonne 2926m (dépassée de deux petits mètres par le Rocher Blanc 2928m)
Selon une version toponymique du massif, ''Belledonne'' serait directement associé au Grand Pic avec un préfixe désignant la beauté et un suffixe signifiant ''la donna'', c'est-à-dire ''la mère'' en latin. Le Grand Pic reflétant l'image de la mère et ses deux enfants, le Pic Central et la Croix. Cependant la toponymie de Belledonne reste en débat et cette version n'en est qu'une hypothèse poétique parmi d'autres.
Le Grand Pic de Belledonne se retrouve donc en grand maitre de cette chaîne s'étalant sur une soixantaine de kilomètres entre les départements de l'Isère et de la Savoie. S'il ne franchit pas la barre symbolique des 3000m d'altitude, son relief n'a rien à envier à ses homologues s'érigeant dans les autres massifs. Son ascension est une course de haute montagne dans un environnement à la fois lacustre, glaciaire et rocheux. Coincé entre la large vallée du Grésivaudan et la Vallée de l'Eau d'Olle, le Grand Pic et ses deux acolytes se situent au coeur du massif, surplombant les plus beaux paysages de Belledonne qui raviront randonneurs comme alpinistes.
Jour 1 : L'ascension du Grand Pic de Belledonne.
La première journée, nous nous lançons un défi : dormir au sommet du Grand Pic de Belledonne. Et ce n'est pas le pari le plus facile à tenir car le temps est plutôt maussade sur l'Isère et ses massifs. La nébulosité cache totalement les sommets de Belledonne et un petit crachin nous accompagne lors de notre ascension vers le Lac Blanc, premier intermédiaire de notre périple. Nous croiserons de nombreux alpinistes sur notre route ayant renoncé à l'ascension du Grand Pic ce jour-là. Quoiqu'il en est, nous gardons espoir que le temps se lève à la mi-journée, comme les prévisions l'on laissaient entendre la veille.
Au départ du lieu-dit de la Souille, quelques kilomètres en amont du Col de Pré Comté, on se faufile dans la forêt belledonnienne avant de déboucher au milieu du Cirque des Cascades de Boulon. On peine à contempler les multiples cascades dégringolant des parois. Seul leur vrombissement casse le silence de l'ascension vers le Lac Blanc.
En franchissant le torrent au niveau de l'alpage du Habert de Mousset, on grimpe dans le Ravin des Excellences. Le brouillard se densifie davantage, la roche peine à sécher. Des doutes quant à la possibilité de gravir le Grand Pic en toute sécurité commencent à traverser nos esprits.
On finit par longer le Lac Blanc sur sa rive gauche. Depuis le sentier, on parvient à deviner légèrement le lac. Une lueur bleutée vient teindre la brume, signe que sa surface n'est pas bien loin.
On s'arrête déjeuner en amont du Lac Blanc. Peu à peu, on sent la chaleur du soleil effleurée nos visages. La brume ne saurait tarder à se disperser. En quelques minutes, le bassin du Lac Blanc se dégage, laissant apparaitre la perle du Massif de Belledonne. Il s'agit d'un des plus beaux lacs des lieux, si ce n'est le plus beau. En dégustant notre saucisson et notre tome de Savoie, on attend avec impatience que les pics environnants en fassent de même.
Plus haut, le cirque glaciaire de Freydane se dévoile progressivement. On devine les larges moraines et les blocs polis par les mouvements du glacier. Derrière, le Glacier de Freydane tente de se blottir contre les parois des trois pics pour se protéger au maximum du soleil et des effets du réchauffement climatique. Malheureusement face à son altitude modeste - entre 2400 et 2600m d'altitude - le Glacier de Freydane est condamné à ne survivre encore que quelques années tout au plus.
Le Grand Pic de Belledonne - Le Pic Central de Belledonne - La Croix de Belledonne
Puis c'est au tour des trois mastodontes de s'ériger hors de la nébulosité. Les nuages tentent tout de même de rester agrippés sur leur face Est. En quelques minutes, les pierriers se débarrassent de l'humidité ambiante, ce qui nous rassure quant à la poursuite de l'ascension.
On repart à l'assaut du Grand Pic de Belledonne. Prochain objectif : le Col de la Balmette, point de départ de la voie menant au sommet sur son flan Nord. Même si la brume reprend en partie le dessus, le soleil ne semble pas bien loin. On s'approche peu à peu du front glaciaire. On remplit une dernière fois nos gourdes avant de passer du pierrier au névé.
La neige recouvre encore majoritairement le Glacier de Freydane. On a du mal à se dire que non loin de nous se situe le dernier véritable glacier du Massif de Belledonne. Peu voire pas de danger à traverser les langues neigeuses en direction de la rampe nous menant au Col de la Balmette.
On sort tout de même le piolet en cas de glissade. Les derniers 200m ont une forte inclinaison.
Une éclaircie accompagne notre arrivée au Col de la Balmette 2665m. C'est ici que les choses sérieuses commencent. On enfile notre équipement d'alpinisme et on finit par s'encorder. Alors que le sommet du Grand Pic de Belledonne est caché par les nuages, on voit son arête Nord filer au-dessus de nous. Il est 13h30, et nous entamons l'ascension finale.
L'ascension du Grand Pic de Belledonne depuis le Col de la Balmette ne présente pas de difficultés majeures. On reste sur un sentier, certes vertigineux et escarpé, mais on enchaine une succession de ressauts rocheux et de pierriers instables. Le risque principal tient aux chutes de pierres. En voyant l'état de la roche, on se demande comment le Grand Pic fait pour tenir debout tant il s'effrite. La pose des becquets et les différentes prises doivent être minutieusement étudiés.
Les cimes des Grandes Rousses apparaissent vers l'Est.
Plus l'on progresse, plus le soleil semble se frayer un chemin entre les nuages. En contournant un ressaut de l'arête Nord, on se retrouve face au Doigt du Grand Pic de Belledonne, sorte d'antécime qui se détache de la face Est du pic.
Il existe deux principales voies d'accès au sommet du Grand Pic de Belledonne depuis le Col de la Balmette. Une qui suit fidèlement l'arête Nord jusqu'au sommet - un peu plus technique - et celle que l'on emprunte, qui zigzague sur la face Nord de la montagne en alternant ressauts rocheux et pierriers.
Au niveau de cet éperon rocheux le sommet n'est plus bien loin. On commence à percer les nuages qui se fracassent sur les cimes belledonniennes dans un flux d'Ouest.
Il est 17h30 et nous mettons pied sur la dalle sommitale du Grand Pic de Belledonne 2977m. Même si on ne passe pas la barre symbolique des 3000m, son altitude nous permet d'être tout juste au dessus de la nappe de brume qui recouvre en grande partie le versant Ouest de la Chaine de Belledonne et la Vallée du Grésivaudan.
En direction du Sud, peu de sommets émergent des nuages : le Pic Central, la Croix de Belledonne, le Pic du Grand Doménon, Tête Noire et la Grande Lauzière sont bien chanceux.
Au Nord, le Mont Blanc se dresse du haut de ses 4805m. On le confondrait presque avec un nuage. Au premier plan, on observe quelques lacs des Sept Laux notamment le Lac de la Sagne et le Lac de la Corne.
La Vallée de l'Eau d'Olle, qui se situe sur le versant Est du Grand Pic, est davantage protégée de la nébulosité. Au centre de la photo on devine le petit village du Rivier d'Allemont.
ll n'y a quasiment pas un brin de vent sur le sommet. Le soleil est encore puissant. Un moment de contemplation s'impose.
Alors que Vaujany, le Pic de l'Etendard et le Pic du Lac Blanc baignent sous le soleil, le Massif des Ecrins semble bien empêtré dans les brumes.
Grand Armet, Pyramide, Grand Galbert et Grand Taillefer se débattent difficilement.
De même que la Grande Lance de Domène.
Le troisième sommet de Belledonne finit par se débarrasser des nuages. Le Rocher Blanc 2928m correspond à la cime plate du centre gauche de la photo. Au loin, le Mont Blanc guette.
La Meije 3983m fait également une furtive apparition au-dessus de l'arête de l'Herpie.
Roche de la Muzelle 3465m
Vers 19h, la couche nuageuse a tendance à prendre de l'altitude. La cime du Grand Pic de Belledonne se fait de plus en plus balayer par les vagues de nuages successives rafraichissant franchement l'atmosphère. On profite de cette parenthèse pour manger chaud et mettre en place nos couchages. On remet en place et on consolide les abris de fortune présents au sommet du Grand Pic. Avec quelques pierres, on érige de petits murs qui nous protégeront du vent.
La Croix de Belledonne face au tsunami nébuleux.
Quelques chocards viennent scruter si nous ne laisserions pas quelques choses à grignoter. Les nuages ne les effraient aucunement.
En place pour la nuit ! On patiente tout de même quelques instants pour voir si les nuages ne se dissiperaient pas un petit peu pour le coucher du soleil.
La Grande Lance d'Allemont voit sa fin arriver.
De même que les Aiguilles de l'Argentière.
Meije et Roche de la Muzelle.
Les sommets des Grandes-Rousses et des Ecrins se parent de jaune. Voyant la luminosité diminuer, on en profite pour se faufiler dans nos duvets. La nuit risque d'être courte. On ne sait pas si le froid et la précocité du lever du jour nous empêcheront de profiter de cette nuit unique sur le toit de Belledonne. Quelques instants après l'emmitouflage, un dernier clin d'œil en dehors de nos abris de pierre nous fera apprécier un magnifique lever de Lune au-dessus des Ecrins.
Les géants sont de la partie : la Meije, le Rateau, la Barre des Ecrins, Ailefroide, l'Aiguille du Plat de la Selle.
Mont Blanc rosé.
Jour 2 : La traversée des trois pics de Belledonne.
Contre toute attente la nuit fut calme et sans excès de fraicheur. Le soleil effleure notre bivouac rudimentaire aux alentours de 6h. En sortant la tête de nos duvets, on profite d'un splendide lever de soleil sur les Alpes françaises et suisses.
Du Massif du Mont Blanc tout à gauche au Massif de la Vanoise tout à droite, les Alpes s'érigent au dessus d'une petite mer de nuages : Mont Blanc, Aiguille Blanche de Peuterey, Dent du Géant, Grandes Jorasses, Roc d'Arguille, Aiguilles de l'Argentière, Grands Combins, Dent Blanche, Cervin, Mont Pourri, Grande Casse et Pointe Matthew sont quelques sommets qui se dressent vers le Nord-Est.
Les Ecrins s'étalent de la Meije à la Roche de la Muzelle au Sud-Est.
Dans la continuité de la Croix de Chamrousse, l'ombre du géant de Belledonne s'étale jusqu'au delà de la barrière orientale du Vercors. Sur la gauche, alors que la Croix de Belledonne brille, on devine au loin le Grand et Petit Veymont. Au centre, c'est la Grande Lauzière qui capte les premiers rayons.
Les minutes passent, mais la Grande Lance de Domène garde sa superbe au-dessus de la mer de nuages.
Les vagues tentent une incursion en Vallée d'Eau d'Olle depuis le Pas de la Coche, sans victoire pour le moment.
On profiterait presque de la courbure de la Terre. A l'Ouest, rien ne dépasse.
Au Sud, en plus de la terminaison de la Chaine de Belledonne, de nombreux Massifs sont également de la partie : l'extrémité occidentale des Ecrins avec la Roche de la Muzelle, le Pic de Clapier Peyron, la Pointe de Confolens ou encore le Rochail. S'en suit le Massif du Dévoluy avec la Montagne de Faraut et l'immense plateau de Bure. On poursuit avec le Massif du Taillefer dont on observe le Grand Armet, la Pyramide, le Grand Taillefer, le Rocher Culasson, le Grand Galbert et le Tabor. Puis on finit avec l'ilot lointain du point culminant du Vercors : le Grand Veymont.
En zoomant davantage, le géant du Dévoluy apparait derrière la Pyramide : l'Obiou 2789m.
Croix de Belledonne et Grand Veymont / Rocher de l'Homme et infinité.
On ne savait plus trop où donner de la tête : au Sud, au Nord, à l'Est et à l'Ouest, tout était magnifique. On se laisse emporter au gré des changements de luminosité et on regarde quelques instants le soleil s'élever dans le ciel pendant le petit déjeuner. On lui laisse également le temps de réchauffer la roche des trois pics de Belledonne. Puis, sur les coups des 7h, alors que la totalité du massif baigne sous les rayons d'un soleil estival, on s'apprête à entamer la traversée.
Bien que l'ascension du Grand Pic de Belledonne soit cotée F (Facile), la traversée des trois pics de Belledonne est quant à elle cotée AD+ (Assez Difficile) avec des pas de 4c au maximum. Bien que le 4c ne soit pas bien compliqué à passer, l'environnement vertigineux des lieux peut rajouter de l'appréhension voire de la difficulté. Plus qu'à voir sur le terrain ce que cela donne.
La première étape de la traversée des trois pics est un plongeon à la verticale dans la face Sud du Grand Pic de Belledonne. L'objectif est de rejoindre la Brèche Reynier séparant le Grand Pic du Pic Central. On se met alors à tenter de repérer le début de la voie sur la face Sud de la montagne.
Après une vingtaine de mètres de désescalade, on atteint le début d'un canyon. Depuis ce dernier, on enchaine sur une petite centaine de mètre de rappel divisée en quatre relais.
Les rappels nous amènent quelques mètres en contrebas de la brèche. On remonte jusqu'à celle-ci en suivant quelques gradins herbeux et rocheux. Depuis la brèche, on se retrouve sur le fil : d'un côté le versant Allemond, de l'autre le versant Freydane.
La descente du Grand Pic ne présente pas de difficulté particulière. Cependant, à partir de la brèche, les choses se corsent. Il faut contourner deux gendarmes présents sur l'arête Nord du Pic Central de Belledonne. Le premier se contournera par une vire en versant Freydane alors que le second se fera par un virage côté Allemond. Dans les deux cas, les passages sont vertigineux : poussée d'adrénaline garantie !
La voie historique de la traversée des trois pics ne passait pas aux abords des gendarmes. Elle continuait sa descente avec deux rappels supplémentaires sous le Grand Pic de Belledonne, sur son versant Allemond. D'énormes câbles en piteux état son encore visibles durant la traversée. Ceux ci remontent jusqu'à une brèche séparant le Pic Central du second gendarme.
L'ascension de la Brèche Reynier.
Les Gendarmes du Pic Central. On devine leur ombre sur les névés de Freydane en plus de l'ombre des trois pics.
Alors que le contournement du premier gendarme est techniquement simple avec seulement une vire assez vertigineuse en surplomb du Glacier de Freydane, les pas d'escalade deviennent plus ardus pour le second. De quoi instiller le doute sur la suite de la traversée. Mais il n'y a pas d'échappatoire : à droite le vide, à gauche encore du vide. C'est tout droit ou rien. On tâte chaque rocher avec nos mains et nos pieds, on prend notre temps à chaque poussée puis, bon an, mal an, on s'extirpe petit à petit. Malgré la finesse de l'arête, la plupart des blocs de gneiss semblent bien ancrés.
Tout près de la pointe du Pic Central. La brume semble se stabiliser en aval du Lac Blanc. Les 2000 de la Chartreuse restent incapables de percer cette chape d'humidité.
Avant d'atteindre le Pic Central de Belledonne, on doit effectuer l'ultime rappel de la traversée. Un petit plongeon d'une quinzaine de mètres pour reprendre pied sur des ressauts rocheux nous conduisant à la cime du second pic de la traversée. Depuis le sommet du Pic Central de Belledonne, on semble tout proche de son grand frère, que nous avons quitté quelques heures plus tôt.
La traversée entre le Grand Pic et le Pic Central correspond à la partie la plus compliquée de l'enchainement d'arêtes. Nous avons mis près de 5h à relier les deux cimes : la concentration, la mise en place du matériel, l'assurage, le rythme de cordée à trois, tout ceci mis à la suite rallonge le temps de traversée malgré une faible distance parcourue.
Depuis le Pic Central de Belledonne 2945m, sa voisine est presque à portée de main.
Pour relier la Croix de Belledonne, il nous faut désescalader palier par palier jusqu'à la Brèche Duhamel qui marque l'intermédiaire entre les deux sommets. De la brèche, il ne nous reste plus qu'à gravir une dernière arête, celle de la Croix, avec de bonnes prises. A 13h45 nous atteignons enfin la Croix de Belledonne 2926m.
Il nous aura fallu environ 7h pour relier les trois pics de Belledonne. Malgré les doutes et le stress à différents passages de cette course, une certaine fierté nous emplit une fois la traversée accomplie.
Quelques cumulus orographiques finissent par caresser la face Est des trois pics.
Bien que la traversée prenne fin à la Croix de Belledonne, la randonnée, elle, est loin d'être terminée. On enlève tout notre barda d'alpiniste puis démarrer la longue descente jusqu'au parking de la Souille. Même à 2900m, la chaleur est intense en cette mi-journée. C'est parti pour griller sur les névés.
Entre Taillefer et Pic du Grand Doménon.
Au niveau du Col des Rochers Rouges, on commence à apercevoir les deux Lacs des Doménons encerclés de leurs sommets : le Pic du Grand Doménon 2802m, la Grande Lauzière 2741m, le Grand Colon 2394m et la Grande Lance de Domène 2790m.
Depuis le sommet de la Croix de Belledonne, on emprunte la voie normale qui vient du Col de la Pra. Le sentier est majoritairement enneigé ce qui facilite notre progression en direction du Col de Freydane.
Au niveau du Névé de la Grande Pente - un pierrier la plupart du temps enneigé toute l'année - on décide de partir en traversée vers le Col de Freydane. Cela nous éviterait une descente dans le vallon des Doménons pour ensuite grimper de nouveau vers le col. Face à la présence d'importants névés, on ressort les piolets pour les quelques centaines de mètres en dévers. La neige est loin d'être dure mais le piolet peut limiter la glissage en cas de chute.
Quelques icebergs subsistent sur le Lac du Grand Doménon. Au loin, on aperçoit enfin les Préalpes avec le Massif du Vercors.
Rapidement, on arrive jusqu'au Col de Freydane 2645m coincé entre les Rochers Rouges et le Pic Moutet. De là, on profite d'une ample vue sur notre accomplissement. On observe quelques minutes le trio de roche que nous venons de traverser avant de s'en rapprocher davantage en glissant sur les névés entourant et cachant le moribond Glacier de Freydane.
On dégringole en quelques minutes jusqu'au front glaciaire où un lac de fonte prend place chaque été. On retrouve des sources par la même occasion. L'eau peut vite devenir problématique sur une telle traversée. Nous n'avions plus trouvé d'eau depuis le Col de la Balmette, mis à part un léger filet d'eau s'échappant d'un névé agonisant durant la montée au Grand Pic de Belledonne.
On retrouve le Lac Blanc mais aussi les nuages en arrivant près de ses rives. La nébulosité tente de recouvrir le bassin du lac à plusieurs reprises rafraichissant l'atmosphère qui devient de plus en plus lourde au fur et à mesure de notre descension.
Derniers instants au paradis belledonnien.
Les farines glaciaires de Freydane donnent cette couleur resplendissante au Lac Blanc. Ce bleu laiteux, presque turquoise, est particulièrement visible une fois la fonte des glaces terminée. Au fil de l'été, les eaux du Lac Blanc se métamorphoseront en passant d'un bleu éclatant au vert grisâtre avant de retrouver sa parure de blanc aux premières offensives de l'hiver. Ses couleurs en font l'un des plus beaux lacs de l'Isère, voire des Alpes françaises.
En tournant le dos aux Trois Pics de Belledonne et au Lac Blanc, on retrouve la fraicheur et l'humidité du Cirque des Cascades de Boulon. On profite de ces derniers instants de douceur avant de plonger dans la fournaise des vallées.
En trois petites heures nous clôturons notre expédition en Belledonne. Les yeux sont fatigués, les jambes et les pieds sont échauffés mais l'esprit est ravi de cette traversée. En tant que fervents Grenoblois, on peut enfin de targuer d'avoir gravi le plus haut sommet entourant l'agglomération. Mais aussi d'y avoir dormi à sa cime. Cette ascension et cette traversée aux expériences multiples restera marquante à coup sûr.
ITINÉRAIRE DE LA COURSE :
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